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Les options de traitement pour certaines des infections d'origine alimentaire les plus fréquentes diminuent à mesure que des types de bactéries (appelés isolats) continuent à présenter une résistance aux antibiotiques. Par exemple, des isolats de Salmonella multirésistants aux médicaments continuent de se répandre dans toute l'Europe. Pour l'espèce Campylobacter, une proportion élevée d'isolats résistants à la ciprofloxacine, un antibiotique couramment utilisé pour traiter les infections humaines, a été signalée dans certains États membres de l'Union européenne.
Fait encourageant, la co-résistance à des antibiotiques d'importance critique pour les deux bactéries demeure faible. Ce sont quelques-unes des conclusions du dernier rapport de synthèse EFSA (Autorité européenne de sécurité des aliments) - ECDC (Centre européen pour la prévention et le contrôle des maladies) de l'Union européenne sur la résistance aux antibiotiques des bactéries zoonotiques et indicatrices chez l'homme, l'animal et dans les aliments, qui analyse des données de 2013.
Un pas en avant contre l'antibiorésistance
Pour la première fois, l'EFSA et l'ECDC ont utilisé des critères similaires pour interpréter les données. « Les résultats relatifs à la résistance antimicrobienne [ou résistance aux antibiotiques] chez l'homme, l'animal et dans les aliments sont désormais plus comparables. Cela représente un pas en avant dans la lutte contre la résistance aux antimicrobiens », a déclaré Marta Hugas, chef faisant fonction du département de l'EFSA en charge de l'évaluation des risques et de l'assistance scientifique, dans un communiqué du 26 février 2015.
« Les niveaux élevés de résistance aux fluoroquinolones [dont fait partie la ciprofloxacine, citée ci-dessus] observés chez des isolats de Campylobacter présents à la fois chez l'homme et les poulets de chair sont préoccupants, étant donné qu'une proportion élevée d'infections humaines à Campylobacter ont pour origine la manipulation, la préparation et la consommation de viande de poulets de chair. Des niveaux de résistance aussi élevés réduisent les options de traitement efficaces pour les infections graves à Campylobacter chez l'homme », souligne Mike Catchpole, scientifique en chef à l'ECDC.
Résistance à plusieurs médicaments dans la viande de poulet, de dinde et de porc
La résistance de Salmonella aux antibiotiques communément utilisés a été fréquemment détectée chez l'homme et l'animal (en particulier chez les poulets de chair et les dindes) et dans les produits dérivés à base de viande. La résistance à plusieurs médicaments était élevée (31,8 % chez l'homme, 56 % chez les poulets de chair, 73 % chez les dindes et 37,9 % chez les porcs d'engraissement) et la propagation persistante de clones particulièrement multirésistants aux antibiotiques, signalée pour des isolats présents à la fois chez l'homme et l'animal (poulets de chair, porcs et bovins) suscite des inquiétudes.
La résistance aux antibiotiques communément utilisés, observée dans des isolats de Campylobacter, a été fréquemment détectée chez l'homme et l'animal (en particulier chez les poulets de chair, les porcs et les bovins). Dans les aliments, la résistance a été détectée dans la viande de poulets de chair.
La résistance à la ciprofloxacine, un antibiotique d'importance critique, était particulièrement élevée chez l'homme (ce qui signifie que les options de traitement pour les infections graves par ces bactéries zoonotiques sont réduites). S'agissant de Campylobacter jejuni, plus de la moitié des isolats présents à la fois chez l'homme et les poulets de chair (respectivement 54,6 % et 54,5 %) étaient également résistants à 35,8 % chez les bovins.
Faible co-résistance de Salmonella
Pour C. coli, les deux tiers des isolats présents chez l'homme et les poulets de chair (respectivement 66,6 % et 68,8 %) étaient résistants, ainsi que 31,1 % des isolats présents chez les porcs.
Les niveaux de co-résistance aux antibiotiques d'importance critique chez Salmonella étaient faibles (0,2 % chez l'homme, 0,3 % chez les poulets de chair, aucun chez les porcs d'engraissement et les dindes). Pour les isolats de Campylobacter, les taux de multirésistance aux médicaments et de co-résistance aux antibiotiques d'importance critique étaient en général signalés comme étant faibles à modérés chez l'animal (respectivement 0,5 % et 1,1 % dans les isolats de C. jejuni de poulets de chair et de bovins, respectivement 12,3 % et 19,5 % dans les isolats de C. coli de poulets de chair et de porcs d'engraissement) et faibles chez l'homme (1,7 % pour C. jejuni et 4,1 % pour C. coli).
Le rapport inclut également des données relatives à la résistance dans des bactéries indicatrices Escherichia coli, des entérocoques indicateurs et dans Staphylococcus aureus résistant à la méthicilline, chez l'animal et dans les aliments.
Source : EFSA (Autorité européenne de sécurité des aliments) - ECDC (Centre européen pour la prévention et le contrôle des maladies).
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