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ENBREL (étanercept) : désormais remboursable dans la spondyloarthrite axiale non radiographique sévère

L'inhibiteur du TNF alpha, ENBREL (étanercept), est désormais remboursable à 65 % et agréé aux collectivités dans le traitement de la spondyloarthrite axiale non radiographique sévère de l'adulte :
  • avec des signes objectifs d'inflammation, se traduisant par un taux élevé de protéine C réactive (CRP) et/ou des signes visibles à l'imagerie par résonance magnétique (IRM),
  • en cas de réponse inadéquate aux anti-inflammatoires non stéroïdiens (AINS).

La prise en charge d'ENBREL est conditionnée par le respect des modalités de prescription :
  • ordonnance de médicament d'exception,
  • prescription initiale hospitalière réservée aux spécialistes en rhumatologie, en médecine interne, en pédiatrie ou en dermatologie.

Sur la base principalement d'une étude multicentrique, randomisée en double aveugle versus placebo ayant démontré la supériorité d'ENBREL, la Commission de la transparence a jugé, en juillet 2015, que le rapport efficacité/effets indésirables et le service médical rendu d'ENBREL sont importants dans cette indication.

En
 l'absence d'études comparant l'étanercept à d'autres anti-TNF, la Commission a placé ENBREL comme une alternative à l'adalimumab (HUMIRA) ou au certolizumab (CIMZIA) dans la stratégie thérapeutique de la spondylarthrite axiale non radiographique sévère chez l'adulte.
David Paitraud 14 janvier 2016 Image d'une montre5 minutes icon Ajouter un commentaire
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La spondyloarthrite axiale sans signes radiographiques est douloureuse et affecte la mobilité rachidienne et les capacités fonctionnelles (illustration).

La spondyloarthrite axiale sans signes radiographiques est douloureuse et affecte la mobilité rachidienne et les capacités fonctionnelles (illustration).


Le remboursement et l'agrément aux collectivités d'ENBREL (étanercept) sont étendus au traitement de la spondylarthrite axiale non radiographique sévère chez les patients adultes qui présentent des signes objectifs d'inflammationen cas de réponse inadéquate aux anti-inflammatoires non stéroïdiens (AINS).

Selon cette indication, les signes objectifs d'inflammation sont définis par un taux élevé de protéine C réactive (CRP) et/ou des signes visibles à l'imagerie par résonance magnétique (IRM).

Le taux de remboursement d'ENBREL est de 65 %.

Une extension d'indication qui prend en compte de la dernière classification des spondyloarthrites axiales
L'autorisation de mise sur le marché (AMM) d'ENBREL dans le traitement de seconde intention de la spondylarthrite axiale non radiographique a été accordée en juillet 2014 (notre article du 14 janvier 2015).

Elle concerne les présentations à 25 mg en flacon et en seringue préremplie, et à 50 mg en flacon, en seringue préremplie et en stylo prérempli. 

Cette extension d'indication prend en compte la classification des spondyloarthrites axiales définie en 2009 par un consensus d'experts international (ASAS - Assessment of SpondyloArthritis International Society), permettant notamment d'identifier les formes précoces sans signes radiologiques et notamment les patients âgés de moins de 45 ans lors de l'apparition des 1ers symptômes et ayant une rachialgie depuis au moins 3 mois.

Evaluation d'ENBREL : une efficacité significativement supérieure au placebo
L'AMM d'ENBREL dans cette indication repose principalement sur les résultats d'une étude comparant l'étanercept à un placebo menée chez 225 patients présentant une spondylarthrite axiale (Dougados M. Arthritis & Rheumatology 2014). 

Le critère de jugement principal était le pourcentage de patients avec une réponse ASAS 40 à la semaine 12 définie selon les critères suivants :
  • une amélioration d'au moins 40% par rapport à la valeur de l'inclusion, avec une amélioration absolue de 2 unités sur une échelle de 0 à 10 cm ( convertie de 0 à 100 mm) ou une amélioration de 100% des domaines qui avaient à l'inclusion un score < 2, dans au moins 3 des 4 domaines suivants :
    • activité globale de la maladie évaluée par le patient,
    • douleur nocturne et douleur dorsale,
    • capacités fonctionnelles évaluées par le score BASFI (Bath Ankylosing Spondylitis Fonctional Index),
    • inflammation du rachis définie par la moyenne des deux scores de raideur matinale (questions 5 et 6 du score BASDAI, Bath Ankylosing Spondylitis Disease Activity Index),
  • une absence de dégradation des domaines évalués.

Les résultats de cette étude ont montré une réponse supérieure chez les patients traités par étanercept à la semaine 12 : 32,38 % de répondeurs dans le bras étanercept versus 15,74 % dans le bras placebo, avec une différence statistiquement significative (IC95 % : [5,36 - 27,92], p = 0,0062 dans la population en mITT).

Dans son avis du 17 juin 2015, la Commission de la transparence précise qu'"ENBREL (étanercept) n'a pas été comparé à CIMZIA (certolizumab pegol) ou à HUMIRA (adalimumab), car ces molécules n'avaient pas l'AMM dans le traitement de la spondyloarthrite axiale active non radiographique, lors du démarrage de cette étude pivot."

Une autre étude contrôlée, randomisée, en ouvert, ESTHER (In-Ho Song and al. Ann Rheum Dis 2013), a permis d'évaluer l'efficacité de l'étanercept versus sulfasalazine sur les lésions inflammatoires rachidiennes et sacro-iliaques.
Les résultats ont mis en évidence une amélioration des lésions inflammatoires, détectées par IRM corps entier, significativement plus importante pour les patients traités par étanercept par rapport aux patients traités par sulfasalazine.

Un SMR important mais pas d'ASMR
Sur la base de ces études, la Commission de la transparence a estimé,  que le service médical rendu (SMR) d'ENBREL dans le traitement de la spondylarthrite axiale non radiographique était important (voir l'avis du 17 juin 2015). 

En l'absence d'études disponibles comparant l'étanercept à d'autres anti-TNF disposant d'une indication dans cette forme de spondylarthrite (adalimumab et certolizumab pégol), l'amélioration du service médical rendu (ASMR) a été jugée insuffisante.

La Commission considère en conclusion qu'ENBREL est une alternative à CIMZIA (certolizumab) ou HUMIRA (adalimumab), rappelant que "selon les recommandations de la Société française de rhumatologie (SFR), chez les patients atteints de spondyloarthrite ayant une perte de réponse, une inefficacité primaire ou une intolérance à un premier anti-TNF, la rotation vers un second anti-TNF peut être bénéfique" (Joint Bone Spine 2014).

ENBREL en pratique : rappel
  • Une réponse clinique habituellement obtenue en 12 semaines
Dans le traitement de la spondyloarthrite axiale non radiographique, la dose recommandée est de 25 mg d'ENBREL administrée 2 fois par semaine, ou de 50 mg administrée 1 fois par semaine.

Les données disponibles laissent supposer qu'une réponse clinique est habituellement obtenue en 12 semaines de traitement. La poursuite du traitement devra être soigneusement reconsidérée chez un patient n'ayant pas répondu dans ces délais.
 
  • Médicament d'exception et prescription réservée aux spécialistes
ENBREL est un médicament d'exception et la prescription doit être en conformité avec la fiche d'information thérapeutique :
  • prescription initiale hospitalière annuelle ;
  • prescription initiale et renouvellement réservés aux spécialistes en rhumatologie, en médecine interne, en pédiatrie ou en dermatologie.

Pour mémoire
La spécialité ENBREL présentée en seringues préremplies à 25 mg et à 50 mg, en stylo prérempli à 50 mg et en flacon à 25 mg est par ailleurs indiquée et remboursable dans :
  • la polyarthrite rhumatoïde,
  • le rhumatisme psoriasique,
  • la spondyloarthrite axiale (dont la spondylarthrite ankylosante),
  • l'arthrite juvénile idiopathique,
  • le psoriasis en plaques de l'adulte et de l'enfant. 
Ces indications sont détaillées dans la monographie VIDAL d'ENBREL.

Pour aller plus loin
Arrêté du 8 janvier 2016 modifiant la liste des spécialités pharmaceutiques remboursables aux assurés sociaux - Fiche d'information thérapeutique (Journal officiel du 13 janvier 2016, texte 31)
Arrêté du 8 janvier 2016 modifiant la liste des spécialités pharmaceutiques agréées à l'usage des collectivités et divers services publics (Journal officiel du 13 janvier 2016, texte 32)
Avis de la Commission de la Transprence (HAS, 17 juin 2015)


Sur Vidal.fr
ENBREL (étanercept) : nouvelle indication dans la spondyloarthrite axiale non radiographique (14 janvier 2015)

Les études 
  • Van der Heijde D et al. Update of the international ASAS recommendations for the use of anti-TNF agents in patients with axial spondyloarthritis. Ann Rheum Dis 2011 ; 70 : 905-908.
  • Dougados M, van der Heidje D, Sieper J, and al. Symptomatic Efficacy of Étanercept and its Effects on Objective Signs of Inflammation in Early Nonradiographic Axial Spondylarthritis A Multicenter, Randomised, Double – Blind, Placebo-Controlled Trial. Arthritis & Rheumatology 2014 ; 66 : 2091-102.
  • In-Ho Song, Anja Weib, Kay-Geert A Hermann, et al. Similar response rates in patients with ankylosing spondylitis and non-radiographic axial spondyloarthritis and non radiographic axial spondyloarthritis after 1 year of treatment with étanercept: results from the ESTHER trial. Clinical and epidemiological research. Ann Rheum Dis 2013; 72:823-5.
  • Wendling D et al. Recommendations of the French Society for Rheumatology (SFR) on the everyday management of patients with spondyloarthritis, Joint Bone Spine 2014 ; 81:6-14

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