Mise à jour : 24 juin 2021
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La fièvre du Nil, ou fièvre du Nil occidental, ou fièvre à virus West Nile, est une infection virale transmise par les moustiques à partir d’un réservoir constitué par certaines espèces d’oiseaux. Depuis l’année 2000, cette infection est de plus en plus fréquemment observée dans les régions méditerranéennes, avec de fortes variations de fréquence selon les années. Elle reste cependant rare en France (moins de 30 cas humains par an).

Où attrape-t-on la fièvre du Nil ?

moustique

La fièvre du Nil est très largement répandue : Afrique centrale et de l’est, Moyen-Orient, Asie, Europe de l’Est, Balkans, Europe méditerranéenne (Grèce, Italie, Sud de la France). Depuis 1999, le virus West Nile se propage de manière rapide sur le continent nord-américain, d'est en ouest.

Le virus West Nile est transmis par des moustiques. En France métropolitaine, il s’agit essentiellement de Culex pipiens (présent dans toutes sortes de milieu, dont les villes) et de Culex modestus (cantonné aux zones humides), deux espèces actives entre début juin et fin octobre dans les départements méditerranéens.

Certaines espèces d’oiseaux sont le réservoir du virus (passereaux, rapaces, oiseaux aquatiques par exemple). Les mammifères peuvent être infectés, en particulier l’homme et le cheval, mais ils représentent un cul-de-sac épidémiologique (la quantité de virus dans le sang étant trop faible pour infecter les moustiques). D’autres espèces d’oiseaux comme, par exemple, les poules ou les perroquets sont également des culs-de-sac épidémiologiques.

La fièvre du Nil est-elle fréquente en France ?

En France, la première apparition du virus West Nile date du début des années 1960 avec l’identification qu’une cinquantaine de cas équins et 13 cas humains en 1962-63. Ensuite, aucun cas n’a été identifié jusqu’en 2000. Depuis cette date, il sévit chaque été avec une intensité variable, la plupart des cas étant signalés en août et septembre, parfois légèrement plus tôt :

  • 2000 : 76 cas équins en Camargue et quelques cas humains
  • 2001-2002 : faible circulation identifiée chez les oiseaux et les chevaux en Camargue
  • 2003 : 4 cas équins et 7 cas humains dans le Var
  • 2004 : 32 cas équins en Camargue
  • 2006 : 5 cas équins dans les Pyrénées-Orientales
  • 2017 : 1 cas équin et 2 cas humains dans les Alpes-Maritimes
  • 2018 : 13 cas équins et 27 cas humains, avec une circulation virale dans 3 régions pendant 5 mois mais principalement dans les Alpes-Maritimes
  • 2019 : 13 cas équins (principalement dans les Bouches-du-Rhône) et 2 cas humains (Var)

La saison 2018 a été marquée par l’épidémie la plus importante qu’aient connue la France et l’Europe à ce jour : 22 cas dans les Alpes-Maritimes, 1 dans le Vaucluse, 1 à Marseille, 2 cas en Corse du Sud et 1 cas dans les Pyrénées Orientales. Des cas équins ont également été signalés en Haute-Corse.

Les grandes variations du nombre de cas d’une année sur l’autre sont dues à de nombreux facteurs, parmi lesquels l'urbanisation, la variation de l'utilisation des terres, la modification de la biodiversité des oiseaux et le climat.

Quels sont les symptômes de la fièvre du Nil ?

L’infection par le virus du Nil occidental ne produit aucun symptôme chez environ 80 % des personnes infectées. Les patients chez qui des symptômes apparaissent développent un syndrome grippal (fièvre d’apparition brutale, maux de tête, douleurs articulaires et musculaires) qui peut être associé à des rougeurs ou des boutons, voire des maux de ventre et des diarrhées. La période d’incubation dure de 2 à 6 jours mais peut aller jusqu’à 14 jours.

Les formes graves de la maladie, parfois mortelles, surviennent chez moins 1 % des personnes infectées (un cas sur 150), majoritairement les personnes âgées de plus de 55 ans et les personnes immunodéprimées (par une maladie ou un traitement). Il s’agit de formes neurologiques se manifestant par une méningite, une méningo-encéphalite, une paralysie flasque ou un syndrome de Guillain Barré (polyradiculonévrite). Les patients greffés sont particulièrement à risque (75 % de risque de forme neurologique et 25 % de risque de décès contre 2 % chez les autres patients).

La fièvre du Nil se transmet-elle entre personnes ?

La possibilité de transmission interhumaine du virus West Nile est exceptionnelle. Elle a été mise en évidence en 2002, à l’occasion de l’épidémie qui a sévi aux États-Unis cette année-là. Cette transmission est rare et n’est possible que dans certaines circonstances :

  • par le biais de produits sanguins (sang, sérum, plaquettes, etc.) ;
  • par le biais de greffe d’organe (à l’exception de la peau et de la cornée) ;
  • plus rarement, de la mère à l’enfant par le biais de l’allaitement (quelques cas décrits) ou à travers le placenta (1 cas décrit).

Le risque de transmission de ce virus par le biais d’une transfusion sanguine est étroitement lié au risque de prélever un donneur pendant la période où le virus est dans le sang alors que ce donneur ne présente par ailleurs aucun signe clinique d’infection (« donneur asymptomatique virémique »).

Ce mode de transmission justifie une surveillance des produits sanguins et des greffons dans les zones où sévit cette maladie, mais aussi l’exclusion des donneurs potentiellement contaminés au retour de zones où cette infection est présente (voir tableau ci-dessous). En France, le dépistage du virus West Nile dans les produits sanguins est systématique dans les Alpes-Maritimes.

Pays (régions) pour lesquels un ajournement de 28 jours après le retour ou la réalisation d’un dépistage du virus est nécessaire pour les donneurs de sang y ayant séjourné au moins une nuit
  • Autriche (Basse-Autriche, Vienne, Burgenland)
  • Bulgarie
  • Canada
  • Chypre
  • Croatie
  • États-Unis
  • Grèce continentale
  • Hongrie
  • Israël
  • Italie (Lombardie, Vénétie, Emilie-Romagne, Piémont, Frioul-Vénétie julienne, Sardaigne, Ligurie)
  • Kosovo
  • République tchèque
  • Roumanie
  • Russie
  • Serbie
  • Slovénie
  • Territoires palestiniens
  • Tunisie
  • Turquie

Comment soigne-t-on la fièvre du Nil ?

Le traitement de la fièvre du Nil est celui des symptômes, en particulier la fièvre. Les cas graves sont pris en charge en milieu hospitalier, en service de réanimation si besoin. La plupart des malades guérissent spontanément et sans séquelle au bout d'une semaine.

Comment prévenir la fièvre du Nil ?

À l’échelle individuelle, la prévention de la fièvre du Nil repose sur l'application rigoureuse des mesures de protection contre les piqûres de moustiques :

  • port de vêtements adéquats, amples et longs, éventuellement imprégnés de répulsif ;
  • application régulière de répulsif cutané ;
  • vérification de l’étanchéité des portes et fenêtres ;
  • utilisation de moustiquaires, de préférence imprégnées ;
  • limitation des activités en extérieur aux heures où les moustiques sont les plus actifs.

Ces mesures sont particulièrement importantes pour les personnes immunodéprimées qui voyagent dans une zone où sévit cette infection (voir tableau ci-dessus).

Comment surveille-t-on la progression de la fièvre du Nil ?

Cette maladie est surveillée étroitement en France. Chaque année, entre le 1er juin et le 31 octobre en France métropolitaine, une surveillance saisonnière est mise en œuvre dans 10 départements : les Alpes-Maritimes, l’Aude, les Bouches-du-Rhône, l’Hérault, le Gard, les Pyrénées-Orientales, le Vaucluse, le Var, la Haute-Corse et la Corse-du-Sud.

Ce dispositif comprend quatre volets avec une surveillance humaine, vétérinaire, équine et aviaire (oiseaux sauvages).

La surveillance saisonnière humaine cible la détection des formes neurologiques. Dans les 10 départements suivis, est suspect tout patient de 15 ans et plus présentant une fièvre et des symptômes neurologiques évocateurs ayant conduit à la réalisation d’une ponction lombaire. Des analyses de confirmation sont alors systématiquement réalisées, même en absence de circulation documentée du virus.

Le 10 mai 2021, le Décret n° 2021-573 a ajouté la fièvre du Nil à la liste des maladies fixée à l'article D. 3113-6 du Code de la santé publique, dont le signalement et la transmission de données individuelles à l'autorité sanitaire sont obligatoires en application de l'article L. 3113-1 du même Code (liste des maladies dites « à déclaration obligatoire »). Malgré la rareté de cette infection, cette déclaration obligatoire vise à protéger les personnes à risque de formes graves (personnes âgées, immunodéprimées ou greffées).

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