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Etude : plusieurs facteurs psychologiques associés à l'augmentation du risque d'AVC et d'AIT

Depuis plusieurs décennies, une augmentation de la prévalence des maladies et accidents cardiovasculaires est constatée, notamment des accidents vasculaires cérébraux (AVC)  et des accidents ischémiques transitoires (AIT).
 
Mais le vieillissement et les facteurs de risque déjà connus (hypertension, sédentarité, etc.) sont-ils les seuls responsables de cette augmentation des AVC et AIT ? Le stress, la dépression, voire la tendance à l'agressivité influent-ils également sur la survenue de telles lésions ? Oui, selon plusieurs études, dont une publiée le 10 juillet dans le journal Stroke, de l’American Heart Association.
15 juillet 2014 Image d'une montre4 minutes icon Ajouter un commentaire
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Cette étude est la première à montrer une association entre un comportement agressif et un surrisque d'AVC ou d'AIT (illlustration).

Cette étude est la première à montrer une association entre un comportement agressif et un surrisque d'AVC ou d'AIT (illlustration).


Suivi 6 749 patients sans maladie cardio vasculaire pendant 8 ans et demi en moyenne
Une méta analyse (Pan A et coll. JAMA 2011) a récemment montré que les femmes ayant une dépression avaient davantage d'accidents vasculaires que les femmes non déprimées. Est-ce également le cas avec la colère ? Le stress chronique ? L'agressivité ?
 
Afin d'en savoir plus, le Dr Susan A. Everson-Rose et ses collègues, du département de médecine d'épidémiologie et de la santé générale à l'université de Minnesota à Minneapolis ont effectuée, entre juillet 2000 à août 2012, une étude de cohorte : 6 749 patients de 45 à 84 ans (âge moyen de 62,1 ans, 53 % de femmes) ont été sélectionnés, sans antécédent cardiovasculaire, dans 6 centres aux Etats-Unis.
 
Au total, 6 749 patients ont été inclus pour étudier le retentissement de la dépression, du stress et de la colère sur la survenue d'AVC ou d'AIT et parmi ces patients, 6089 ont été inclus pour l'étude de l'agressivité sur le risque d'attaque cérébrale.

A la première visite, l'épaisseur entre l'intima et la média de l'artère carotide (différentes couches constituant les artères) a été mesurée, le dosage des marqueurs de l'inflammation (CRP, fibrinogène et Interleukine 6) a été effectué. On recueillait également les données sur la prise éventuelle d'un traitement anti dépresseur et sur l'existence des facteurs de risque d'AVC / AIT habituellement pris en compte (tension artérielle systolique au repos, degré possible d'intoxication alcoolo-tabagique, indice de masse corporelle, activité physique, triglycérides, HDL cholestérol, glycémie, prise éventuelle d'un traitement anti hypertenseur).
 
Des questionnaires standards ont ensuite permis d'évaluer régulièrement, à chaque visite, le stress chronique, les symptômes dépressifs, la colère et l'agressivité et de les corréler à la clinique et aux données des facteurs de risque afin de limiter l'influence des covariables (âge, sexe, ethnie et éducation).
 
Le critère d'évaluation primaire était l'apparition clinique d'un AVC ou d'un AIT lors d'un suivi médian de 8 ans et demi.
 
Le stress chronique, la dépression, et l'agressivité associés à davantage d'AVC et d'AIT
Au total, 195 événements ont eu lieu parmi les 6 749 patients dépressifs, souffrant de stress ou de colère (147 AVC dont 82,3 % d'origine ischémiques et 14,3 % hémorragiques, ainsi que 3,4 % non spécifiés et 48 AIT). Parmi les 6089 patients "avec personnalité agressive",  137 événements à type d'AVC ou d'AIT sont survenus.
 
Cela correspond à un surrisque de + 86 % en cas de dépression (OR = 1,86, IC = 1,16-2.96, p < 0.02), de + 59 % en cas de stress chronique (IC = 1,11-2,27, p < 0.01) et de + 122 % en cas d'attitude agressive (IC = 1,29-3,81, p < 0.006), après ajustement sur l'âge, le sexe et l'éducation.
 
Cette tendance au surrisque en cas de problèmes psychologiques identifiés persiste après ajustement sur les facteurs de risque cardiovasculaire (dépression : + 73%, IC = 1,08-2,77, p = 0.03,  stress : + 48%, IC =  1,03-2,13, p = 0.03, agressivité : +100%, IC = 1,15-3,47 p = 0.02).
 
Par contre, la tendance marquée à la colère n'est pas significativement associée de la survenue d'un évènement vasculaire.
 

Mieux prendre en compte le mode de vie, la personnalité dans l'évaluation du risque d'AVC / AIT ?
Plusieurs limites viennent ponctuer cette étude, comme le peu d'événements constatés (195), ce qui n'est néanmoins pas surprenant vu que l'âge moyen n'était que de 62 ans. De plus, les facteurs psycho-sociaux étaient difficiles à évaluer et la fiabilité des réponses des patients aux questionnaires peut être remise en cause.
 
Le point fort de cette étude réside cependant dans son ajustement sur plusieurs variables, notamment les facteurs de risque cardiovasculaire, ainsi que la définition bien distincte entre AVC et AIT. La compatibilité de ses résultats avec d'autres études antérieures, le critère multi ethnique et le nombre important de lieux d'étude la rendent d'autant plus généralisable, soulignent les auteurs, que c'est la première étude montrant le facteur "agressivité" comme facteur de risque à prendre en compte.
 

Cette étude montre donc une association statistiquement significative entre risque d'AVC/AIT, symptômes dépressifs, stress et agressivité, indépendamment des facteurs de risque connus tels que l'âge ou l'athérosclérose.
 
Mais les mécanismes physiopathologiques sous-tendant éventuellement cette association doivent encore être éclaircis. Les auteurs ont noté que la CRP, le fibrinogène et l'interleukine 6 étaient augmentés et semblaient liés au risque d'AVC, donc cette augmentation pourrait être d'origine inflammatoire, mais cela demande bien entendu confirmation par des études plus poussées.
 
En attendant d'éventuelles confirmations ultérieures, les auteurs estiment que les professionnels de la santé devraient d'ores et déjà prendre davantage en considération le mode de vie, la personnalité et l'état psychologique des patients dans leur gestion de la prévention de la survenue d'accidents vasculaires.
 
En savoir plus :
 Depression and risk of stroke morbidity and mortality: a meta-analysis and systematic review, Pan A, Sun Q, Okereke OI, Rexrode KM, Hu FB.,  JAMA. 2011;306:1241–1249.
Chronic Stress, Depressive Symptoms, Anger, Hostility, and Risk of Stroke and Transient Ischemic Attack in the Multi-Ethnic Study of Atherosclerosis, Susan A. Everson-Rose, Stroke, 10 juillet 2014.
 
Sur VIDAL.fr :
VIDAL Reco Infarctus Cérébral (AVC)
VIDAL Reco Accident Ischémique Transitoire

 
Sources

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