Mise à jour : 06 décembre 2017
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Depuis des années, les affaires de dopage défrayent la chronique du sport. Joueuse de tennis russe, Tour de France, championnats du monde d'athlétisme, les scandales se succèdent, rythmés par les déclarations toujours plus fermes des autorités mondiales du sport. Le problème du dopage dépasse pourtant le monde du sport de haut niveau et touche également nombre de sportifs amateurs. Pourquoi en arrive-t-on à vouloir améliorer artificiellement ses performances ?

La conduite dopante, antichambre du dopage

produits de dopage

Dans le domaine général, la conduite dopante se définit par la consommation de produits en vue d’affronter un obstacle, qu’il soit réel ou ressenti. Elle ne se limite pas à la pratique sportive : la prise de produits avant un examen, une présentation devant un public, un entretien d’embauche ou une déclaration amoureuse, relève du même principe. Chez les sportifs, la conduite dopante commence par l’utilisation de substances autorisées : vitamines, caféine, bicarbonate de soude, médicaments homéopathiques ou de phytothérapie, etc.

La prise de ces produits relève de la volonté d’obtenir des résultats plus rapidement et relève donc d’une certaine forme de tricherie. Elle peut déboucher sur la prise de produits autorisés plus spécifiques à l’usage sportif (par exemple des suppléments diététiques), dont l’offre a explosé depuis l’avènement d’internet.

Le dopage, quant à lui, se définit par l’usage de substances ou de procédés interdits. Ses objectifs sont l’amélioration de l’entraînement et des performances. Le dopage n’est pas seulement une tricherie. Il constitue un risque majeur pour la santé des personnes qui s’y livrent, pour la santé publique et pour l’image du sport.

Qui se dope ?

Le dopage est un phénomène qui ne se limite pas aux sportifs professionnels. On estime que 5 à 15 % des sportifs amateurs adultes utilisent des produits pour améliorer leurs performances (essentiellement des stimulants, des dérivés du cannabis, des glucocorticoïdes, et des stéroïdes anabolisants). Il y a quelques années, ce problème touchait plutôt les milieux du culturisme, du cyclisme, de l’athlétisme, du tennis et de certains sports collectifs. Aujourd’hui, il déborde dans de nombreux sports : une enquête européenne conduite récemment estime que 6 % des personnes pratiquant des activités de fitness ont déjà utilisé des produits dopants.

Les personnes qui ont recours au dopage sont plutôt jeunes (entre 14 et 35 ans) et de sexe masculin. Elles sont souvent issues de familles où l’usage de substances agissant sur le psychisme (alcool, tabac, anxiolytiques, somnifères, etc.) est banalisé. Ces personnes souffrent fréquemment d’isolement social. Parmi elles, les adolescents sont de plus en plus concernés : aux États-Unis, on estime que 10 % des garçons de 11 ans ont déjà eu recours aux stéroïdes anabolisants.

Le Code du sportif
Tout sportif, débutant ou champion, s’engage à :
  • se conformer aux règles du jeu ;
  • respecter les décisions de l’arbitre ;
  • respecter adversaires et partenaires ;
  • refuser toute forme de violence et de tricherie ;
  • être maître de soi en toutes circonstances ;
  • être loyal dans le sport et dans la vie ;
  • être exemplaire, généreux et tolérant.

(Source : Association française pour un sport sans violence et pour le fair-play.)

Dopage et toxicomanie

La question est souvent posée : le dopage conduit-il à la toxicomanie, c’est-à-dire à l’usage régulier de drogues illicites ? La réponse est nuancée.

Chez un sportif en pleine carrière, la conduite dopante est très différente de la conduite toxicomane. Contrairement aux toxicomanes, les sportifs manifestent peu de dépendance physique aux produits interdits qu’ils consomment, mais plutôt une dépendance psychologique à la performance et au sport en général. De plus, le dopage fait fréquemment appel à l’usage simultané de nombreux produits alors que la toxicomanie ne concerne souvent qu’un ou deux produits.

La situation se complique chez les sportifs en fin de carrière, que l’on retrouve souvent dans les centres médicaux de prise en charge de la toxicomanie. Il semble en effet que les anciens athlètes de haut niveau soient plus vulnérables face aux dérives toxicomanes. L’arrêt d’une carrière sportive laisse souvent les sportifs professionnels face à un monde qu’ils maîtrisent mal. Ils ont passé la majeure partie de leur vie dans un milieu isolé des contraintes de la vie sociale, pris en charge matériellement, vivant en groupe dans des conditions propices au maintien d’une certaine immaturité.

Pour ces raisons, l’arrêt de la compétition (par exemple pour cause de blessures) ou la fin de carrière créent un phénomène de manque physique et affectif qui, associé à un sentiment d’inadaptation, peut dériver vers l’usage de substances stupéfiantes. Si l’athlète a eu la chance de connaître une certaine célébrité, le retour à l’anonymat peut aggraver ce phénomène. Le triste exemple de Marco Pantani, star mondiale du cyclisme, en est une illustration frappante.

Le dopage de demain

Les autorités chargées de contrôler et de sanctionner le dopage se heurtent depuis toujours au même obstacle : les techniques de dopage ont toujours une longueur d’avance sur les méthodes de dépistage validées. Les progrès considérables en matière de synthèse chimique et de génie génétique permettent à des industriels malhonnêtes de proposer régulièrement de nouvelles substances dopantes indétectables par les tests officiels. Demain, nul doute que les progrès en termes de thérapie génique (traitements de maladies par l’administration de gènes modifiés) seront utilisés à des fins de dopage. Des expériences chez les animaux ont déjà ouvert la porte à ce nouveau type d’amélioration artificielle des capacités humaines.

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