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Les jeunes réfugiés syriens sont-ils immunisés contre la rougeole, les oreillons, la rubéole et la varicelle ?

02 novembre 2016 Image d'une montre3 minutes icon Ajouter un commentaire
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L'immigration massive du Moyen-Orient et d'Afrique constitue un défi socio-économique mais aussi sanitaire, la majorité des réfugiés n'ayant pas régulièrement accès aux services de santé. 

Jusqu'à présent, aucune recommandation précise n'a été établie concernant les vaccinations des personnes déplacées et les professionnels de santé en charge des réfugiés. Ces professionnels se demandent souvent s'il est nécessaire de vérifier leur statut immunitaire (et le vacciner en cas de séronégativité) ou s'il faut plutôt les vacciner sans attendre.

Une équipe allemande a évalué par des techniques sérologiques immuno-enzymatiques détectant les IgG (les IgG, ou immunoglobulines G, sont un type d'anticorps produits de manière spécifique en réaction à l'agression par un agent pathogène) l'immunité contre la rougeole, les oreillons, la rubéole et la varicelle de 678 réfugiés arrivés récemment en Allemagne.

L'âge moyen des réfugiés était de 28,8 ± 11,4 ans, et 76 % d'entre eux étaient des hommes.

Les proportions de réfugiés ne possédant pas d'IgG) spécifiques de la maladie étaient les suivantes :

  • 7,4 % d'entre eux pour la rougeole,
  • 10,2 % d'entre eux pour les oreillons,
  • 2,2 % d'entre eux pour la rubéole,
  • 3,3 % d'entre eux pour la varicelle.

Ces proportions étaient différentes selon l'âge, et nettement plus basses chez les jeunes enfants. Ainsi, l'immunité globale pour la rougeole, les oreillons et la rubéole était de 91 %, mais seulement 73 % des mineurs possèdent une immunité contre ces trois maladies (69 % si l'on ajoute la varicelle). Les plus jeunes n'auraient pas pu être vaccinés avant la désorganisation du système de soins consécutif à la guerre. Toutefois, la proportion des enfants et adolescents allemands immunisés contre ces maladies (77 % environ) n'est pas beaucoup plus élevée. De plus, il n'est pas possible de différencier dans cette étude une immunité secondaire à la vaccination d'une immunité secondaire à la maladie.

Les auteurs considèrent que si la proportion de personnes immunisées de 91 % n'est pas alarmante, elle se situe toutefois largement en dessous du taux de 95 % considéré par l'Organisation mondiale de la santé comme nécessaire pour éradiquer la rougeole et la rubéole en Europe.

La guerre qui sévit en Syrie a sérieusement compromis le système de santé existant, et des épidémies de rougeole et de poliomyélite ont fait craindre récemment la ré-émergence de ces maladies, qui pourraient s'étendre jusqu'en Europe.

Les auteurs estiment :

  • Que our les enfants, qui constituent environ 30 % des réfugiés, les vaccinations doivent être réalisées rapidement selon les calendriers vaccinaux en vigueur en Europe, à moins d'un document attestant qu'elles ont déjà été réalisées.
  • Que pour les réfugiés nés après 1970, l'administration d'une dose d'un vaccin contre la rougeole, les oreillons et la rubéole est recommandée.
  • Qu'en ce qui concerne la varicelle, si la vaccination est recommandée en Allemagne jusqu'à 12 ans, les données de l'étude suggèrent que les adolescents de 13 à 17 ans devraient aussi en bénéficier. A noter toutefois que la vaccination de tous les enfants contre la varicelle (voir le Vaccine schedule du Centre européen de prévention et de contrôle des maladies) n'est recommandée que dans un nombre limité de pays européens (Allemagne, Autriche, Luxembourg, Lettonie, Chypre et Grèce). En France, seuls les adolescents sans antécédent de varicelle (et d'autres groupes à risque) sont éligibles à la vaccination contre cette maladie.  

Il apparaît finalement que la sérologie est inutile dans ces circonstances. Une étude menée en Allemagne au cours d'une épidémie de rougeole montrait que la vaccination systématique coûtait deux fois moins cher que la vaccination après « triage » par la sérologie.

Les auteurs soulignent la nécessité de définir et valider des recommandations vaccinales pour ces réfugiés tant que durera la crise actuelle.

Enfin, les sérologies des maladies à prévention vaccinale ont été réalisées dans cette étude par des techniques immuno-enzymatiques, qui sont moins performantes que les techniques de référence utilisant la séroneutralisation (NDLR).

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