#Médicaments

Enquête LEEM – Ipsos 2015 : confiance globale dans le médicament en hausse, mais stagnation pour les génériques et vaccins

Pour la cinquième année consécutive, le Leem (Les Entreprises du Médicament) a réalisé, avec Ipsos, son "Observatoire sociétal du médicament". Ce sondage grand public (1 010 personnes interrogées en mars) montre cette année une remontée de 10 points de la confiance dans le médicament en général, après le creux de 2014 attribué aux diverses "affaires", dont celles touchant en particulier la contraception.
 
Néanmoins, derrière cette hausse globale de confiance, plusieurs disparités sont mises en évidence, sur les génériques, les vaccins, les médicaments d’automédication ou encore l’homéopathie.
 
Par ailleurs, une majorité de Français interrogés s’estime mal informée sur le médicament, en particulier sur les effets secondaires, les nouveaux médicaments et la manière dont les prix des produits de santé sont fixés.
 
Du côté des entreprises du médicament, leur utilité, capacité d’innovation et efficacité sont largement reconnues par les répondants. Par contre, la crédibilité des informations qu’ils fournissent, leur éthique et leur transparence ne convainquent toujours pas une majorité de personnes interrogées.  

 
Sophie Dumery 24 juin 2015 Image d'une montre5 minutes icon Ajouter un commentaire
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La confiance globale dans le médicament est en hausse
Les Français ont un rapport étroit et stable aux médicaments : 52 % d'entre eux en prennent tous les jours ou plusieurs fois par semaine (hors pilule contraceptive). Ils ne sont que 29 % à  en prendre seulement 1 fois tous les 2 ou 3 mois, ou moins souvent, voire jamais (2 %). D'ailleurs, les médicaments des parents et grands-parents sont une préoccupation pour 59 % et 47 % des sondés respectivement.
 
Après une progression de la défiance constatée par ce même Observatoire en 2014 (voir notre article d'avril 2014), l'indice de confiance a repris 10 points en 2015 à 85 %  :
 

Les médicaments prescrits, remboursés et de marque inspirent davantage confiance
Le poids de la prescription se fait toujours sentir : un médicament prescrit est jugé plus fiable (93 %) que sans ordonnance (73 %).
 
Le remboursement est aussi un gage de confiance (92 % contre 75 % pour un médicament non remboursé).
 
Par contre, la confiance envers les génériques (68 %) reste nettement en retrait de la confiance accordée aux médicaments de marque (89 %). Elle est même inférieure à celle accordée à l'homéopathie, qui bénéficie de surcroît depuis plusieurs décennies d'une appréciation particulièrement élevée en France :
 
 Défiance persistante sur les vaccins
L'infographie ci-dessus montre aussi que la confiance envers les vaccins tend à stagner, dans un contexte compliqué : les incitations publiques à la vaccination préventive se multiplient mais, sur le terrain, la médiatisation d'effets indésirables et de ruptures de stock, parfois problématiques, font le lit de la défiance et de la désinformation (notamment sur internet, voir cette mise au point récente du Pr Pierre Bégué, de l'Académie de médecine, suite à une pétition en ligne amalgamant réalités et mythes sur les vaccins).

Par ailleurs, selon une récente enquête de la DREES, environ un quart des médecins émettent des doutes sur l'utilité de certains vaccins (voir notre article sur cette enquête).
 
Lors de la présentation de ces résultats, le LEEM a rappelé que les vaccins pesaient 20,3 milliards d'euros en 2012, et représenteront un chiffre d'affaires estimé à plus du double en 2016, soit 42,3 milliards d'euros. La part de la R&D y est supérieure à 20 % : c'est un investissement considérable qui, d'après Serge Montero (vice-président France de Sanofi Pasteur MSD, président du Comité vaccin du LEEM), "fragilise les fabricants de vaccins : il n'est donc pas du tout dans l'intérêt des dirigeants de commettre des erreurs d'appréciation quant à la qualité des produits et leur sécurité".
 
L'information sur les médicaments, vaste défi qui n'est pas encore suffisamment relevé
"Les Français ne se considèrent jamais comme suffisamment informés", résume Brice Teinturier (Ipsos) devant les résultats montrant des lacunes à combler sur l'information sur le médicament.
 
De fait, les sondés de 2015 ne sont que 39 % à se dire bien informés sur l'efficacité des médicaments, 38 % sur leurs effets secondaires (chiffre en baisse de 7 % par rapport à 2013), 30 % sur leur sécurité et 28 % sur le rapport bénéfice/risque.
 
Les professionnels de santé, première source de confiance sur l'information sur les médicaments. Les médias et les politiques ferment la marche…
La première place du médecin traitant pour informer les patients sur leurs traitements est une constante de l'Observatoire : 95 % de confiance, devant les infirmiers (91 %), les pharmaciens et les chercheurs (90 %). Juste derrière, 87 % des répondants disent faire confiance aux notices, soit un peu plus qu'à leur entourage (71%).
 
La confiance des répondants est, par contre, plus modérée envers les autorités de santé (54 %) et les laboratoires (49 %). Afin de tenter de renforcer la confiance envers ces derniers, Patrick Errard, président du Leem, insiste sur le nécessaire retour aux fondamentaux de la proximité qui fonde la confiance : déjargonner, présenter un visage humain, médicaliser l'approche, s'engager socialement, participer aux transformations du système de soins et ses nouveaux modèles. Cela passe par le "juste usage" du médicament et la lutte contre la iatrogénie, sans déni des effets indésirables ni des risques. 
 
Les répondants font nettement moins confiance aux médias en général pour les informer sur les médicaments, en particulier la radio, la télévision et internet. Et encore moins aux responsables politiques :
 
 
 
Les laboratoires pharmaceutiques : une image contrastée
Les entreprises du médicament bénéficient d'une confiance globale de 61 % des répondants, en hausse de 6 points par rapport à 2014. Elles sont jugées utiles, à la pointe du progrès et efficaces par 8 à 9 répondants sur 10.
 
Par contre, une majorité des personnes interrogées les jugent opaques, "plutôt pas" ou "pas" éthiques, respectueuses de l'environnement, honnêtes ou transparentes (l'infographie ci-dessous comporte 2 colonnes car la moitié de l'échantillon a répondu à cette question pour le terme "entreprises du médicament" et l'autre moitié pour le terme "laboratoires pharmaceutiques").:  
 

Même si ces perceptions négatives sont un peu moins fortes qu'en 2014, elles restent préoccupantes pour une profession clef de la médecine, à une époque où les travers et dérives sont certes beaucoup plus médiatisés que les apports et avancées. Comme l'a résumé Patrick Errard, cela souligne "un besoin de clarté, mais aussi d'engagement" de l'industrie pharmaceutique en faveur du bon usage des médicaments, besoins auquel l'industrie espère répondre avec des initiatives comme celles engagées depuis avril 2015 contre la iatrogénie médicamenteuse chez les personnes âgées, ou encore le livre "100 questions" sur le médicament, mis en ligne fin 2014.
 
Pour en savoir plus :
Médicament : rebond du niveau de confiance des Français à 85 %, LEEM, 11 juin 2015
L'Observatoire sociétal du médicament 2015, fichier LEEM - IPSOS dont sont extraites les infographies incluses dans cet articfe
100 Questions, Les Français et leurs médicaments, LEEM, novembre 2014
Le guide du bon usage du médicament, LEEM, avril 2015
 
Sur VIDAL.fr :
Iatrogénie médicamenteuse chez les personnes âgées : enquête, campagne de sensibilisation et actions annoncées du Leem (avril 2015)
Comment les médecins généralistes perçoivent-ils les vaccinations ? Résultats d'une enquête de la DREES (avril 2015)
Enquête IPSOS - LEEM : les Français interrogés de plus en plus préoccupés par la sécurité des médicaments (avril 2014)
Bon usage des médicaments : résumé des recommandations du rapport remis à Marisol Touraine (septembre 2013)
Enquête IPSOS - LEEM : 46% des Français cherchent sur internet des informations sur leurs médicaments (mars 2013)
Sources

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