
Santé publique
VIDAL : Que pensez-vous de la réforme des retraites votée par le gouvernement ?
Dr Michel Chassang : Il y a une réforme des retraites. Chacun voit dans quelle direction elle va : elle se résume à une augmentation des cotisations, de la durée de cotisation et à la prise en compte de la pénibilité. Chacun peut imaginer ce que cela peut donner : en tout état de cause, nous médecins, qui sommes aussi employeurs, savons que cela va complexifier les relations dans les cabinets médicaux.
VIDAL : Que pensez-vous de la possible modification de la désignation du directeur de la CNAVPL ?
Dr Michel Chassang : Nous avons vu apparaître un article, l'article 32, qui modifie la gouvernance de la Caisse nationale d'assurance vieillesse des professions libérales (CNAVPL). Cette modification de gouvernance va dans le mauvais sens, constitue une étatisation en bonne et due forme, non seulement de la CNAPL, mais également, par voie de conséquences, des régimes complémentaires. Tout cela par convention d'objectifs et de gestion entre la Caisse nationale et l'Etat, et entre chacune des caisses complémentaires de chacune des professions avec la caisse nationale.
Ajoutez à cela la désignation du directeur de la CNAVPL par la ministre, par voie de décret (NDLR : depuis cette interview, les conditions de désignation ont été légèrement modifiées, mais c'est toujours le ministre qui pilote la désignation : "Le directeur est nommé par décret, pour une durée de cinq ans renouvelable, sur proposition du conseil d'administration, à partir d'une liste de trois noms établie par le ministre chargé de la sécurité sociale"), et vous avez une étatisation du système de santé.
VIDAL : Quels seraient les risques d'une telle "étatisation" ?
Dr Michel Chassang : Pourquoi ne pas imaginer que l'Etat puisse lorgner sur les réserves de la CARMF (21 milliards d'euros), présents aujourd'hui dans les régimes complémentaires et que nous avons patiemment économisé ? Ils nous serviront pour faire face au départ à la retraite des médecins nés au moment du baby-boom. Nous avons besoin de ces réserves pour pouvoir assumer ces départs.
Donc nous demandons au gouvernement de bien comprendre qu'il y a peut-être une modification de la gouvernance à mettre en œuvre, des améliorations à apporter… Mais, de grâce, nous ne voulons pas entendre parler d'étatisation de notre système de retraites.
Propos recueillis le 19 novembre 2013 par Jean-Philippe Rivière au siège de la CSMF
Sources
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