#Santé publique

Gérard Collomb lie la psychiatrie au terrorisme : tollé des professionnels, Agnès Buzyn lui répond

Le 18 août 2017, Gérard Collomb a appelé à la mobilisation des psychiatres sur le repérage de leurs patients "radicalisés" susceptibles de perpétrer un acte terroriste.  
 
Ce lien affirmé par le ministre de l’Intérieur entre maladie mentale et terrorisme, ainsi que ses propositions de protocolisation d’un repérage ont été dénoncés par de nombreux psychiatres, experts et associations. Ils déplorent en particulier un amalgame non justifié, un risque de stigmatisation des patients en psychiatrie et une menace sur le secret médical.
 
L’Ordre des médecins a également réagi, soulignant aussi  l’importance de la préservation du secret médical, un des principes fondamentaux de la médecine, et ne souhaitant pas que de nouvelles dérogations soient créées en sus de celles déjà existantes.
 
Agnès Buzyn, ministre de la Santé, interrogée le 25 août 2017 par Hospimédia, n’adhère pas non plus à ces propositions ; elle tient à rassurer les professionnels de la psychiatrie et à poursuivre la lutte contre la stigmatisation des patients atteints de maladies mentales.
 
31 août 2017 Image d'une montre10 minutes icon 6 commentaires
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Les déclarations de Gérard Collomb ont été effectuées quelques heures après les attentats de Barcelone et Cambrils (illustration : les Ramblas, Barcelone).

Les déclarations de Gérard Collomb ont été effectuées quelques heures après les attentats de Barcelone et Cambrils (illustration : les Ramblas, Barcelone).


Le ministre de l'Intérieur relie maladies psychiatriques et radicalisation terroriste au lendemain des attentats terroristes en Espagne
Le ministre de l'Intérieur Gérard Collomb, interrogé par Yves Calvi le 18 août sur RTL quelques heures après les attentats de Barcelone et Cambril, a annoncé travailler à un projet de repérage en psychiatrie avec la ministre de la Santé Agnès Buzyn : "Nous sommes en train de travailler avec ma collègue ministre de la Santé pour essayer de repérer l'ensemble de ces profils qui demain peuvent passer à l'acte".
 
Pour cela, le ministre souhaite une mobilisation de l'ensemble des hôpitaux psychiatriques et des psychiatres libéraux.
 
Lorsque des patients présentent "des délires autour de la radicalisation islamique", des protocoles spécifiques pourraient être instaurés, accompagnés d'échanges avec leurs proches, propose Gérard Collomb.
 
Lier terrorisme et maladie mentale n'est pas justifié, entraîne une stigmatisation et empêche la compréhension de ces attentats et de leurs auteurs (donc la prévention de ces actes)
Le 21 août dans Le Monde (édition abonnés), le Dr David Gourion, psychiatre libéral et ancien chef de clinique à l'hôpital Sainte-Anne,  se dit "consterné" par les propos de Gérard Collomb.

Il affirme que "la grande majorité des terroristes n'ont aucun rapport avec la psychiatrie". Il rappelle qu'"il y a quelques mois, le prestigieux British Medical Journal publiait un éditorial [NDLR : accessible ici] qui mettait précisément en garde contre l'idée que les terroristes sont essentiellement des malades mentaux car les données dont nous disposons ne le confirment pas".
 
C'est même l'inverse, précise-t-il, puisque les patients souffrant de troubles psychiques graves n'effectuent pas plus d'homicides que la population générale, contrairement aux idées reçues (parfois brandies par des responsables politiques, 
comme Nicolas Sarkozy à Grenoble en août 2008 après un meurtre commis par un patient échappé d'un établissement psychiatrique) : "les personnes atteintes de troubles mentaux graves (troubles schizophréniques et autres troubles délirants, et troubles de l'humeur)  seraient en lien avec 0,16 cas d'homicide pour 100 000 habitants et par an, alors que le taux d'homicides en population générale est de 1 à 5 pour 100 000 habitants et par an (source : HAS 2011).

A l'inverse, les personnes atteintes de pathologies psychiatriques sévères sont davantage victimes d'homicides.

"Les patients dépressifs, schizophrènes ou autistes ne sont absolument pas représentatifs des bataillons terroristes", résume le Dr Gourion.
 
"Voir la question jihadiste à travers un seul prisme", ici la psychiatrie, "c'est très séduisant car ça évite de se poser les questions dérangeantes (…) les jihadistes sont 90 % à ne pas commettre d'attentat. Leur engagement est idéologique et ne relève pas de la psychiatrie", abonde Romain Caillet, historien du jihad interrogé par RTL le 22 août.
 
"C'est notre société qui est mise en cause dans ces actes : pourquoi le discours jihadiste séduit-il les jeunes ? Quel avenir on leur propose ? Quelle quête de sens ? Quel vivre-ensemble ? Comment diminuer les discriminations ?", s'interroge Cédric Mas, membre d'Action Résilience, également via RTL.

Autrement dit par Serge Hefez, qui gère une consultation en déradicalisation à l'hôpital de la Pitié-Salpétrière, "entre ce qui relève de la société, du fait religieux, des trajectoires psychiques et des parcours personnels, les raisons sont multiples et il n'y a pas d'explication univoque" (interview au Point).
 
Une protocolisation d'un éventuel repérage précoce qui ne passe pas non plus…
Le Dr David Gourion, toujours dans Le Monde, s'inquiète également d'éventuels protocoles de détection : cela signifierait concrètement que parmi les patients en délire aigu, len particulier musulmans, devraient être sélectionnés et signalés ("Serons-nous invités bientôt à remplir une fiche décrivant les symptômes de nos patients susceptibles d'être des fous de Dieu ?"), alors même que, répète-t-il, ce ne sont pas eux qui sont impliqués dans les actes de terreur actuels ?
 
Il préconise plutôt de veiller à ne pas stigmatiser, discriminer et à respecter le secret médical, à l'instar de l'Ordre des médecins, qui a publié un communiqué en ce sens le 24 août (cf. infra).
 
Le Syndicat des Psychiatres des Hôpitaux (SPH), dans un communiqué de presse publié le 24 août, estime aussi qu'il faut "proscrire une assimilation des troubles psychiatriques à la radicalisation et au terrorisme" et ne pas stigmatiser les malades mentaux, comme cela a pu être fait auparavant. Les soins psychiatriques doivent s'exercer en confiance (et non avec un protocole de fichage-signalement), et "l'approche psychopathologique pour appréhender les actes violents peut être utile à la prévention".
 
Serge Hefez s'inquiète de la contagiosité médiatique de ces attentats chez une partie des plus fragilisés et préconise une vigilance particulière (et non un protocole type)
Serge Hefez cependant, toujours dans Le Point, déclare : "La radicalisation a de plus en plus à voir avec la psychiatrie et je suis convaincu que de plus en plus de profils psychiatriques vont passer à l'acte (…) Ce sont des gens qui sont déjà dans une structure psychique particulière, et qui vont être convaincus en deux coups de cuiller à pot qu'ils vont obtenir la rédemption en fonçant dans la foule".
 
Il estime que la médiatisation de ces attentats, de ces passages à l'acte entraîne un phénomène contagieux de fascination touchant certaines personnes, et non toutes, atteintes de problèmes psychiatriques [NDLR : sur la médiatisation du suicide non terroriste, qui peut entraîner d'autres suicides, cf. le travail de sensibilisation des médias de l'association Papageno].
 
Cette explication d'influence de la médiatisation sur le passage à l'acte (pouvant être perçue comme une sorte de glorification) est également avancée par de nombreux experts, y compris ceux consultés par le BMJ.
 
Serge Hefez pense donc qu'"il faut une vigilance particulière des psychiatres sur ces sujets et bien avoir en tête que sur la masse des malades mentaux, certains sont plus fragiles vis-à-vis des discours d'embrigadement de type sectaire".
 
Pour exercer cette vigilance, en raison de la multitude des profils, des risques de rechutes, des difficultés parfois de diagnostic, en particulier à l'adolescence, Serge Hefez estime également qu'il ne faut pas des protocoles "types" mais, au contraire "une collaboration au cas par cas, avec différents professionnels, qui seule permettra de tricoter au plus près la meilleure prise en charge possible".
 
L'Ordre des médecins rappelle que le secret médical est un principe fondamental et ne souhaite pas la création de nouvelles dérogations, sous risque de possibles dérives
"Pleinement conscient, comme l'ensemble de la société, des dangers liés à la radicalisation", l'Ordre des médecins, dans un communiqué mis en ligne le 24 août, insiste sur "la nécessité absolue de préserver les principes fondamentaux de l'exercice professionnel, en particulier celui du secret médical", mais n'exclue pas que dans certaines circonstances exceptionnelles, "en cas de danger probable", que ce secret soit levé en coopération avec la justice, et non la police.
 
L'Ordre estime cependant qu'il n'est pas nécessaire de changer la loi et les exceptions actuellement en vigueur : "c'est pourquoi l'Ordre préconise la pleine application des textes en vigueur, et en particulier ceux du code pénal qui s'adressent à tout citoyen, plutôt que de créer de nouvelles dérogations au sujet desquelles on ne peut mesurer les possibles dérives ultérieures".

Rappelons que l'Ordre des médecins a publié début 2016 une note 
"pour aider les médecins à prévenir la radicalisation de patients ou de leurs proches" (voir notre article). 
 
Notons que les propos du ministre de l'Intérieur sont probablement à relativiser en raison de leur proximité temporelle avec l'attentat de Barcelone
Depuis le développement des chaînes d'information continue, des réseaux sociaux et le mode de communication initiée par le président Sarkozy s'est développée une omniprésence des politiques de tous bords dans tous les médias après un fait divers comme après un événement politique mineur ou majeur.
 
Cette omniprésence, ces réactions à chaud ont continué sous la présidence Hollande et aujourd'hui sous le gouvernement Macron (lui-même s'abstient ... pour le moment).
 
Ces réactions peuvent donner lieu à des déclarations excessives, ou populistes, simplificatrices, comme le résume le SPH, visant l'intervention de Gérard Collomb : "dans ce contexte où la sidération, l'incompréhension et la colère peuvent frapper les vies et les esprits, et où la peur accompagne désormais le quotidien de nos concitoyens, le SPH tient aussi à rappeler que la mesure et la raison doivent guider la communication de nos dirigeants et leurs prises de décisions. L'annonce, quelques heures après ces attentats, par le ministre de l'Intérieur, que les hôpitaux psychiatriques et les psychiatres allaient participer à des « protocoles » de lutte contre le terrorisme, a en effet de quoi surprendre". 
 
Le SPH rappelle, à l'instar des personnes citées plus haut, que les patients en psychiatrie peuvent être "perméables aux émotions nourries par le traitement médiatique des événements, mais davantage comme personnes vulnérables soumises aux angoisses et aux risques de rechutes, que comme acteurs de comportements organisés agressifs".
 
Agnès Buzyn, interrogée une semaine après les déclarations de Gérard Collomb par Hospimedia, calme le jeu
La ministre de la Santé, interrogée par Hospimedia.fr le 25 août (accès abonné, résumé via What's Up Doc), se veut rassurante et souscrit aux préconisations évoquées ci-dessus plutôt qu'aux propositions à chaud, peut-être trop hâtives de Gérard Collomb : "il ne s'agit absolument pas de modifier quoi que ce soit dans la pratique des médecins (…) et il n'y a aucune intention de modifier leur cadre d'exercice, ni le cadre réglementaire ni le cadre législatif".
 
Probablement sensible aux arguments déployés par l'Ordre des médecins, elle rappelle les situations actuelles d'exemption du secret médical "en cas de violence extrême pour le patient ou autrui" et mentionne qu'"il existe déjà une coopération qui marche assez bien entre l'ARS et les préfets".
 
Eléments contextuels et autres liens

Les attentats planifiés sont perpétrés par des hommes manipulés intensément par des sectes ramifiées dans le monde entier… 
Les terribles attentats planifiés de Barcelone et de Cambrils, menés par une douzaine de jeunes qualifiés de " radicalisés", ont été apparemment organisés  par une branche marocaine d'une secte mafieuse et terroriste se revendiquant de l'islam sunniteappelée Daesh (par ses opposants) ou l'Etat islamique. Cette secte, ainsi qu'Al Qaida, secte du même type, élabore une doctrine et recrute des adeptes en les manipulant, en leur "lavant le cerveau".
 
Pour cela, comme l'ont montré plusieurs enquêtes effectuées sur les méthodes des Talibans, puis sur celles d'Al Qaida et de Daesh, ces sectes terroristes leur promettent monts et merveilles (logement, salaire élevé, glorification, Paradis pour ceux appelés à se suicider, etc.), et leur assènent en boucle des arguments basés sur des guerres jugées injustifiables, des injustices, le conflit sunnite – chiite et le le conflit israélo-palestinien, le détournement ou l'application littérale du Coran. Elles utilisent aussi les arguments brandis par les complotistes ou conspirationnistes (reprise des arguments utilisés autour du "nouvel Ordre mondial", des Illuminati, etc.), en fonction des """modes""" ou drames du moment…
 
Ce lavage de cerveau (voir ce témoignage), par sa méthode répétitive et coupant les adeptes de leurs proches, de leurs repères habituels, est comparable à celui effectué méthodiquement par d'autres sectes (Scientologie, Raéliens, témoins de Jehovah, etc.), mais il se produit  rapidement et intensément, avec des objectifs d'infiltration et meurtriers (à la différence de la Scientologie et d'autres sectes non terroristes, qui veulent juste infiltrer les instances décisionnaires, recruter des adeptes en masse, récupérer de l'argent, renforcer un pouvoir, etc.).
 
Conséquence, l'impensable (ou plutôt ce qui était impensable auparavant) se produit : des attentats terroristes meurtriers dans le monde entier, y compris dans des capitales surprotégées, associés à des prises de territoires, de ressources naturelles, d'argent, de secteurs mafieux.
 
…et d'autres attentats effectués par des personnes isolées, fragilisées, très rarement "psychiatriques"
Des individus, souvent jeunes, souvent d'origine maghrébine, peuvent, dans de rares cas heureusement, pour le moment du moins, commettre des attentats avec une voiture, un couteau, une machette ou autre, sans pour autant avoir un rapport avec Daesh ou une autre secte du même acabit, même si c'est aussi déjà arrivé ("radicalisation isolée express").
 
Ainsi, cet été, en sus des attaques planifiées en Espagne, des attaques apparemment non planifiées par des sectes se sont produites en France (attaque avec une voiture contre des militaires à Levalloiscontre une pizzeria en Seine-et-Marneattaque au couteau à Marseille), en Finlande (attaque de femmes au couteau), en Allemagne (attaque au couteau), Angleterre et Belgique (attaques au couteau) et en Russie (attaque au couteau).

A chaque fois, elles ont été perpétrées par des individus isolés qualifiés de "déséquilibrés rapidement radicalisés", mais ces individus sont-ils vraiment des personnes atteintes de maladies psychiatriques graves, comme le suggère Serge Hefez ? 

Et surtout, étaient-ils auparavant suivis en psychiatrie ? Non (sauf à Marseille), ont répondu les experts en réaction à l'interview de Gérard Collomb (cf. supra). Il faut donc, de toute façon, prévenir avant un enclenchement d'un éventuel parcours psychiatrique... 
 
Il est d'ailleurs possible que les agissements des sectes terroristes internationales cessant (ou n'étant plus du tout médiatisés), ces attentats d'individus fragilisés diminueraient, voire cesseraient également…

 
En conclusion : ne pas stigmatiser la maladie mentale, qui n'est de toute façon pas causale ou connue dans la plupart des attentats terroristes, mais bien sûr être vigilants…
Les Français pourraient se dire que leur sécurité n'a pas de prix, quitte à rogner sur les libertés et l'éthique.
 
Cette inquiétude, bien sûr légitime, pourrait malheureusement s'accroître, mais il est important de souligner, comme mentionné dans l'encadré ci-dessus, que dans le cas de la prévention des attentats s'inspirant des injonctions de Daesh, aucun des terroristes n'avait de passé psychiatrique (hormis le patient  de l'attaque de Marseille), et que de tels amalgames sont donc stigmatisants pour ces patients, comme l'a d'ailleurs également relevé Agnès Buzyn. 
 
Ceci n'exclue pas, bien sûr, une vigilance accrue, voire une formation spécifique, des psychiatres, mais aussi des médecins généralistes et autres professionnels de santé, lorsqu'ils sont confrontés à des personnes changeant brutalement de comportement, s'isolant, proférant des menaces, etc. La société entière a elle-même accru sa vigilance en France depuis l'attaque de janvier 2015, sans pour autant se pétrifier de peur et se replier sur elle-même, comme le souhaitent précisément les sectes qui visent à conquérir des territoires soumis par l'effroi collectif…
 
En savoir plus :

Attentats en Catalogne : Collomb souhaite "mobiliser les hôpitaux psychiatriques" pour identifier les individus radicalisés, RTL, 18 août 2017

Terrorisme : « les psychiatres n'ont pas vocation à collaborer avec le ministère de l'intérieur », David Gourion, Le Monde, 21 août 2017

Pourquoi des experts s'opposent au lien établi par Collomb entre radicalisation et psychiatrie, RTL, 22 août 2017

Terrorisme : "De plus en plus de profils psychiatriques vont passer à l'acte", interview de Serge Hefez, Le Point, 29 août 2017

Communiqué de presse du Syndicat des Psychiatres des Hôpitaux, 22 août 2017

Risque terroriste : ouvert au dialogue avec les autorités, l'Ordre rappelle les principes fondamentaux de l'exercice médical, communiqué de l'Ordre des Médecins, 24 août 2017

Le ministère de la Santé exclut toute modification du cadre d'exercice de la psychiatrie, Hospimedia, 25 août 2017

Psychiatrie : Agnès Buzyn recadre le ministre de l'intérieur, What's Up Doc', 29 août 2017



Sur VIDAL.fr : 

Note du Conseil de l'Ordre pour aider les médecins à prévenir la radicalisation de patients ou de leurs proches (janvier 2016)


 
Sources

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ras le bol Il y a 6 ans 0 commentaire associé
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