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Souffrance psychique et cancer : l’INCa publie une fiche synthétique pour les médecins généralistes

L’Institut national du cancer (INCa) vient de publier, dans sa collection "Outils pour la pratique", une fiche synthétique destinée aux médecins généralistes intitulée "Repérage de la souffrance psychique des patients atteints de cancer".

Cette fiche vise à donner des éléments précis permettant au médecin traitant de rester vigilant sur l’impact de la maladie et des traitements sur la santé psychique.
 
Elle présente également les facteurs de vulnérabilité personnelle et les périodes critiques au long du suivi qui justifient une vigilance accrue de tous les professionnels de santé impliqués. De plus, elle insiste sur la mise en place, dès que possible et avant la première RCP, d’une coordination entre l’équipe oncologique et le médecin traitant pour une plus grande personnalisation du protocole de traitement, y compris en cas de plus grande vulnérabilité psychique.
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L'INCa publie une fiche sur le repérage de la souffrance psychique chez les personnes atteintes de cancer (illustration).

L'INCa publie une fiche sur le repérage de la souffrance psychique chez les personnes atteintes de cancer (illustration).


Le diagnostic de cancer nécessite un important travail d'adaptation psychique
L'annonce du diagnostic de cancer implique un important travail d'adaptation psychique de la part du patient et de ses proches. Ce travail peut générer une souffrance psychique majeure, ou aggraver une souffrance préexistante.

Les troubles émotionnels, tous types confondus, touchent près de 40 % des patients après une annonce de cancer, avec un impact négatif sur la qualité de vie (personnelle, familiale, sociale et professionnelle) et des hospitalisations plus longues.

Le risque suicidaire est augmenté dans l'année qui suit l'annonce du diagnostic de cancer, ce qui justifie une vigilance particulière de tous les professionnels de santé impliqués dans le suivi, y compris le médecin traitant.
 
Une coordination à mettre en place avant la RCP
Dans le contexte du repérage de la souffrance psychique, les experts de l'INCa mettent en avant la nécessaire coordination entre l'équipe oncologique et le médecin traitant, coordination qui devrait être organisée dès que possible, et idéalement avant la réunion de concertation pluridisciplinaire (RCP).

En effet, avec l'accord du patient, le médecin généraliste est une source d'informations importantes dans le processus de RCP : antécédents psychiatriques, vulnérabilité psychosociale, besoins des proches, etc.
 
Un programme personnalisé de soins enrichi des ressources à mobiliser en cas de souffrance psychique
Dans le même esprit, la transmission au médecin traitant du programme personnalisé de soins (PPS) doit être faite dans les plus brefs délais et doit identifier les professionnels de la santé psychique à mobiliser en cas de besoin.

De plus, en cas de nécessité de prescription de traitements psychotropes, le PPS permet de vérifier l'absence de risque d'interactions médicamenteuses.

Idéalement, il devrait être enrichi d'informations complémentaires par tous les professionnels impliqués dans le suivi du patient : psychologues, pharmaciens, infirmiers, aides-soignants, kinésithérapeutes, diététiciens, travailleurs sociaux, etc.
 
Les facteurs de vulnérabilité personnelle des patients atteints de cancer
La fiche synthétique de l'INCa liste sept facteurs de vulnérabilité qui augmentent le risque de souffrance psychique chez les personnes atteintes de cancer. Ces facteurs devraient être identifiés dès le début de la maladie, puis au cours de celle-ci lors des périodes et des situations difficiles. Ce sont :
  • un âge inférieur à 50 ans ;
  • des antécédents psychiatriques personnels : dépression, troubles de la personnalité, tentative de suicide, pathologie psychiatrique chronique (schizophrénie, trouble bipolaire de l'humeur, etc.) ;
  • la présence d'une ou plusieurs addictions ;
  • des antécédents psychiatriques familiaux : suicide, dépression ;
  • un isolement social, deuil ou événements traumatiques récents ;
  • un handicap physique ou une maladie chronique ;
  • des charges financières, familiales ou sociales importantes.

Les experts de l'INCa signalent également que l'existence d'un retard au diagnostic ou d'une mauvaise observance du suivi ou des soins peut représenter un marqueur de vulnérabilité psychique.
 
Des facteurs individuels qui peuvent aggraver la souffrance psychique
Certains facteurs individuels au cours de la maladie peuvent également peser sur la souffrance psychique :
  • symptômes physiques (douleur, fatigue, nausées, chute de cheveux, etc.) ;
  • traitements reçus ;
  • prise de conscience de l'évolutivité de la maladie cancéreuse ;
  • relations avec l'équipe soignante ;
  • tout autre événement significatif pour le patient (événements familiaux ou socioprofessionnels, perte de la fertilité, etc.).
 
Des périodes critiques qui doivent faire l'objet d'une vigilance accrue
La fiche synthétique de l'INCa insiste sur l'existence de périodes critiques au long de la maladie qui sont fréquemment la source d'une aggravation de la souffrance psychique et justifient une vigilance accrue :
  • période d'attente ou de confirmation du diagnostic ;
  • annonces : du diagnostic, d'un risque génétique, d'un changement de traitement, d'un échappement thérapeutique ou d'effets indésirables compromettant la poursuite du traitement en cours, de l'arrêt ou de la limitation des traitements spécifiques, de la sortie d'un essai clinique, de la détection de métastases, du passage en soins palliatifs, de la guérison, etc.
  • décision thérapeutique ;
  • traitement mutilant provoquant des douleurs ou séquelles ;
  • retour au domicile ;
  • fin de traitement ;
  • bilans de surveillance ;
  • reprise du travail ;
  • rechute.
 
Comment évaluer la souffrance psychique au cours du cancer ?
Selon la fiche synthétique de l'INCa, après avoir exclu une cause physiologique (effet indésirable, métastases cérébrales, etc.), le repérage et l'évaluation de la souffrance psychique reposent en premier lieu sur l'entretien clinique avec le patient. Cette démarche est centrale et ne peut être remplacée par aucun outil.

Une approche structurée peut être adoptée qui consiste à :
  • analyser la situation actuelle du patient ;
  • repérer ses facteurs de risque mais aussi ses ressources ;
  • appréhender sa demande d'aide psychologique ;
  • rechercher les difficultés psychopathologiques majeures qui nécessiteraient une évaluation psychologique systématique d'emblée.

Un outil de détection de type questionnaire HADS (Hospital Anxiety and Depression Scale) peut aider le médecin généraliste. Utilisé de façon précoce, il peut permettre de repérer des difficultés parfois non visibles, parce que non exprimées spontanément par le patient. Il ne peut néanmoins se substituer à la démarche clinique.
 
Que faire lors de souffrance psychique d'un patient atteint de cancer ?
Selon la demande du patient (et son acceptation d'un suivi psychologique) et sa situation médicale, le médecin généraliste peut prendre en charge la demande ou décider d'orienter le patient vers des soins psychiques spécialisés.

Cependant, si le patient présente des pathologies psychiatriques antérieures, si son état dépressif est persistant ou récurrent, s'il présente des signes de risque suicidaire élevé, il peut être préférable de l'orienter vers un professionnel adapté (psychiatre ou psychologue selon le type de besoin).

Dans ce cas, les experts de l'INCa rappellent qu'il est nécessaire de veiller à présenter au patient les ressources en soins psychiques disponibles localement et de lui expliquer, ainsi qu'à ses proches, les conditions (y compris financières) auxquelles il peut avoir accès à un psychiatre ou à un psychologue :
  • en milieu hospitalier via les professionnels et/ou les unités de soins psychiques ;
  • en ville via les réseaux de santé (prestations dérogatoires), les Centres médico-psychologiques (CMP) ou les professionnels libéraux.
 
Pour les praticiens qui souhaitent compléter une consultation autour de la souffrance psychique avec leur patient, la Ligue suisse contre le cancer a publié en 2017 un guide très complet à destination des patients sur ce thème : « Cancer et souffrance psychique – Le cancer touche la personne dans sa totalité ».
 
 
Pour aller plus loin
 
La fiche synthétique de l'INCa à destination des médecins généralistes
Repérage de la souffrance psychique des patients atteints de cancer, INCa, octobre 2018
 
Le questionnaire HADS qui peut être utilisé pour dépister une souffrance psychique non exprimée
 
Le guide de la Ligue suisse contre le cancer sur la souffrance psychique, à destination des patients
Cancer et souffrance psychique – Le cancer touche la personne dans sa totalité, 2017

 

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