
De plus en plus de patients parlent avec leur médecin des informations et conseils trouvés sur le web santé.
VIDAL : Que pensez-vous de l'utilisation du web santé par les patients ?
Dr Claude Leicher : D'une manière générale, je trouve que c'est une très bonne chose. Les patients sont beaucoup plus et beaucoup mieux informés. Par contre, certains sont mal informés. Mais la quasi-totalité des patients qui vont s'informer sur internet [nous en parlent] … Il y a une étude récente qui a montré qu'une fois qu'ils avaient été chercher de l'information, ils viennent nous voir avec, en nous disant : "j'ai lu ça, ça et ça, je ne sais plus très bien où j'en suis ; je suis inquiet parce que j'ai lu ; est-ce que vous pouvez me décrypter, m'expliquer ces informations ?". Donc cela valorise beaucoup plus le rôle du médecin, à condition que le médecin accepte de dire à un moment donné : "je ne peux pas répondre à cette question, parce que je ne sais pas tout".
VIDAL : Est-ce que dire "je ne sais pas tout" altère la confiance des patients ?
Dr Claude Leicher : A partir du moment où le médecin accepte de dire à son patient "je ne sais pas tout", à ce moment-là il y a une relation de confiance qui s'établit, contrairement à ce que croient les médecins qui sont mal à l'aise avec ça. Les médecins qui sont mal à l'aise avec ça ont l'impression que l'on remet en cause une espèce de statut social, de position sociale.
Je voudrais rassurer ces médecins, je voudrais leur dire que c'est exactement l'inverse : un médecin qui ne sait pas n'est pas un ignorant. Il y a des patients qui ont des pathologies très spécifiques et qui ont une très bonne connaissance de leur pathologie. Ils connaissent mieux que moi tel et tel syndrome, mais ils viennent me voir quand même en me disant : "voilà, je sais que je suis atteint par telle maladie et qu'il faut que je fasse ça, maintenant il y a telle et telle information dont je voudrais parler avec vous". Le médecin va dire "Sur ce sujet là, nous allons regarder ensemble ce que vous avez lu, parce que je ne connais pas cette information". Le médecin peut alors, avec sa culture, décrypter et réexpliquer l'information au patient. Donc c'est plutôt valorisant pour le médecin de se dire : j'ai un patient mieux informé, qui me demande des choses plus pointues, donc je deviens plus pointu à mon tour.
Dr Claude Leicher : D'une manière générale, je trouve que c'est une très bonne chose. Les patients sont beaucoup plus et beaucoup mieux informés. Par contre, certains sont mal informés. Mais la quasi-totalité des patients qui vont s'informer sur internet [nous en parlent] … Il y a une étude récente qui a montré qu'une fois qu'ils avaient été chercher de l'information, ils viennent nous voir avec, en nous disant : "j'ai lu ça, ça et ça, je ne sais plus très bien où j'en suis ; je suis inquiet parce que j'ai lu ; est-ce que vous pouvez me décrypter, m'expliquer ces informations ?". Donc cela valorise beaucoup plus le rôle du médecin, à condition que le médecin accepte de dire à un moment donné : "je ne peux pas répondre à cette question, parce que je ne sais pas tout".
VIDAL : Est-ce que dire "je ne sais pas tout" altère la confiance des patients ?
Dr Claude Leicher : A partir du moment où le médecin accepte de dire à son patient "je ne sais pas tout", à ce moment-là il y a une relation de confiance qui s'établit, contrairement à ce que croient les médecins qui sont mal à l'aise avec ça. Les médecins qui sont mal à l'aise avec ça ont l'impression que l'on remet en cause une espèce de statut social, de position sociale.
Je voudrais rassurer ces médecins, je voudrais leur dire que c'est exactement l'inverse : un médecin qui ne sait pas n'est pas un ignorant. Il y a des patients qui ont des pathologies très spécifiques et qui ont une très bonne connaissance de leur pathologie. Ils connaissent mieux que moi tel et tel syndrome, mais ils viennent me voir quand même en me disant : "voilà, je sais que je suis atteint par telle maladie et qu'il faut que je fasse ça, maintenant il y a telle et telle information dont je voudrais parler avec vous". Le médecin va dire "Sur ce sujet là, nous allons regarder ensemble ce que vous avez lu, parce que je ne connais pas cette information". Le médecin peut alors, avec sa culture, décrypter et réexpliquer l'information au patient. Donc c'est plutôt valorisant pour le médecin de se dire : j'ai un patient mieux informé, qui me demande des choses plus pointues, donc je deviens plus pointu à mon tour.
VIDAL : Que faire face à un patient qui demande des justifications ou cherche à "coincer" son médecin ?
Dr Claude Leicher : Tout le monde se trompe en médecine, les généralistes se trompent de temps en temps, ils doivent le reconnaître, le dire au patient : "je me suis trompé, mais voilà comment nous allons faire maintenant". Le médecin généraliste n'est pas un tout-puissant, un tout-sachant. Si on l'accepte, la pression descend dans notre tête, on se trouve beaucoup mieux avec nos patients. Certes, il y a quelques patients qui cherchent à nous "coincer"… Il faut leur dire "écoutez, vous cherchez à me coincer, d'ailleurs vous pouvez me coincer : le domaine de la santé est tellement vaste que vous y arriverez toujours… mais moi aussi je peux vous coincer sur des sujets que vous pensez connaître, et que je connais mieux que vous".
VIDAL : A quel point ce partage des informations modifie-t-il la relation médecin-patient ?
Dr Claude Leicher : Aujourd'hui nous sommes dans un système qui se co-construit à égalité avec les médecins et les patients. Ce n'est plus le professionnel qui est, entre guillemets, celui qui sait, qui regarde vers le bas et déverse son savoir : c'est l'un avec l'autre. Le patient et le médecin regardent dans la même direction, qui est celle du maintien ou de l'amélioration de la santé du patient. Et quand les patients comprennent que c'est notre objectif, à nous médecins, de maintenir et d'améliorer leur santé, leur autonomie, leur capacité à gérer leur vie, il y a une confiance extrêmement forte qui s'établit : ce n'est pas pour rien que 99 % des médecins traitants sont des médecins généralistes.
Donc nous ne sommes pas dans cette relation hiérarchique, cette relation de pouvoir. Nous sommes plutôt dans une relation d'empathie professionnelle, et le patient est aussi dans une relation d'empathie vis-à-vis de nous : il comprend que nous ne savons pas tout, que nous ne savons pas tout faire et que c'est un métier difficile.
Propos recueillis le 23 janvier 2014 par Jean-Philippe Rivière au siège de MG France
* Le Dr Claude Leicher déclare n'avoir ni lien ni conflit d'intérêt
Sources
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