Mise à jour : 01 juillet 2022
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Le curcuma est une plante utilisée depuis des siècles en cuisine et en médecine traditionnelle. Il agit essentiellement en favorisant la production de bile par le foie et en stimulant sa sécrétion dans l’intestin. Plus récemment, ses propriétés anti-inflammatoires et anticancéreuses ont fait l’objet d’études scientifiques.

Décision des autorités de santé européennes

En 2018, les autorités de santé européennes (EFSA, European Food Safety Authority et la Commission européenne) se sont prononcées sur certaines allégations santé des compléments alimentaires contenant de la curcumine. Après examen des données scientifiques, elles ont estimé que ces produits ne peuvent PAS prétendre contribuer au fonctionnement normal des articulations.

Ces revendications d’effet sont désormais interdites pour les compléments alimentaires contenant de la curcumine.

Origine et usages du curcuma

curcuma

Le curcuma (Curcuma longa, C. xanthorrhiza) est une plante de la famille du gingembre qui est utilisée depuis des siècles en Asie. Du fait de ses propriétés antioxydantes, il a longtemps été utilisé comme un conservateur alimentaire naturel. La poudre de curcuma est l’ingrédient principal du curry et lui confère son intense couleur jaune.

En phytothérapie, on utilise son rhizome (tige souterraine) qui est découpé en petits fragments, étuvé ou ébouillanté, puis séché avant d'être réduit en poudre. Le curcuma est proposé pour favoriser la production et la sécrétion de bile, en cas de digestion difficile et pour stimuler l'appétit.

Au cours de recherches récentes, il a été proposé pour faire baisser le taux sanguin de cholestérol et comme anti-inflammatoire dans des maladies chroniques comme la polyarthrite rhumatoïde, l'arthrose ou les colites (irritations du gros intestin) inflammatoires.

Les autres usages traditionnels du curcuma
Le curcuma est également proposé contre l’asthme, la toux, l’épilepsie, l’ulcère gastroduodénal, les calculs urinaires et les problèmes de peau. Il est également employé pour soulager les règles douloureuses et stimuler la montée de lait.

Comment le curcuma agit-il ?

Le rhizome de curcuma contient un ensemble de substances, les curcuminoïdes, dont la curcumine est la plus abondante. Chimiquement, ces substances possèdent des propriétés antioxydantes marquées, ainsi que des propriétés anti-inflammatoires. De plus, la curcumine a montré, sur des cultures de cellules, une capacité à bloquer la multiplication de plusieurs types de cellules cancéreuses. Néanmoins, du fait d’une absorption intestinale faible, des concentrations sanguines de curcumine de l’ordre de celles utilisées dans ces études ne peuvent pas être obtenues par voie orale.

Des études ont montré qu’une substance issue du poivre, la pipérine, augmente significativement l’absorption de la curcumine. Mais elle agit en augmentant la perméabilité globale de la paroi de l’intestin ce qui peut être source de problèmes de santé. Plus récemment, de nouvelles formes de curcuma sont apparues, en théorie plus absorbables par l’intestin (nanoparticules, phospholipides). Mais les données cliniques manquent sur leur efficacité et leur éventuelle toxicité.

Quelques autres plantes utilisées pour la vésicule biliaire
La phytothérapie traditionnelle utilise également les plantes suivantes pour les problèmes de vésicule biliaire :

Quelle efficacité pour le curcuma ?

L’efficacité du curcuma sur la production et la sécrétion de bile a été confirmée par plusieurs études chez les animaux, mais jamais formellement chez l’homme. Une étude clinique contrôlée avec un groupe placebo a montré une certaine efficacité du curcuma dans les troubles digestifs mineurs (brûlures d’estomac, ballonnements, flatulences, etc.), mais les études sur les ulcères gastroduodénaux se sont révélées décevantes.

Les propriétés anti-inflammatoires de la curcumine ont fait l’objet de plusieurs études dans le traitement de l’arthrose et de la polyarthrite rhumatoïde. En 2016, une méta-analyse (l’analyse croisée d’études existantes) a conclu qu’il existe des signes encourageants concernant l’effet d’un gramme de curcumine par jour en cas d’arthrose. Néanmoins, les études analysées concernaient de petits nombres de patients et ces signes favorables restent à confirmer par une étude plus vaste.

La curcumine a montré, sur des cultures de cellules, une capacité à bloquer la multiplication de plusieurs types de cellules cancéreuses. Mais aucune étude clinique sérieuse n’a été menée chez l’homme dans cette maladie, de nouveau du fait des problèmes d’absorption. Quelques études ont également cherché à évaluer l’efficacité du curcuma dans la prévention des cancers, en particulier celui du côlon, sans résultat probant.

Ce qu’en pensent les autorités de santé

... l’EMA

L’Agence européenne du médicament considère comme « traditionnel » l’usage du curcuma pour soulager « les digestions difficiles ». Elle recommande une durée maximale du traitement de deux semaines.

... l’OMS

L’Organisation mondiale de la santé reconnaît comme « cliniquement justifié » l’usage du curcuma dans « les digestions difficiles avec hyperacidité et flatulences ». Elle reconnaît comme « traditionnel » son usage dans le traitement « des ulcères gastriques, de l’arthrite, des règles douloureuses ou irrégulières, de la diarrhée et des problèmes de peau ».

... la Commission E

La Commission E du ministère de la Santé allemand reconnaît l’usage du curcuma dans « le traitement des troubles de la digestion ».

... l’ESCOP

La Coordination scientifique européenne en phytothérapie reconnaît l’usage du curcuma dans « le traitement symptomatique des troubles digestifs légers et des problèmes biliaires mineurs ».

Comment utiliser le curcuma ?

Formes et dosage du curcuma

Le curcuma se présente sous forme de poudre de rhizome ou d’extraits standardisés à 95 % de curcumine. Les troubles digestifs sont soulagés par la prise de 0,5 à 1 g de poudre, en infusion dans 150 ml d’eau, de préférence pendant les repas. Les extraits de curcuma se prennent en général à la dose de 200 à 400 mg par jour Selon l'Anses (Agence nationale de sécurité sanitaire de l'alimentation, de l'environnement et du travail), la dose journalière maximale à respecter est de 180 mg de curcumine par jour pour une personne de 60 kg.

Contre-indications du curcuma

Le curcuma est contre-indiqué chez les personnes qui souffrent d’obstruction des voies biliaires (calculs). Celles qui souffrent d’une maladie du foie doivent consulter leur médecin avant de prendre du curcuma. Il est également contre-indiqué chez les personnes qui ont développé des signes d’allergie à cette plante. Le curcuma à dose élevée est déconseillé en cas d’ulcère de l’estomac ou du duodénum, car il risque d’augmenter l’irritation.

Effets indésirables et surdosage du curcuma

Les effets indésirables du curcuma sont une sécheresse de la bouche, des flatulences et des brûlures d’estomac (à des doses élevées). Certaines personnes allergiques peuvent présenter des réactions intenses. Un surdosage se traduit par des nausées et des vomissements.

En 2022, l’Italie a recensé une vingtaine de cas d’hépatite impliquant des compléments alimentaires contenant du curcuma. En France, le dispositif de nutrivigilance de l’Anses a enregistré plus de 100 signalements d’effets indésirables susceptibles d’être liés à la consommation de compléments alimentaires contenant du curcuma ou de la curcumine, dont 15 hépatites.

Dans son expertise, l’Anses a identifié un recours croissant à des formulations de compléments alimentaires qui augmentent l’absorption intestinale de la curcumine et donc ses effets, par exemple en l'associant à d’autres ingrédients, en particulier la pipérine. Même si en apparence elles ne dépassent pas la dose journalière autorisée (180 mg de curcumine par jour pour une personne de 60 kg), ces nouvelles formulations peuvent induire un risque d’effets indésirables pour la santé en augmentant l’absorption de la curcumine dans l’organisme. À ce jour, l’étiquette du complément alimentaire précise rarement s’il s’agit d’une formulation classique ou nouvelle. Le consommateur peut donc consommer à son insu, un produit potentiellement toxique.

Interactions du curcuma avec d’autres substances

Les produits contenant du curcuma pourraient interagir avec les médicaments fluidifiants du sang, en particulier la warfarine (Coumadine), ainsi qu’avec les plantes aux propriétés anticoagulantes (ail, gingembre, ginkgo, ginseng, éleuthérocoque, kava, fève tonka, etc.).

Les produits contenant du curcuma pourraient théoriquement interagir avec les médicaments anti-inflammatoires.

Curcuma, grossesse et allaitement

Selon l’Agence européenne du médicament, il est préférable de ne prendre du curcuma ni pendant la grossesse ni pendant l’allaitement, hors usage alimentaire.

Le curcuma chez les enfants

L’usage du curcuma chez les personnes de moins de dix-huit ans est déconseillé par l’Agence européenne du médicament, hors usage alimentaire.

L'avis du spécialiste sur le curcuma

Le curcuma est l’exemple typique de la faiblesse des études sur l’efficacité des substances d’origine naturelle (donc non brevetables). Plus de 120 études cliniques ont fait l’objet de publications scientifiques, mais aucune n’était suffisamment puissante pour en tirer des conclusions définitives. Néanmoins, les articles scientifiques dithyrambiques ne manquent pas, souvent à l’initiative d’entreprises qui commercialisent le curcuma. Il reste à espérer que les nouvelles formes brevetables de curcumine (par exemple, les nanoparticules) permettront aux entreprises qui les produisent d’investir les fonds nécessaires à de vastes études méthodologiquement irréprochables.

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