#Santé publique #COVID-19

Infection par SARS-CoV-2 : quid de l’atteinte rénale ?

Il est clair qu'au cours de l’infection COVID-19, la lésion des organes la plus grave est pulmonaire. Il est possible néanmoins que des atteintes rénales, pour l’instant peu décrites, participent à la mortalité de la maladie. Voici quelques données de la littérature sur le sujet.  
Alain Baumelou 03 avril 2020 Image d'une montre2 minutes icon Ajouter un commentaire
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Encore peu de publications décrites dans la littérature

Encore peu de publications décrites dans la littérature


On savait que dans d'autres infections à coronavirus, comme le SRAS, l'atteinte rénale était rare, mais constituait un facteur pronostique de gravité très important.
Chez les patients hospitalisés pour une infection par le SARS-CoV-2, une protéinurie a été rapportée par certains auteurs. Elle a été constatée, de façon très fréquente, dans les premiers jours de la maladie, par une équipe de Wuhan. Une élévation de la créatininémie a été observée, dans la même série, chez 11 malades sur 59. Deux tiers de ces 59 patients présentaient, sur le scanner, une diminution de la densité rénale, évocatrice d'inflammation et d'œdème.

Une protéinurie et une hématurie fréquente lors de l'admission à l'hôpital
Une autre équipe a rapporté des résultats similaires. Lors de l'admission à l'hôpital de 710 patients infectés par le SARS-CoV-2 : 44 % avaient une protéinurie et une hématurie et 26,7 % une hématurie isolée. Dans cette cohorte, 15,5 % des patients ont présenté, au cours du séjour hospitalier, une élévation de la créatininémie.
Dans les deux études, cette atteinte aiguë de la fonction rénale était un facteur de risque de mortalité indépendant
.
 
Une fréquence encore difficile à établir
La fréquence de l'atteinte rénale de la COVID-19 reste néanmoins encore à mieux définir.
Dans l'essai lopinavir-ritonavir menée chez des malades infectés par le SARS-CoV-2 à un stade grave, la fréquence avec laquelle les auteurs ont mis en évidence une créatininémie supérieure à 133 µmol/L n'était que de 3,2 %, aussi bien à l'inclusion, que dans les deux bras de l'essai.
Le SARS-CoV-2 a par ailleurs été isolé dans le rein et les urines par des auteurs chinois.
Pour l'instant, nous n'avons pas connaissance de résultats d'histologie rénale pratiquée du vivant d'un patient. Dans une série d'examens anatomopathologiques autopsiques de malades décédés de formes graves, il a été décrit du matériel protéique dans les glomérules, une nécrose tubulaire, une micro-angiopathie, une fibrose interstitielle.
Pour finir, la fréquence de l'atteinte rénale de la COVID-19 est probablement difficile à chiffrer. La recherche, à la bandelette, d'une protéinurie et d'une hématurie devrait faire partie du bilan initial des patients hospitalisés. En cas d'insuffisance rénale aiguë sévère, l'histologie rénale, si l'état du malade l'y autorise, permettra de progresser dans la connaissance de cette atteinte au cours de l'infection COVID-19.

Les études sources de cet article 
Anti-2019-nCoV Volunteers, Zhen Li, et al. Caution on Kidney Dysfunctions of COVID-19 Patients. medRxiv preprint. 27 mars 2020

Cheng Y, Luo R, Wang K, et al. Kidney impairment is associated with in-hospital death of COVID-19 patients. medRxiv preprint. 20 février 2020.

Cao B et al. A Trial of Lopinavir–Ritonavir in Adults Hospitalized with Severe Covid-19. N Engl J Med. 18 mars 2020. 

 
Sources

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