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Osimertinib (TAGRISSO) : nouveau principe actif dans la prise en charge du cancer bronchique non à petites cellules

TAGRISSO 40 mg et 80 mg, comprimé pelliculé, est un nouveau médicament indiqué dans le traitement du cancer bronchique non à petites cellules (CBNPC) localement avancé ou métastatique, avec mutation EGFR T790M.

Son principe actif, l'osimertinib, est une nouvelle substance de la classe des inhibiteurs de tyrosine-kinase.
Elle a été disponible en France de septembre 2015 à avril 2016 sous ATU de cohorte, avant d'être commercialisé sous le nom de TAGRISSO.


Le statut mutationnel EGFR T790M doit être déterminé par une méthode d'analyse validée avant d'envisager une traitement par TAGRISSO.

La posologie recommandée est de 80 mg 1 fois par jour. Cette dose peut être réduite à 40 mg en cas d'effets indésirables.

La prescription de TAGRISSO est hospitalière et réservée aux spécialistes en oncologie ou aux médecins compétents en cancérologie.
Sa prise en charge est actuellement assurée dans le cadre des dispositions de l'article 48 de la LFSS 2014.
David Paitraud 28 avril 2016 Image d'une montre6 minutes icon Ajouter un commentaire
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Les CBNPC représentent environ 80 % des cancers du poumon et plus de 90 % d'entre eux sont causés par le tabagisme, actif ou passif (illustration).

Les CBNPC représentent environ 80 % des cancers du poumon et plus de 90 % d'entre eux sont causés par le tabagisme, actif ou passif (illustration).


Osimertinib, nouveau principe actif inhibiteur de tyrosine kinase
Les inhibiteurs de la tyrosine-kinase (ITK) des récepteurs du facteur de croissance épidermique (EGRF) sont utilisés dans le traitement des patients atteints de cancer bronchique non à petites cellules (CBNPC) avec mutations activatrices de l'EGFR (EGRFm).
Cependant, les patients traités par des ITK des EGRF de 1re et 2e générations (gefitiniberlotinibafatinib) peuvent développer une résistance acquise dont la cause principale est une mutation T790M.

L'osimertinib est un nouvel ITK des récepteurs du facteur de croissance épidermique porteurs de la mutation activatrice (EGFRm) et de la mutation de résistance aux ITK T790M.

Osimertinib : de l'ATU à l'AMM conditionnelle de TAGRISSO
De septembre 2015 à fin avril 2016, l'osimertinib bénéficiait en France d'une autorisation temporaire d'utilisation (ATU) de cohorte sous le nom AZD9291, dans l'indication suivante : "Traitement des patients adultes non éligibles à un essai clinique en cours, atteints d'un cancer bronchopulmonaire non à petites cellules localement avancé ou métastatique, porteurs des mutations EGFRm+ et T790M, qui ont progressé pendant ou après un traitement par un inhibiteur de tyrosine kinase du récepteur de l'EGF, et par une chimiothérapie à base de sels de platine ou en cas d'intolérance à celle-ci".

Une autorisation de mise sur le marché (AMM) conditionnelle (Cf. Encadré 1) a été octroyée à l'osimertinib le 2 février 2016 par l'Agence européenne du médicament (EMA) dans le traitement des patients adultes atteints d'un cancer bronchique non à petites cellules (CBNPC) localement avancé ou métastatique, avec mutation EGFR T790M.
 
Encadré 1 - AMM conditionnelle : définition
Une AMM centralisée peut être accordée pour une durée de 1 an renouvelable, sous conditions :
• Absence de thérapeutique disponible dans les conditions pathologiques et l'indication thérapeutique visées.
• Données en faveurs d'un rapport bénéfice/risque favorable mais nécessité de mener des études complémentaires pour le confirmer.
• Ré-évaluation des données par le CHMP en fonction de l'obtention des données complémentaires.

L'osimertinib est a présent commercialisé sous le nom de marque TAGRISSO et disponible à l'hôpital sous 2 dosages, à 40 et 80 mg d'osimertinib, présentés sous forme de comprimés.

Des études cliniques toujours en cours
L'AMM européenne conditionnelle de TAGRISSO repose sur les premiers résultats de 2 études cliniques en ouvert, monobras, AURAex (cohorte d'extension de phase II, n = 201) et AURA2 (n = 210), menées chez 201 et 210 patients respectivement, atteints d'un cancer bronchique positif pour la mutation EGFR T790M, ayant progressé lors du traitement systémique antérieur, incluant un ITK-EGFR.

Le critère principal d'efficacité était le taux de réponse objective (TRO) sur la taille de la tumeur, selon les critères RECIST v1.1.
Les critères secondaires de jugement étaient la durée de réponse (DR), le taux de contrôle de la maladie (TCM) et la survie sans progression (SSP).
Les résultats de ces études sont résumés dans le tableau ci-dessous :
 
Tableau I - Résultats d'efficacité des études AURA
  Phase I Phase II
Paramètre d'efficacité(1) AURA
(phase I expansion) (n = 63)
AURAex
(phase II)
(n = 201)
AURA2
(n = 210)
Total (n = 411)
Taux de réponse objective (TRO)(2)(3) 
% (IC à 95 %)
62
(48 ; 74)
61 (54 ; 68) 71
(64 ; 77)
66
(61 ; 71)
Durée de réponse (DR)(3) 
médiane, mois (IC à 95 %)
9,7
(8,3 ; NE)
NE (NE ; NE) 7,8 (7,1 ; NE) NE (8,3 ; NE)
% DR > 6 mois (IC à 95 %) 72
(54 ; 84)
83 (74 ; 89) 75
(65 ; 82)
78
(72 ; 84)
Taux de contrôle de la maladie (TCM)(3) 
% (IC à 95 %)
95
(86 ; 99)
90 (85 ; 94) 91
(87 ; 95)
91
(88 ; 94)
Survie sans progression (SSP)
médiane, mois (IC à 95 %)
11
(7 ; 15)
NE
(8,1 ; NE)
8,6
(8,3 ; 9,7)
9,7
(8,3 ; NE)
(1) D'après le BICR, comité de relecture indépendant centralisé en aveugle, suivi de la SSP.
(2) Taux de réponse objective déterminé d'après les critères RECIST v1.1 par le BICR dans la population évaluable pour la réponse (maladie mesurable à l'inclusion par le BICR) n = 60 ; 199 ; 199 ; 398 pour AURA, AURAex, AURA2 et l'ensemble des études respectivement.
(3) Sur la base des patients avec une réponse uniquement ; DR définie comme le délai écoulé depuis la date de la première réponse documentée (confirmation de réponse complète ou réponse partielle, ou maladie stable depuis ? 6 semaines). NE, non évaluable, inclut 2 réponses complètes. 

 
Des taux de réponse objective supérieurs à 50 % ont été observés dans tous les sous-groupes prédéfinis analysés, y compris en fonction de la ligne de traitement, de l'origine ethnique, de l'âge et de la région.

Dans l'ensemble de la population, 86 % (227/263) disposaient d'une réponse documentée au moment de la première évaluation (6 semaines) et 96 % (253/263) lors de la seconde évaluation (12 semaines).
Les bénéfices de TAGRISSO en termes de survie sans progression et de survie globale n'ont pas encore été déterminés.
En outre, des données de comparaison osimertinib/sels de platine sont attendues.

En termes de tolérance, les effets secondaires les plus fréquents (> ou = 1/10) ont été des diarrhées (42 %) et des rash cutanés (41 %).

TAGRISSO fait l'objet d'une surveillance supplémentaire qui permettra l'identification rapide de nouvelles informations relatives à la sécurité. Les professionnels de santé déclarent tout effet indésirable suspecté.

Une attention particulière sera portée au risque de survenue d'une pneumopathie interstitielle diffuse et d'un allongement de l'espace QTc.

En pratique : les étapes du traitement
Le traitement par TAGRISSO doit être initié par un médecin expérimenté dans l'utilisation des traitements anticancéreux.

Avant d'instaurer le traitement par TAGRISSO, il est nécessaire de
déterminer le statut mutationnel EGFR T790M par une méthode d'analyse validée en utilisant soit l'ADN tumoral provenant d'un échantillon de tissu, soit l'ADN tumoral circulant (ADNtc) obtenu à partir d'un échantillon de plasma.
 
  • Schéma posologique recommandé
La dose recommandée d'osimertinib est de 80 mg 1 fois par jour.
Le comprimé doit être pris chaque jour à la même heure, avec ou sans nourriture.
Le traitement doit être poursuivi jusqu'à progression de la maladie ou survenue d'une toxicité inacceptable.
 
  • Utiliser le dosage à 40 mg pour adapter la posologie
Un arrêt du traitement ou une réduction de la dose d'osimertinib à 40 mg 1 fois par jour après une interruption transitoire doivent être envisagés en fonction du type et la sévérité des effets indésirables, en particulier en cas de toxicité pulmonaire (pneumopathie) ou cardiaque (allongement du QTc).
 
  • Conseils au patient 
En cas d'oubli d'une dose, la dose omise doit être prise immédiatement sauf s'il reste moins de 12 heures avant la prochaine administration prévue.

Les médicaments ou les compléments alimentaires contenant du millepertuis ne doivent pas être utilisés avec l'osimertinib (contre-indication). Le millepertuis diminue l'exposition à l'osimertinib.

Les patients en page de procréer traités par osimertinib doivent utiliser une méthode efficace de contraception :
  • pendant toute la durée du traitement, 
  • pendant au moins 2 mois après l'arrêt du traitement pour les femmes et 4 mois après l'arrêt du traitement pour les hommes.

Identité administrative 
  • Liste I
  • Prescription hospitalière réservée aux spécialistes en oncologie ou aux médecins compétents en cancérologie
  • Surveillance particulière pendant le traitement
  • TAGRISSO 40 mg, boîte de 30, CIP 3400930047644
  • TAGRISSO 80 mg, boîte de 30, CIP 3400930047651
  • Pris en charge par les Collectivités et rétrocédable par prolongation des conditions d'inscription au titre de l'ATU de cohorte selon les conditions définies à l'article L.162-16-5-2 du code de la Sécurité sociale.
  • Laboratoire AstraZeneca

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