Feuilles de bananier sous la pluie sur les berges de la rivière Oyak, Guyane (illustration).
Les moustiques résistent à l'insecticide habituellement utilisé
Alors que les données épidémiologiques montrent un ralentissement de la circulation virale aux Antilles françaises, l'épidémie de Chikungunya continue de progresser en Guyane, où plus de 1 600 cas étaient dénombrés à la mi-août. La lutte contre cette épidémie passe notamment par l'éradication du moustique vecteur, et la destruction des gîtes larvaires. Cette opération s'avère particulièrement difficile en Guyane, malgré l'utilisation d'insecticide. En outre, la deltaméthrine communément utilisée dans cette région pour tuer les moustiques adultes fait l'objet de résistances, limitant par conséquent son efficacité.
Autorisation du malathion, un choix qui ne fait pas l'unanimité
Face à cette situation sanitaire préoccupante, le gouvernement a décidé d'autoriser l'usage temporaire et contrôlé d'un autre insecticide, le malathion. Cette décision inquiète, notamment, certaines organisations écologistes, le malathion n'étant plus utilisé en Europe depuis 2007 pour lutter contre les moustiques.
Mais cet organophosphoré, utilisé également dans la prise en charge des pédiculoses (poux du cuir chevelu), ne bénéfice pas d'autorisation d'utilisation dans la lutte antivectorielle en Europe "car aucune demande n'a été déposée par les industriels en ce sens", selon les autorités françaises (les moustiques européens sont toujours sensibles à la deltaméthrine).
De plus, "la décision a été prise après examen approfondi de l'impact de ce produit sur la santé des populations locales et sur l'environnement. Cet examen a démontré que le malathion pouvait être utilisé de manière sécurisée et que son impact sur l'environnement était comparable à celui de la deltaméthrine", précisent les ministères de la santé, de l'écologie et des Outre-mer dans un communiqué commun publié le 22 août, soit 2 semaines après la parution de l'arrêté au Journal officiel.
Le malathion est par ailleurs recommandé par l'OMS (Organisation mondiale de la santé) qui classe cette substance comme insecticide de classe III (légèrement dangereux), alors que la deltaméthrine est qualifiée de modérément dangereuse (classe II). En 2009 déjà, le malathion avait été utilisé en Guyane.
Des pulvérisations de malathion pendant 180 jours
L'utilisation du malathion devrait donc débuter en septembre. Suivant l'avis du HCSP (Haut conseil de Santé publique), l'épandage devra obligatoirement être réalisé par voie terrestre à partir de véhicules tractant l'appareil de pulvérisation, ou à pied selon la surface à traiter. En effet, contrairement à l'épandage aérien (réalisé aux Etats-Unis ou au Canada), l'épandage terrestre permet de limiter le risque de contamination des milieux et des personnes.
L'épandage devra être réalisé dans des conditions météorologiques adaptées, notamment aux moments de moindre chaleur. Les mesures d'encadrement prévoient également des zones d'exclusion autour des cours d'eau, des cultures vivrières, des captages d'eau de surface et des ruches, ainsi qu'une information des populations, notamment les habitants des communes ou quartiers concernés par la pulvérisation de malathion.
Enfin, les autorités assurent qu'un suivi de terrain sera réalisé tout au long de l'utilisation du malathion.
Pour aller plus loin :
Lutte contre l'épidémie de Chikungunya en Guyane : le Gouvernement a autorisé temporairement un usage contrôlé de l'insecticide « malathion » - Communiqué, ministère des affaires sociales et de la santé (22 août 2014)
Arrêté du 5 août 2014 autorisant par dérogation la mise à disposition sur le marché et l'utilisation du malathion en Guyane pour une période de 180 jours (Journal officiel du 13 août 2014)
The WHO Recommanded Classification of Pesticides by Hazard (OMS, 2009)
Avis relatif aux conditions d'utilisation et aux mesures de gestion à mettre en place si une dérogation était accordée pour l'emploi du malathion en Guyane pour la lutte anti-vectorielle dans le but de prévenir la propagation de l'épidémie de chikungunya se développant actuellement dans les Antilles (HCSP, 9 mai 2014)
Sur www.vidal.fr :
Chikungunya : modalités pratiques pour tenter d'éviter le risque d'épidémie en France métropolitaine (23 juillet 2014)
Chikungunya : l'épidémie antillaise gagne la métropole (16 juillet 2014)
Chikungunya aux Antilles et en Guyane : une épidémie sans précédent (17 juin 2014)
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