Mise à jour : 10 janvier 2022
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De nombreuses familles de médicaments comportent des mises en garde vis-à-vis de la conduite automobile. Cependant, l’importance de ces mises en garde varie selon le type de médicaments concerné.

Au-delà des médicaments détaillés ci-dessous, d’autres médicaments peuvent faire l’objet de mises en garde concernant la conduite automobile (médicaments du sevrage tabagique et de la dépendance à l’alcool ou aux drogues, médicaments des vertiges, médicaments de la maladie d’Alzheimer, médicaments des troubles de la concentration, etc.). Pour cette raison, il est toujours indispensable de vérifier si un pictogramme figure sur l’emballage d’un médicament que l’on va prendre. Si c’est le cas, il est préférable de lire attentivement la notice et de demander conseil à son médecin ou à son pharmacien.

Les risques des médicaments du système nerveux central sur la conduite automobile

Les médicaments du système nerveux central sont souvent susceptibles d'entraîner une baisse de la vigilance et une somnolence, avec un retentissement important en termes de sécurité routière. Une liste des médicaments du système nerveux central nécessitant un pictogramme d'alerte en cas de conduite automobile a été publiée en 2008. Elle a été actualisée en mars 2017, notamment pour intégrer une trentaine de nouvelles substances commercialisées après 2008.

En savoir plus dans les Actualités : Actualisation de la liste des médicaments à risque de somnolence, 03/2017.

Neuroleptiques (antipsychotiques) et conduite automobile

Les médicaments contre les psychoses interfèrent systématiquement avec la capacité à conduire ou à manipuler des machines. Un tiers d’entre eux portent un pictogramme de niveau 3 (les formes administrées par injection) et deux tiers portent un pictogramme de niveau 2 (les formes administrées par la bouche). Les neuroleptiques entraînent de la somnolence et des assoupissements (en particulier en début de traitement), des troubles de la vision (vision floue, troubles de l’accommodation, etc.), des difficultés à évaluer la trajectoire du véhicule et à piloter finement, et parfois des troubles du comportement (agressivité, confusion, etc.).

Anxiolytiques (tranquillisants) et conduite automobile

Les médicaments de l’anxiété représentent systématiquement un danger pour la conduite automobile (en particulier ceux de la famille des benzodiazépines). Les tranquillisants de la famille des benzodiazépines sont donc classés de niveau 3, les tranquillisants contenant de l'hydroxyzine sont de niveau 2 et les autres tranquillisants (buspirone…) de niveau 1. Les anxiolytiques diminuent la capacité à répondre aux situations d’urgence, augmentent le temps de réaction (par exemple pour freiner) et diminuent la coordination des mouvements ainsi que la capacité à évaluer une trajectoire (celle de son véhicule ou d’un autre véhicule). Ces effets dangereux pour la conduite sont fortement augmentés par la consommation d’alcool ou la prise concomitante d’autres médicaments ayant un effet sédatif (antidépresseurs, antalgiques de la famille des opiacés, neuroleptiques, antiépileptiques, etc.).

Hypnotiques (somnifères) et conduite automobile

Les médicaments des troubles du sommeil sont quasiment tous classés de niveau 3 et interdisent la conduite automobile, surtout après la prise ou le lendemain de la prise. En effet, l’influence négative des hypnotiques sur la conduite automobile (somnolence, diminution de la vigilance, mauvaise coordination des mouvements, etc.) peut persister tout au long des 24 heures qui suivent la prise. Ces effets résiduels dépendent de la substance, de la susceptibilité individuelle du patient et de la qualité du sommeil dont il a bénéficié après la prise. Seul le médecin est à même de conseiller son patient sur la possibilité de conduire le lendemain de la prise d’un hypnotique. La mélatonine utilisée dans un médicament et des compléments alimentaires pour améliorer l’endormissement est classée en niveau 1.

Antidépresseurs et conduite automobile

Les médicaments contre la dépression sont tous classés de niveau 2. En effet, ils peuvent être à l’origine de somnolence, de troubles visuels ou de troubles du comportement (agitation, hallucinations, confusion, anxiété, etc.), même si certaines familles d’antidépresseurs semblent moins concernées : inhibiteurs de la recapture de la sérotonine et inhibiteurs de la monoamine oxydase. Les effets dangereux pour la conduite automobile sont particulièrement marqués en début de traitement et la plupart des patients peuvent de nouveau conduire après une ou deux semaines de traitement. Selon les effets du traitement sur le patient, le médecin décidera si celui-ci est à même de reprendre son véhicule.

Antiépileptiques et conduite automobile

Les médicaments contre l’épilepsie sont systématiquement classés de niveau 2 (parfois 3). En effet, ils peuvent provoquer une somnolence, une sensation d’ivresse et un ralentissement des réactions et des mouvements. Parfois, ils sont à l’origine de troubles visuels, de vertiges ou de troubles du comportement. Seules les personnes dont l'épilepsie est efficacement et durablement contrôlée par un traitement peuvent envisager de conduire après plusieurs semaines voire plusieurs mois de traitement. Seul le médecin peut en juger. Toute modification du traitement doit s'accompagner d'un arrêt de la conduite automobile jusqu'à ce que le nouveau traitement soit stabilisé.

Antiparkinsoniens et conduite automobile

Les médicaments contre la maladie de Parkinson sont quasiment tous classés de niveau 2. Ces médicaments peuvent provoquer des endormissements soudains et irrépressibles, parfois sans signes annonciateurs, des hallucinations, de l’agitation, de la confusion mentale, des épisodes de psychose, etc. Ces effets négatifs sur la conduite automobile peuvent venir s’ajouter à ceux liés à la maladie elle-même (troubles de la coordination motrice, par exemple). Lorsqu’un nouveau traitement est prescrit, il est toujours préférable de s’abstenir de conduire jusqu’à stabilisation de ses effets. Ensuite, le médecin évaluera au cas par cas la capacité à conduire.

Anesthésiques et conduite automobile

Les médicaments anesthésiques (locaux ou généraux) sont systématiquement classés de niveau 2 ou 3. Après une anesthésie générale, la conduite automobile est déconseillée au minimum pendant la journée de l’intervention. La récupération des capacités de conduite doit être systématiquement évaluée par un anesthésiste, qui s’aide pour cela d’échelles d’évaluation spécifiques.

Le retentissement des anesthésiques locaux est variable selon leur mode d’administration. L’anesthésie d’une région du corps (par exemple pour une intervention chirurgicale mineure) contre-indique la conduite et nécessite une évaluation de la récupération de l’aptitude à la conduite. L’utilisation d’anesthésiques locaux en pratique courante (en dermatologie ou dentisterie notamment) n’est pas incompatible avec la conduite automobile, mais nécessite une évaluation individuelle du retentissement par le médecin.

Antimigraineux et conduite automobile

Tous les médicaments contre la migraine de la famille des triptans, de même que certains autres antimigraineux (pizotifène, oxétorone, flunarizine et métoclopramide en association à l’aspirine) sont classés de niveau 2. En effet, ils provoquent fréquemment de la somnolence et des vertiges, ce qui nécessite une évaluation individuelle de la capacité à conduire par le médecin.

Antalgiques (antidouleur) et conduite automobile

Les médicaments contre la douleur peuvent interférer avec la conduite automobile. Si les anti-inflammatoires non-stéroïdiens (AINS) affichent un pictogramme de niveau 1, ce sont surtout les antalgiques opiacés qui peuvent diminuer la capacité à conduire : ils portent systématiquement un pictogramme de niveau 2.

Les antalgiques opiacés peuvent provoquer une somnolence et des troubles du comportement qui peuvent empêcher le patient de percevoir son inaptitude à la conduite, voire lui faire commettre des imprudences. De plus, la susceptibilité individuelle aux opiacés est très variable : l’aptitude à la conduite doit faire l’objet d’une évaluation par le médecin, en particulier au début du traitement.

La codéine à faibles doses (moins de 20 mg par unité de prise) présente des effets indésirables nettement moins marqués. Elle est seulement classée de niveau 1, mais les personnes qui en prennent doivent néanmoins être informées sur ses risques.

Les risques des autres médicaments sur la conduite automobile

Antiallergiques et conduite automobile

Les médicaments contre l’allergie (antihistaminiques) peuvent nuire à la capacité de conduire. Ce phénomène est particulièrement marqué pour les antihistaminiques les plus anciens (antihistaminiques H1 sédatifs) qui, aux posologies usuelles, ont nettement plus tendance à provoquer de la somnolence. Le risque d’assoupissement peut être plus ou moins important selon les patients et peut s’accompagner de troubles de la vision (vision floue, troubles de l’accommodation, etc.), de troubles du comportement (hallucinations), de vertiges, de sensations de fourmillement et, éventuellement, d’ hypotension orthostatique. Ces antihistaminiques dits de première génération portent un pictogramme de niveau 2.

Les antihistaminiques les plus récents peuvent également entraîner une somnolence ainsi qu’un ralentissement des réactions et des mouvements. Ces effets sont généralement peu fréquents et ces médicaments affichent un pictogramme de niveau 1. Toutefois, il convient de prendre en compte ces effets lorsqu’on prend ces antihistaminiques pour la première fois.

La plupart de ces médicaments étant désormais en vente libre, il est essentiel d’en parler à votre pharmacien qui saura vous conseiller sur l’attitude à adopter.

Médicaments du rhume ou de la toux et conduite automobile

Pour les médicaments du rhume et de la toux, le risque pour la conduite automobile peut être lié à leur substance active, mais également à l’alcool qui entre souvent dans la composition des sirops et des solutions buvables. Tous les médicaments qui, pris à leur dose maximale, apportent plus de 3 grammes d’alcool par jour sont classés de niveau 1. Certains médicaments, outre cette teneur en alcool, possèdent également un principe actif susceptible de diminuer la capacité de conduite : ils sont alors classés de niveau 2.

Les médicaments contre la toux qui contiennent des dérivés opiacés, tels que la codéine, la pholcodine ou le dextrométhorphane, ne présentent qu’un risque relativement faible pour la conduite. Ils peuvent provoquer une somnolence et des vertiges sans toutefois remettre en cause la conduite. Ces effets sont rares, particulièrement aux doses usuelles.

Les antitussifs et les médicaments du rhume qui contiennent un antihistaminique H1 sédatif sont les médicaments les plus susceptibles de gêner la conduite. Ils peuvent être à l’origine de somnolence, de troubles visuels (vision floue, troubles de l’accommodation, etc.), de palpitations, d’irritabilité, etc. Ces effets sont d’autant plus importants que ces antihistaminiques sont des substances anciennes (dites de première génération).

Nombre de ces spécialités sont disponibles sans ordonnance et il est essentiel de demander le conseil de son pharmacien quant à leurs effets sur la conduite automobile.

Médicaments des nausées ou du vomissement et conduite automobile

Les médicaments contre les nausées sont classés de niveau 2 du fait de leurs effets indésirables en cas de conduite automobile. La métopimazine et les antihistaminiques peuvent provoquer une somnolence, des vertiges et une hypotension orthostatique. Certains de ces médicaments sont en vente libre et il est important de demander le conseil de son pharmacien au moment de l’achat.

La scopolamine, disponible sous forme de patchs (dispositifs transdermiques) pour prévenir le mal des transports, est probablement le médicament antinauséeux qui présente le plus de problèmes aux conducteurs. Elle peut entraîner des troubles visuels graves (troubles et paralysie de l’accommodation, par exemple).

Les médicaments contre les vomissements de la famille des sétrons sont uniquement délivrés sur ordonnance et essentiellement utilisés en prévention et en traitement des nausées et des vomissements dans le cadre des traitements anticancéreux. Ils posent peu de problèmes pour la conduite automobile, mais sont parfois à l’origine de somnolence ou de vertiges. Ils sont classés de niveau 1.

Médicaments pour les yeux et conduite automobile

Tous les médicaments destinés à diagnostiquer ou à traiter les maladies des yeux sont susceptibles de gêner la conduite automobile, ne serait-ce que par la gêne visuelle temporaire lors de l’instillation.

Par ordre de dangerosité croissante, on distingue :

  • les collyres anti-infectieux et anti-inflammatoires qui, bien que susceptibles de provoquer une irritation oculaire transitoire, ne perturbent que peu la vision (niveau 1).
  • les collyres antiallergiques (antihistaminiques) peuvent, en passant dans le sang, parvenir au système nerveux central et provoquer une somnolence (niveau 1).
  • les collyres destinés à soigner le glaucome (pression excessive à l’intérieur de l’œil) peuvent provoquer des troubles visuels plus ou moins gênants ainsi que des troubles cardiaques ou une somnolence (niveau 1 ou 2 selon les principes actifs).
  • les collyres contre les yeux rouges (décongestionnants) peuvent poser problème : utilisés à des doses excessives, ils provoquent une sensibilité anormale à la lumière (en dilatant la pupille), mais également une élévation de la pression artérielle et des troubles du rythme cardiaque (niveau 2). La plupart de ces médicaments sont disponibles sans ordonnance et il convient de demander conseil à son pharmacien.
  • les collyres destinés à dilater la pupille (pour permettre un examen approfondi de l’œil) entraînent des troubles importants de la vision (pupille dilatée en permanence, paralysie de l’accommodation) dont la durée peut varier de quelques heures à plusieurs jours. Des troubles du comportement peuvent également survenir. Ces collyres portent un pictogramme de niveau 3 et la conduite est formellement déconseillée tant que la pupille est dilatée et que le patient a du mal à tolérer la lumière.

Antidiabétiques et conduite automobile

Chez les personnes qui reçoivent un traitement contre le diabète, le risque majeur en termes de conduite automobile est la survenue d’un malaise hypoglycémique (une baisse trop importante du taux de sucre dans le sang). En général, ce risque est davantage lié à un mauvais dosage, à une alimentation insuffisante ou à la pratique d’un exercice physique important (sans adaptation du traitement) qu’aux effets du médicament antidiabétique lui-même. Le risque d’hypoglycémie est plus important chez les personnes qui s’injectent de l’insuline. Néanmoins, ces malaises peuvent également survenir avec les médicaments antidiabétiques oraux (en particulier ceux de la famille des sulfamides hypoglycémiants).

Les personnes diabétiques qui conduisent doivent s’assurer du bon équilibre de leur traitement, bien connaître la prévention des facteurs favorisant l’hypoglycémie, être capable d’identifier les signes annonciateurs de la crise, et se souvenir des mesures à mettre en œuvre dans ce cas : arrêt du véhicule et prise de sucre sous la forme de boisson ou d’aliment.

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