#Médicaments #Prise en charge

Reprise de la hausse des dépenses de médicaments de ville liée aux nouveaux traitements de l’hépatite C

Après deux années de baisse, les dépenses liées aux remboursements de médicaments sont reparties à la hausse en 2014 (+ 3,8 %), pour un total de 23 milliards d’euros remboursés (22,1 en 2013).
 
Cette "hausse exceptionnelle résulte exclusivement de l’arrivée des nouveaux antiviraux d’action directe (NAAD) dans le traitement de l’hépatite C", précise l’Assurance Maladie qui a présenté ces chiffres le 15 octobre 2015.

A l’inverse, une baisse des remboursements de 1 % a été constatée en 2014 sur les médicaments délivrés en officine (hors rétrocession hospitalière).

Ce point de l’Assurance Maladie comporte d’autres informations sur l’évolution des dépenses liées aux médicaments, avec notamment les médicaments les plus remboursés, en officine (HUMIRA, CRESTOR et DOLIPRANE) et en rétrocession hospitalière.
15 Octobre 2015 Image d'une montre5 minutes icon 4 commentaires
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L'Assurance Maladie analyse des dépenses à partir des données de remboursements de médicaments délivrées par les pharmacies de ville par l'ensemble des régimes obligatoires d'Assurance Maladie.

Reprise de la croissance des dépenses de médicaments de ville en 2014
Les dépenses de médicaments de ville comportent :
- les dépenses liées à la délivrance de médicaments remboursables en officine : 20,3 milliards d'euros en 2014 (- 1 % par rapport à 2013) ;
- les dépenses liées à la rétrocession hospitalière (vente de médicaments aux patients non hospitalisés par les établissements de santé et faisant donc l'objet d'un remboursement en soins de ville) : ces dépenses ont fortement augmenté en 2014, à 2,7 milliards d'euros, contre 1,6 en 2013 (+ 63,6 %).

L'augmentation résultante de l'addition de ces deux sous-dépenses est donc de 3,8 % par rapport à 2013 :

 
Une augmentation due à l'accès à l'innovation dans le traitement de l'hépatite C
Cette forte augmentation est liée à l'arrivée sur le marché des nouveaux antiviraux d'action directe dans le traitement de l'hépatite C (SOVALDI, DAKLINZA, OLYSIO, HARVONI, etc.), qui apportent une innovation thérapeutique importante (voir VIDAL Reco Hépatite C).
 
Pour l'Assurance Maladie, "il est donc plus que jamais nécessaire de gagner en efficience dans la prescription courante pour financer l'innovation. L'enjeu est majeur si l'on veut continuer à faire en sorte que ces traitements puissent être accessibles de manière rapide et équitable pour les patients qui doivent en bénéficier".

Maintien des économies liées aux génériques et aux baisses de prix
En 2014, les économies imputables aux génériques s'élèvent à 1,73 milliard d'euros, toujours selon les calculs de l'Assurance Maladie :
 

Ce maintien des économies a été réalisé grâce à l'intensification de l'effort de substitution en officine, qui atteint 83,3 % fin 2014 sur le répertoire actuel (élargi à plusieurs reprises en 2014 et 2015).

Les baisses des prix des médicaments en 2014 ont représenté une économie de 818 millions d'euros et ont donc également contribué à la baisse des dépenses annuelles hors rétrocession.
 
Autres facteurs influant sur la croissance des dépenses de médicaments remboursables
L'Assurance Maladie constate une augmentation du taux de prise en charge du médicament de ville (82 % en 2014, contre 81 % en 2013), augmentation liée à la hausse des dépenses remboursées à 100 % (ALD – affections de longue durée).

Les volumes de médicaments délivrés ont également légèrement augmenté (0,7 %), en particulier ceux d'antalgiques (lien avec l'épidémie de grippe 2014 – 2015 particulièrement intense ?) et d'antimigraineux.
 
Les 10 premiers médicaments remboursés délivrés en officine
Ces 10 médicaments totalisent 2,65 milliards d'euros de remboursements (sur 20,3 milliards), contre 2,8 en 2013 :
 

L'HUMIRA est donc le 1er médicament de ville remboursé, suivi par le CRESTOR, dont les volumes sont cependant en baisse depuis les mesures mises en place par l'Assurance Maladie pour limiter sa prise en charge (voir notre article de septembre 2014).

En troisième position, le DOLIPRANE enregistre une nouvelle hausse de ses dépenses, probablement en raison du contexte épidémique hivernal.

Le LUCENTIS est passé de la 1ère à la 4ème place en raison de plusieurs baisses de son prix et de l'arrivée sur le marché d'un concurrent, l'EYLEA (report des prescriptions). Il faudra attendre l'année prochaine pour évaluer l'impact de la RTU accordée à l'AVASTIN dans la même indication (voir notre article d'Août 2015).
 
Les 10 premiers médicaments remboursés en rétrocession hospitalière
Les trois traitements de l'hépatite C (SOVALDI [sofosbuvir], DAKLINZA [daclastavir], OLYSIO [simeprevir]) sont donc dans les 10 premiers. Ces 10 médicaments totalisent 1,5 milliard d'euros de remboursement (sur 2,7) :  
 

Les classes thérapeutiques dont les remboursements ont le plus augmenté
D'une manière générale, en 2014, les classes thérapeutiques remboursées qui ont le plus augmenté sont :
  1. Les traitement de l'hépatite : + 206 %, soit 408 millions d'euros de plus par rapport à 2013
  2. Les traitements du cancer : + 8,7 %, soit 162 millions de plus (croissance surtout liée aux nouveaux médicaments, dont le XTANDI, le XGEVA et ZYTIGA)
  3. Les médicaments antirhumatismaux spécifiques : + 10,9 %, soit 80,5 millions de plus
  4. Les médicaments antidiabétiques : + 3,3 %, soit 44,3 millions de plus
  5. Les traitements de la DMLA : + 7,4 %, soit 34 millions de plus, croissance se faisant donc sur EYLEA. 
  6. Les médicaments de la sclérose en plaques : + 7,9 %, soit 29,1 millions en plus (GILENYA et FAMPYRA).

A l'inverse, les remboursements des antihypertenseurs, hypolipémiants, antidépresseurs, anti-infectieux et traitements de l'Alzheimer ont baissé en 2014. 
 
Premier semestre 2015 : les tendances 2014 se confirment
Au premier semestre 2015, les médicaments remboursés représentent une hausse de 4,5 % par rapport au premier semestre 2014. Cette augmentation est aussi liée à une forte hausse des dépenses de rétrocession hospitalière (+ 56,8 %), en particulier des traitements de l'hépatite C, tandis que les dépenses de médicaments d'officine continuent à baisser (- 0,4 %).

Les médicaments de spécialités sont, globalement, toujours un facteur de hausse des dépenses (hépatite C, antirhumatismaux, traitements du cancer).

L'ouverture des données de l'Assurance Maladie va s'accentuer en 2015, avec OPEN MEDIC et un nouvel Hackathon
L'Assurance Maladie va prochainement mettre en ligne des données mensuelles pour chaque médicament remboursé, avec des indications sur la consommation en date de remboursement, en nombre de boîtes remboursées et en valeur. Un espace sur son site, ameli.fr, sera ouvert le 19 octobre 2015 (rubrique "statistiques et publications") pour fournir un accès public à de multiples données sur le médicament.

Un nouveau jeu de données annuelles enrichi (OPEN MEDIC) va aussi être mis en ligne d'ici la fin de l'année. OPEN MEDIC permettra d'accéder à des données anonymisées supplémentaires sur les patients (nombre total, classe d'âge et sexe, exonération du ticket modérateur, etc.) et sur les prescripteurs (spécialité, région, etc.).

Un nouvel Hackathon (évènement collaboratif avec des développeurs, programmateurs, etc.) sur le thème "l'Usage du Médicament", après celui de janvier 2015, sera également organisé d'ici fin 2015 "pour mieux faire connaître les données disponibles sur le médicament et en encourager une plus large utilisation", résume l'Assurance Maladie.
 
En savoir plus :
Dépenses de médicaments de l'année 2014 et du premier semestre 2015 une dynamique portée par l'arrivée de nouveaux médicaments de spécialité, Assurance Maladie, 15 octobre 2015
Retour sur le premier Hackathon « données de santé », etalab.gouv.fr, 2 février 2015
 
Sur VIDAL.fr :
AVASTIN (bevacizumab) : remboursement autorisé dans le traitement de la DMLA (août 2015)
Hépatite C : la Reco Vidal a été actualisée, intégrant les nouveaux antiviraux à action directe (AAD) (janvier 2015)
Prise en charge de la rosuvastatine et de l'ézétimibe : accord préalable nécessaire (septembre 2014)
Baisse des dépenses liées aux médicaments de ville en 2013, mais hausse des volumes de prescriptions (avril 2014)
Sources

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The Pharmacist Il y a 8 ans 0 commentaire associé
Dérembourser le Paracétamol signifirais que nous considérerions le traitement de la douleur comme un traitement de confort Jls 71...
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