#Santé publique #COVID-19

Des signes cutanés très variés sont associés à l’infection COVID-19

Peu à peu, des signes cutanés associés à l'infection par le SARS-Cov-2 sont décrits, allant du simple prurit à des acrosyndromes. La Société française de dermatologie a lancé un appel à cas. Les soignants sont eux victimes de lésions secondaires aux lavages répétés des mains et au port de masques en continu.  
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Une physiopathologie encore mal connue (illustration).

Une physiopathologie encore mal connue (illustration).



L'infection COVID-19 se manifeste essentiellement par de la fièvre, des signes pulmonaires, cardiaques ou gastro-entérologiques, moins souvent par des signes à type d'anosmie et d'agueusie ou par une conjonctivite. Le SARS-CoV-2 ne paraît pas avoir de tropisme cutané et peu ou pas d'atteintes dermatologiques avaient jusqu'alors été décrites.
Dans une lettre publiée courant mars dans le JAAD (Journal of the American Academy of Dermatology), des auteurs thaïlandais et chinois avaient rapporté le cas d'un patient s'étant présenté avec une éruption cutanée et des pétéchies, dans un premier temps attribuées à la dengue, qui avait ensuite développé des signes respiratoires et chez lequel une infection COVID-19 avait alors été confirmée.

L'expérience italienne
C'est également sous la forme d'une lettre à l'éditeur qu'une équipe de dermatologues italiens, de l'hôpital de Lecco, en Lombardie, a fait part de son expérience.
Comme dans de nombreuses autres villes, les dermatologues de cet hôpital ont dû changer de casquette pour aider leurs collègues à prendre en charge les patients infectés par le SARS-CoV-2, chez lesquels ils ont recherché la présence de signes cutanés. Ils ont ainsi pu étudier 148 dossiers, dont 60 ont été exclus en raison de la prise d'un nouveau médicament dans les 15 jours précédents. Sur les 88 cas restants, 20 % ont présenté des manifestations cutanées, 8 patients au début de la maladie, et 10 au cours de l'évolution. Pour des raisons d'hygiène, aucun appareil photo n'a été introduit dans les chambres et les lésions observées n'ont pas pu être photographiées.
"Les manifestations cutanées rapportées sont très diverses", indique le Pr Brigitte Dréno, dermatologue à Nantes. Simple prurit, rash cutané précoce ou en cours d'évolution, sans que l'on sache s'il s'agit là d'un signe de gravité ou non, aspect urticariforme avec prurit intense, hypodermite aiguë, etc. "Des atteintes cutanées avaient été notifiées lors d'épidémies virales antérieures en particulier à virus H1N1, mais dans une proportion moindre".

Les appels de la SFD et du SNDV
Le 30 mars dernier, la Société française de dermatologie (SFD), par la voie de sa présidente, le Pr Marie Beylot-Barry, a lancé un appel à cas, afin de tenir un registre des lésions cutanées associées à l'infection COVID-19. Une demande qui a été entendue et qui a notamment permis de signaler des lésions à type d'engelures. De son côté, le Syndicat national des dermatologues-vénéréologues (SNDV) a alerté le 6 avril 2020 sur les manifestations cutanées de l'infection COVID-19, en particulier sur des cas d'érythème du visage de type lupique et sur la survenue d'acrosyndromes, voire d'engelures des extrémités, rapportés par un groupe Whatsapp de plus de 400 dermatologues libéraux et hospitalo-universitaires.
Des signes qui, indique le SNDV, doivent bien sûr conduire à consulter un dermatologue en téléconsultation, afin de s'assurer que ces lésions sont associées à la COVID-19, car le patient peut alors être contagieux en l'absence de tout autre symptôme.
"Sur le plan physiopathologique, on ne peut aujourd'hui qu'émettre des hypothèses", poursuit le Pr Dréno. "Ces atteintes de type acrosyndromes se voient avec d'autres virus, comme le virus d'Epstein-Barr ou celui de l'hépatite C, et pourraient être en lien avec l'apparition d'immunoglobulines qui précipitent au froid, soit des cryoglobulines".

Les soignants en première ligne
"Les soignants présentent aussi des lésions indirectement liées à l'épidémie de COVID-19, lésions induites par les lavages répétées des mains avec les gels hydro-alcooliques", souligne le Pr Dréno. Sécheresse, dyshidrose, voire eczéma, sans oublier l'érythème du visage, qui peuvent se voir, chez les soignants comme chez les patients, secondairement au port prolongé de masques et à l'utilisation de gants en latex.
Ces lésions doivent être connues et doivent si possible être prévenues, estiment des auteurs bulgares dans une récente publication. Comme l'explique le Pr Dréno, les lavages répétés abîment le film lipidique et déséquilibrent le microbiome, y compris dans la population générale, et il semble préférable, lorsque cela est possible, de se laver les mains avec un gel nettoyant doux et d'appliquer matin et soir une crème hydratante.

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