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CYRAMZA (ramucirumab) : nouveau principe actif dans la prise en charge du cancer gastrique avancé

CYRAMZA 10 mg/ml solution à diluer pour perfusion est un nouvel agent antinéoplasique, disponible à l'hôpital, pour le traitement de seconde ligne des patients adultes atteints d'un cancer gastrique avancé ou d'un adénocarcinome de la jonction gastro-œsophagienne.

CYRAMZA est utilisé en association avec le paclitaxel ou seul si le paclitaxel n'est pas approprié.

Son principe actif, le ramucirumab, est un nouvel anticorps monoclonal spécifique du récepteur du VEGF-2 (facteur de croissance endothélial vasculaire de type 2).

Un plan de gestion des risques accompagne la commercialisation de ce médicament.
Une surveillance renforcée est nécessaire lors du traitement par CYRAMZA.
David Paitraud 02 juin 2015 Image d'une montre5 minutes icon Ajouter un commentaire
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Adénocarcinome peu différencié de l'estomac (image @ Wikimedia).

Adénocarcinome peu différencié de l'estomac (image @ Wikimedia).


CYRAMZA 10 mg/ml solution à diluer pour perfusion (ramucirumab) est indiqué :
  • en association avec le paclitaxel, dans le traitement des patients adultes atteints d'un cancer gastrique avancé ou d'un adénocarcinome de la jonction gastro-œsophagienne dont la maladie a progressé après une chimiothérapie à base de sels de platine et de fluoropyrimidine ;
  • en monothérapie, dans le traitement des patients adultes atteints d'un cancer gastrique avancé ou d'un adénocarcinome de la jonction gastro-œsophagienne dont la maladie a progressé après une chimiothérapie à base de sels de platine ou de fluoropyrimidine et pour lesquels un traitement en association avec le paclitaxel n'est pas approprié.

Ce nouveau médicament anticancéreux fait l'objet d'une surveillance supplémentaire qui permettra l'identification rapide de nouvelles informations relatives à la sécurité (plan de gestion des risques).
Les professionnels de la santé déclarent tout effet indésirable suspecté.

En France, CYRAMZA a bénéficié d'une ATU (autorisation temporaire d'utilisation) de cohorte jusqu'au 19 décembre 2014. L'AMM (autorisation de mise sur le marché) européenne lui a été octroyée le 18 mars 2015.

CYRAMZA est disponible sous 2 conditionnements :
  • en flacon de 10 ml, soit une quantité de 100 mg de ramucirumab ;
  • en flacon de 50 ml, soit une quantité de 500 mg de ramucirumab.

Dans tous les cas, 1 ml de solution à diluer pour perfusion contient 10 mg de ramucirumab.

A propos du ramucirumab
Le ramucirumab est un nouvel anticorps humain dont l'action bloque spécifiquement le récepteur du VEGF (facteur de croissance endothélial vasculaire) de type 2.

Le récepteur du VEGF peut être présent en concentrations élevées chez les patients atteints d'un cancer gastrique et favorise le développement de nouveaux vaisseaux sanguins (angiogenèse) qui alimentent les tumeurs.

En se fixant au récepteur du VEGF, le ramucirumab empêche cette action, réduit l'apport sanguin aux tumeurs et ralentit la progression du cancer.

[édit 10/06] Les études d'efficacité retenues pour cette AMM
Cette AMM repose notamment sur les résultats de 2 études randomisées de phase 3.
 
La première étude a été réalisée chez 355 patients qui présentaient un cancer gastrique localement récurrent et non résécable ou métastatique  après une chimiothérapie à base de sels de platine ou fluoropyrimidine (étude "REGARD", The Lancet, janvier 2014). 
 
Une amélioration "statistiquement significative de la survie globale a été observée chez les patients traités par Cyramza par rapport aux patients sous placebo (hazard ratio [HR] 0,776 ; IC 95 % : 0,603 à 0,998 ; p= 0,0473)", résume le RCP du produit. Concrètement, l'amélioration médiane constatée de la survie dans cette étude était d'1,4 mois : "diminution de 22 % du risque de décès et  augmentation de la survie médiane de 5,2 mois pour Cyramza par rapport à 3,8 mois pour le placebo". 
 
La deuxième étude a été menée auprès de 665 patients atteints, comme les patients de l'étude REGARD, d'un cancer gastrique localement récurrent et non résécable ou métastatique après une chimiothérapie à base de sels de platine et de fluoropyrimidine, avec ou sans anthracycline (étude "RAINBOW", The Lancet Oncology, octobre 2014).
 
Selon les données de cette étude, également reprises dans le RCP du produit, la survie globale était aussi "statistiquement et significativement améliorée chez les patients traités par Cyramza + paclitaxel par rapport à ceux traités par placebo + paclitaxel (HR 0,807 ; IC 95 % : 0,678 à 0,962 ; p=0,0169)".

Cette augmentation de la survie globale, un peu plus élevée que dans l'étude REGARD, s'élève à 2,3 mois en moyenne : 9,63 mois de survie moyenne dans le groupe Cyramza + paclitaxel vs 7,36 mois dans le groupe placebo + paclitaxel. [/édit 10/06] 

Deux schémas posologiques : avec ou sans paclitaxel
Le traitement par ramucirumab doit être initié et supervisé par un médecin expérimenté en cancérologie.
Il doit être poursuivi jusqu'à progression de la maladie ou survenue d'une toxicité inacceptable.

On distingue 2 schémas posologiques pour CYRAMZA :
  • en association avec le paclitaxel :
    • la dose recommandée de ramucirumab est de 8 mg/kg les jours 1 et 15 d'un cycle de 28 jours avant la perfusion de paclitaxel,
    • la dose recommandée de paclitaxel est de 80 mg/m2 administrée en perfusion intraveineuse de 60 minutes environ les jours 1, 8 et 15 d'un cycle de 28 jours. Avant chaque perfusion de paclitaxel, il convient d'effectuer une numération globulaire complète et une analyse biochimique du sang afin d'évaluer la fonction hépatique ;
  • en monothérapie : la dose recommandée de ramucirumab est de 8 mg/kg toutes les 2 semaines.

Prémédication recommandée
Une prémédication est recommandée :
  • avant la perfusion de ramucirumab, avec un antihistaminique H1 ;
  • lors de toutes les perfusions ultérieures en cas de survenue d'un effet indésirable de Grades 1 ou 2 lié à la perfusion (selon les critères communs de toxicité (CTC) du National Cancer Institute [NCI CTCAE]).

Si un patient présente un deuxième effet indésirable de Grade 1 ou 2 lié à la perfusion (ELP), il convient d'administrer : 
  • du dexaméthasone (ou équivalent) ; 
  • puis, pour les perfusions ultérieures, les médicaments suivants ou leurs équivalents : antihistaminique H1 en intraveineuse, paracétamol et dexaméthasone.

Surveillance renforcée : les paramètres à contrôler
Les patients traités par ramucirumab font l'objet d'une surveillance renforcée. Les paramètres biologiques et cliniques suivants doivent notamment être contrôlés :
  • Tension artérielle : elle doit être contrôlée avant chaque administration de ramucirumab.
    • Le traitement par ramucirumab doit être interrompu temporairement en cas d'hypertension sévère jusqu'au contrôle par une prise en charge médicale.
    • L'arrêt du traitement par ramucirumab est définitif en cas d'hypertension grave non contrôlée.
  • Protéinurie :
    • Le traitement par ramucirumab doit être interrompu temporairement si la protéinurie est >= 2 g/24 heures. La reprise, à dose réduite, peut être envisagée quand la protéinurie repasse sous la barre des 2 g/24 heures.
    • Le traitement par ramucirumab doit être arrêté définitivement si la protéinurie est > 3 g/24 heures ou en cas de syndrome néphrotique.
  • Numération globulaire et paramètres de coagulation. Ils doivent être surveillés :
    • chez les patients atteints d'affections prédisposant aux saignements ;
    • et chez ceux traités par anticoagulants ou tout autre médicament concomitant augmentant le risque de saignement.
  • Hypersensibilité : les patients doivent être surveillés pendant la perfusion afin d'identifier tout signe d'hypersensibilité. Les symptômes incluent : rigidité/tremblements, douleurs dorsales/spasmes, douleur et/ou oppression thoracique, frissons, bouffées vasomotrices, dyspnée, respiration sifflante, hypoxie et paresthésie.

Contraception obligatoire pendant et après le traitement
Il faut conseiller aux femmes en âge de procréer d'éviter toute grossesse pendant un traitement par CYRAMZA et les avertir du risque potentiel pour la grossesse et le fœtus.

Les femmes en âge de procréer doivent utiliser une méthode de contraception efficace pendant le traitement par ramucirumab et jusqu'à 3 mois après la dernière dose de traitement par ramucirumab.

Identité administrative
  • Liste I
  • Médicament réservé à l'usage hospitalier
  • Prescription réservée aux spécialistes et services de cancérologie et d'oncologie médicale
  • Surveillance particulière pendant le traitement
  • Flacon unitaire de 10 ml, CIP 3400955000273
  • Flacon unitaire de 50 ml, CIP 3400955000297
  • Agrément aux collectivités et prise en charge en relais de l'ATU de cohorte
  • Laboratoire Lilly

Pour aller plus loin
RCP de CYRAMZA (EMA, 21 janvier 2015)
Résumé à l'intention du public (EMA, mise à jour du 11 février 2015)
Résumé (en anglais) des mesures du plan de gestion des risques de CYRAMZA (EMA, 22 janvier 2015)

Ramucirumab monotherapy for previously treated advanced gastric or gastro-oesophageal junction adenocarcinoma (REGARD): an international, randomised, multicentre, placebo-controlled, phase 3 trial, Fuchs CS et coll., The Lancet, janvier 2014
Ramucirumab plus paclitaxel versus placebo plus paclitaxel in patients with previously treated advanced gastric or gastro-oesophageal junction adenocarcinoma (RAINBOW): a double-blind, randomised phase 3 trial, Wilke H et coll., The Lancet Oncology, octobre 2014

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