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Virus de la maladie d'Ebola : précisions sur les risques liés aux animaux domestiques

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Saisie le 24 octobre 2014 par la Direction générale de l'alimentation pour la réalisation d'une expertise sur le rôle potentiel des animaux domestiques dans la transmission du virus de la maladie d'Ebola, l'Agence nationale de sécurité sanitaire de l'alimentation, de l'environnement et du travail (Anses) précise les risques liés aux carnivores domestiques, aux porcs, aux singes exploités à des fins utilitaires, aux rongeurs et aux lagomorphes dans son avis du 30 décembre 2014*.

Deux questions ont été posées aux experts : quel rôle peuvent jouer les carnivores domestiques dans la transmission à l'homme ou à un autre animal du virus de la maladie d'Ebola dans son acception large, incluant l'ensemble des filovirus de fièvre hémorragique, et quelles sont les espèces animales réputées sensibles à ce virus dans son acception large ?

Les conclusions des experts se résument ainsi.

Carnivores domestiques

Réceptivité : la réceptivité des chiens est probable. Ceci est corroboré notamment par la séroprévalence élevée chez les chiens testés par Allela et al. (2005) plus d'un an après la fin de l'épidémie de maladie d'Ebola de 2001-2002 au sein et à proximité du foyer et par les données expérimentales montrant que la glycoprotéine de surface du virus de cette maladie est potentiellement capable de se lier aux cellules mésenchymateuses et endothéliales de diverses espèces animales, dont les cellules de chien (Wool-Lewis et Bates 1998).

Sensibilité : aucun élément disponible ne permet de valider l'hypothèse de la sensibilité des chiens au virus de la maladie d'Ebola. Aucun cas clinique n'a jamais été rapporté chez des chiens dans et autour des foyers de maladie d'Ebola depuis 1976.

Excrétion : aucune donnée n'est directement disponible. La forte séroprévalence observée par Allela et al. pourrait cependant suggérer une transmission intra-espèce chien du virus de la maladie d'Ebola, donc une excrétion. Inversement, pour les chiens vivant dans des villages sans cas humain, l'absence de transmission connue chez leurs maîtres plaide plutôt en faveur d'une absence d'excrétion ou d'une excrétion à un seuil insuffisant pour infecter l'homme. Il n'est donc pas possible actuellement de conclure dans un sens ni dans l'autre.

Au sein des foyers épidémiques, le chien pourrait jouer un rôle passif dans la transmission du virus de la maladie d'Ebola en tant que véhicule en déplaçant des morceaux de cadavres d'animaux mais ce rôle ne peut être invoqué en région non infectée.

Les faibles données disponibles à ce jour ne permettent pas de conclure quant à la réalité d'une infection du chien exposé à des sources de virus, ni à un rôle du chien dans la transmission de virus de la maladie d'Ebola à l'homme ou à d'autres espèces animales.

Il n'est cependant pas possible d'exclure dans l'absolu qu'une infection du chien soit possible, ni une excrétion avec possibilité de transmission à l'homme ou d'autres espèces.

L'Anses estime qu'il serait logique d'élaborer des mesures immédiates à préconiser à l'attention des propriétaires contaminés vivant en France (retour d'expatriation, personnel soignant contaminé) au regard d'une possible contamination des chiens à partir de leur propriétaire : pas de contre-indication à une cohabitation et au maintien de contacts étroits si la personne ne présente aucun signe évocateur d'une maladie à virus Ebola ; dès l'apparition des symptômes chez le propriétaire, soustraction du chien de son environnement. Si cette soustraction a été immédiate, il pourra être confié à d'autres personnes dans l'attente de l'évolution de la maladie de son maître, auquel il pourra être rendu dès la disparition de tout risque d'excrétion par ce dernier.

« Si le chien est resté dans l'environnement du maître après les deux premiers jours d'apparition des symptômes, il conviendrait de le mettre en quarantaine dans les meilleurs délais dans une structure contrôlée permettant d'entretenir l'animal de manière sécurisée (prise de distance, vêtements de protection) et devant être décontaminée après usage, respectant les conditions énumérées dans le rapport de l'American Veterinary Medical Association », précise l'Anses.

Elle détaille les mesures immédiates à préconiser à l'attention des autorités de santé pour la gestion du risque dans le cas de chiens contaminés en provenance de pays infectés ou potentiellement contaminés en France par leur propriétaire : anticipation de la survenue de tels cas par l'identification des structures de confinement pour une quarantaine sécurisée où de tels chiens pourraient être transportés ; mise en place de la logistique en vue de la gestion de ces cas en toute sécurité ; mise en place d'études pour l'obtention des connaissances nécessaires à une meilleure appréhension du rôle des chiens dans la transmission du virus de la maladie d'Ebola.

L'Anses propose des mesures à court, moyen et long termes pour la genèse de connaissances : exploitation des données déjà accessibles, études de terrain et de laboratoire.

Porc

Le porc est une espèce réceptive et sensible à l'infection par ce virus. Lorsqu'il est contaminé, il est susceptible de le transmettre à d'autres porcs, à l'homme ou d'autres primates.

Il pourrait être intéressant de réaliser une étude sérologique dans les zones d'épidémie de la maladie pour évaluer le taux de séroprévalence des anticorps anti-Ebola chez les populations de porcs domestiques et les suidés sauvages (notamment potamochères).

L'Anses suggère de proscrire tout contact avec les suidés domestiques et sauvages pour les personnes susceptibles d'excréter le virus de la maladie d'Ebola.

Singes exploités à des fins utilitaires

« Bien qu'il n'ait encore jamais été démontré que les singes capucins utilisés pour aider les tétraplégiques aient été naturellement infectés par le virus de la maladie d'Ebola ou de la maladie de Marburg et compte tenu de l'extrême sensibilité des primates non humains à une infection naturelle ou expérimentale par les Filoviridae, il conviendra de considérer tout primate non humain comme potentiellement très sensible », souligne l'agence.

Il serait logique de veiller à prévenir tout contact entre des singes et une personne potentiellement contaminée/excrétrice d'un virus du genre Ebola ou Marburg.

Rongeurs et lagomorphes

La plupart des études ne corroborent pas l'hypothèse d'une sensibilité naturelle de ces espèces aux virus sauvages. Il a cependant été possible d'infecter plusieurs espèces de rongeurs (cobaye, hamster, souris) après adaptation de souches sauvages.

Il ne semble pas nécessaire d'envisager de recommandations particulières.

* Avis relatif à une demande d'expertise sur le rôle potentiel des animaux domestiques dans la transmission du virus de la maladie d'Ebola du 30 décembre 2014.

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