Mise à jour : 14 juin 2022
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Le thé, et en particulier le thé vert, est abondamment vanté dans les médias pour une multitude d’éventuels bienfaits. En phytothérapie, le thé est proposé pour lutter contre la fatigue, la diarrhée légère et comme diurétique. Le thé entre également dans la composition de nombreux produits destinés à accompagner un régime amincissant, sans aucune efficacité prouvée à long terme dans cette indication.

Origine et usages du thé

théier

Toutes les variétés de thés sont issues du même arbuste : Camellia sinensis. Les bourgeons et les jeunes feuilles du théier sont récoltés, laissés à l’air quelques heures (étape d’oxydation) et séchés rapidement à la chaleur. La durée de l’oxydation (appelée improprement fermentation) détermine le type de thé produit : un thé vert est oxydé durant quelques heures, un thé oolong un peu plus longtemps et un thé noir toute une nuit, voire plus. Les thés pu-ehr ou tuo-cha sont des thés soumis à une véritable fermentation bactérienne pendant des mois ou des années.

En phytothérapie, le thé est essentiellement proposé pour lutter contre la fatigue et pour perdre du poids. Il est également employé pour soulager les diarrhées légères et comme diurétique. Des études ont été menées pour évaluer sa capacité à protéger des caries dentaires, des maladies cardiovasculaires et des cancers.

Les autres usages traditionnels du thé
Le thé est également proposé dans la prévention de l’ostéoporose, ainsi que dans le traitement local des verrues génitales et des démangeaisons de la peau.

Comment le thé agit-il ?

Tous les thés contiennent de la caféine et des polyphénols (antioxydants de la famille des flavonoïdes). La caféine est une substance de la famille des méthylxanthines présente dans de très nombreuses plantes : café, cacao, kola, guarana, maté, etc. La caféine stimule le système nerveux et accroît ainsi la vigilance et la capacité de concentration mentale. Elle diminue l’appétit, augmente légèrement le métabolisme de base (les dépenses énergétiques du corps au repos) et stimule la production d’urines.

Le thé est riche en polyphénols : catéchines (en particulier, l’épigallocatéchine-3-gallate ou EGCG), théaflavines, théarubigines, etc. Ces substances sont des antioxydants qui peuvent protéger les cellules des agressions chimiques. Sur des cellules en culture, l’EGCG a montré une capacité certaine à inhiber la croissance de plusieurs types de cellules cancéreuses. On pense que cet effet est lié à ses propriétés antioxydantes et à sa capacité à inhiber une enzyme nécessaire à la croissance des cellules cancéreuses, l’urokinase.

L’effet du thé dans la prévention des caries pourrait être lié aux catéchines, mais également à sa richesse en fluor.

Quelques autres plantes utilisées pour lutter contre la fatigue
La phytothérapie traditionnelle utilise également les plantes suivantes contre l’asthénie :
  • Caféier (Coffea arabica)
  • Éleuthérocoque (Eleutherococcus senticosus)
  • Ginseng (Panax ginseng)
  • Guarana (Paulinia cupana)
  • Kolatier (Cola nitida)
  • Maté (Ilex paraguariensis)

Quelle efficacité pour le thé ?

À partir de 60 mg chez un adulte, la prise de caféine s’accompagne d’une stimulation des capacités intellectuelles et de la production d’urines. Les effets de la caféine sur l’appétit et le métabolisme de base sont limités et disparaissent chez les personnes qui en consomment régulièrement. Aucune étude à long terme ne confirme d’effets durables de la caféine ou du thé sur la perte de poids.

Les études portant sur les propriétés préventives du thé dans le cadre des maladies cardiovasculaires ou des cancers ont abouti à des résultats contradictoires. Ce sont essentiellement des études d’observation qui mettent (ou non) en évidence un plus faible risque de développer ces maladies chez les personnes qui consomment spontanément de grandes quantités de thé. Mais l’influence des autres facteurs (alimentation ou vie plus saine en général) n’est quasiment jamais prise en compte. Dans le cadre de la prévention ou du traitement des cancers, aucune étude n’a clairement montré de bénéfice à consommer du thé. Des études sont en cours aux États-Unis pour évaluer son action dans le cadre du cancer de la peau.

Les études menées sur les effets du thé dans la prévention des caries dentaires justifient de mener des études de plus grande envergure pour confirmer les bénéfices observés. Les autres usages proposés pour le thé n’ont pas été scientifiquement évalués.

Ce qu’en pensent les autorités de santé

... le NIH

Les Instituts nationaux de la santé américains considèrent que le seul usage cliniquement confirmé du thé est « le traitement local des verrues génitales ». Un médicament à base d’extraits de thé est désormais autorisé aux États-Unis dans cette indication. Récemment, l’Institut national du cancer américain a publié un avis officiel rappelant l’absence de preuves quant aux effets du thé dans la prévention ou le traitement des cancers.

... l'EFSA

En 2020, l'Agence européenne de sécurité des aliments (EFSA) a interdit aux produits contenant du thé noir de prétendre améliorer l'attention ou contribuer à la capacité des vaisseaux sanguins à se dilater.

Comment utiliser le thé ?

Formes et dosage du thé

Une tasse de thé apporte environ 50 mg de caféine et de 80 à 100 mg de polyphénols. Il est préférable de ne pas prendre de thé dans les heures qui précèdent le coucher. Une manière simple de décaféiner partiellement le thé consiste à jeter l’eau après 30 secondes d’infusion et à ajouter de l’eau bouillante une seconde fois.

Contre-indications du thé

Les personnes qui souffrent de troubles cardiaques, d’insomnie, de troubles anxieux, d’hypertension artérielle, de problèmes d’estomac ou de rein, ou encore d’ostéoporose doivent limiter leur consommation de thé et de caféine. Les personnes diabétiques doivent également éviter de consommer de grandes quantités de thé ou de caféine, car il semble que cette dernière entraîne une augmentation de la glycémie (taux de sucre dans le sang), en particulier en fin de journée.

Effets indésirables et surdosage du thé

L’excès de caféine provoque de nombreux effets indésirables : nervosité, agitation, anxiété, palpitations, insomnie, irritation de l’estomac, diarrhée, etc. L’usage régulier de fortes doses de caféine entraîne un phénomène de dépendance dont le sevrage occasionne maux de tête, somnolence, nervosité, anxiété et irritabilité. Dans les cas extrêmes, un surdosage de caféine peut être à l’origine de troubles musculaires graves (rhabdomyolyse).

Interactions du thé avec d’autres substances

La caféine peut interagir avec de nombreuses autres substances. Les principales interactions de la caféine concernent certains antibiotiques, la théophylline et les produits contenant de l’éphédra.

Certains antibiotiques de la famille des quinolones (ciprofloxacine, énoxacine, norfloxacine) et, dans une moindre mesure, l’alcool, les hormones féminines et les pilules contraceptives ralentissent l’élimination de la caféine et exposent à une augmentation de ses effets indésirables. La théophylline, une substance utilisée contre l’asthme, a les mêmes effets indésirables que la caféine. Leur prise conjointe augmente le risque de palpitations, d’excitation, de tremblements, etc.

Les produits contenant de la caféine ne doivent jamais être pris avec des plantes contenant des substances stimulantes proches des amphétamines, tel que l’éphédra (Ephedra sinica, qui contient de l’éphédrine) ou l’orange amère (Citrus aurantium ou bigaradier, qui contient de la synéphrine), en raison d’une augmentation du risque d’accident vasculaire (infarctus du myocarde). La caféine augmente également l’absorption de l’aspirine et du paracétamol, favorise la dépendance à la nicotine du tabac et peut augmenter l’action des médicaments et des plantes aux propriétés anticoagulantes.

Enfin, la caféine peut diminuer l’efficacité de certains médicaments antiacides (contre les brûlures d’estomac), de l’acide alendronique (une substance utilisée contre l’ostéoporose) et de la clozapine (une substance antipsychotique).

Les tanins contenus dans le thé peuvent diminuer l’absorption du fer par l’intestin. Mieux vaut boire moins de deux litres de thé par jour, loin des repas ou de la prise de suppléments de fer.

Thé, grossesse et allaitement

Les femmes enceintes et celles qui allaitent doivent limiter leur consommation de caféine à moins de 200 mg par jour, car celle-ci passe dans le sang du fœtus et dans le lait. Une consommation supérieure a été associée à une augmentation de la fréquence des fausses couches et de bébés de faible poids à la naissance. De plus, la caféine augmente l’élimination du calcium et du magnésium dans les urines, ce qui peut provoquer des carences.

Le thé chez les enfants

Pour un enfant, la dose maximale quotidienne de caféine acceptable est de 2,5 mg par kilo de poids, soit environ 45 mg par jour entre cinq et six ans, 60 mg par jour entre sept et neuf ans et 85 mg par jour entre dix et douze ans.

L'avis du spécialiste sur le thé

Dans les pays occidentaux, la consommation de thé vert a explosé en quelques années, suite aux nombreuses mises en avant de ses éventuelles propriétés anti-oxydantes par les médias. Malheureusement, les études manquent pour confirmer cette réputation quasi-miraculeuse. En attendant, les vertus relaxantes d'une pause autour d'une tasse de thé restent, elles, bien réelles...

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