#Santé publique

Enquête sur les 52 000 patients ayant consulté aux urgences le 11 juin 2013

Les urgences, un des piliers de la médecine de premier recours avec la médecine générale, sont-elles en permanence surchargées, exposant les patients à des heures et des heures d’attente ?

Pas vraiment, mais cela dépend des motifs de consultation, répond la DREES (Direction de la recherche, des études, de l’évaluation et des statistiques), qui a analysé les modalités de venue, de prise en charge et de sortie des 52 000 patients ayant consulté aux urgences en France métropolitaine le 11 juin 2013, période située en dehors des épidémies saisonnières.

Zoom sur les principaux enseignements du volet "patients" de cette étude, en particulier les motifs de consultation aux urgences.
31 juillet 2014 Image d'une montre4 minutes icon 2 commentaires
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Les accidents, la traumatologie sont le premier motif de consultation aux urgences (illustration).

Les accidents, la traumatologie sont le premier motif de consultation aux urgences (illustration).


Une "photographie de l'activité des urgences et une genèse des recours"
Cette enquête, effectuée par interrogatoire des patients et questionnaire, a été réalisée en partenariat avec la Société française de médecine d'urgence (SFMU),  les SAMU-Urgences de France (SUdF) et l'Association des médecins urgentistes de France (AMUF).

Le mardi 11 juin 2013, de 8 heures au lendemain 8 heures, 52 018 passages ont été enregistrés dans 734 des 736 points d'accueil enregistrés, ce qui correspond à la moyenne journalière estimée (18,7 millions de passages par an…).

Environ 1 personne sur 1000 s'est donc rendue aux urgences le 11 juin 2013. Les taux de recours les plus élevés se situent, sans surprise, aux âges extrêmes de la vie (2/1 000 pour les enfants de moins de 1 an, 1,5/1 000 pour les plus de 85 ans).

Des patients qui viennent en majorité de leur domicile
Les deux tiers des patients (65 %) arrivent aux urgences depuis leur domicile. 19 % proviennent de la voie publique, de leur lieu de travail ou école.  Seuls 1 % sont amenés par le SMUR (service mobile d'urgence et de réanimation), mais ils nécessitent une forte mobilisation du personnel d'emblée.

La plupart des patients se rendent aux urgences dans la journée et en début de soirée, jusqu'à 20 heures. Seul un quart des passages a lieu entre 20 heures et 8 heures, horaires où sont pourtant fermés la plupart des cabinets médicaux.

Dans 30 % des cas, le problème médical remonte à plusieurs jours
Dans 50 % des cas, la situation qui amène à consulter date du jour même. Mais dans 30 % des cas, elle remonte à plusieurs jours : un tiers des patients interrogés (17 000) avaient entrepris des démarches avant d'aller aux urgences, le plus souvent (75 %) auprès de leur médecin traitant ou d'un autre médecin. Le quart restant avait fait auparavant appel au SAMU (11 %), à un proche (11 %) ou aux pompiers (8 %).  

Le plus souvent (7 fois sur 10), il leur a été conseillé une venue directe aux urgences ou l'appel d'une ambulance pour s'y rendre.

Les 4 principaux motifs de consultation de ces patients 
Interrogés sur les raisons les ayant conduit à consulter aux urgences, deux tiers des patients avancent au moins deux motivations.

Les enquêteurs de la DREES les ont classées en 4 grandes catégories :
- le "motif médical" : cas où les urgences apparaissent médicalement les plus adaptées au problème de santé. Dans 3 cas sur 10, il s'agissait d'un accident. Pour 2 personnes sur 10, c'était la gravité présumée ("je pensais que c'était grave"), et pour 1 sur 10, l'angoisse ;
- la facilité d'accès aux urgences : proximité géographique permettant un règlement rapide du problème (27 %), disponibilité de plateau technique permettant de faire des examens complémentaires (23 %), horaires (3 %) ou gratuité (2 %) ;
- le recours par défaut, en deuxième choix : difficulté ou impossibilité de trouver une réponse au sein de l'offre libérale de soins (absence du médecin traitant, impossibilité de trouver un rendez-vous pour passer des examens rapidement) ;
- Autres circonstances, incluant les patients amenés par les pompiers ou le SAMU


 
Les diagnostics des patients à la sortie des urgences 
Les lésions traumatiques sont un motif de consultation particulièrement fréquent, en particulier chez les 10-14 ans et les plus de 65 ans. Elles constituent également, logiquement, le diagnostic de sortie le plus fréquent (40 % des patients). Dans 15,6 % des cas, il s'agissait de lésions des extrémités (poignet, main, cheville pied).

Deuxième diagnostic de sortie le plus fréquent (17 %) : les "symptômes, signes et résultats anormaux d'examens cliniques ou de laboratoires peu précis". Ces signes non spécifiques, qui sont également le lot d'une partie importante de la médecine générale, comportent la fatigue, les maux de tête ou la fièvre (6 %), des douleurs abdominales (4 %), des symptômes circulatoires ou respiratoires (4 %).

Viennent ensuite les affections identifiées : ostéo-articulaires (5,8 %), digestives, endocriniennes, immunitaires (5,5 %),  respiratoires (5,3 %), génito-urinaires (3,2 %), ORL (3,1 %), cardiovasculaires (2,7 %), infectieuses (2,5 %) et neurologiques (2 %).  

Environ 4 % des patients sont sortis avec un diagnostic de "troubles mentaux".

Durée totale de présence aux urgences : le plus souvent, moins de 4 heures

Pour près de 8 patients sur 10, la durée du séjour aux urgences a duré moins de 4 heures (rappelons que cette enquête a été effectuée hors épidémies saisonnières, épisodes probablement marqués par une attente moyenne supérieure) :


La DRESS rappelle qu'une enquête réalisée en 2002 auprès de 3 000 patients non hospitalisés indiquait des valeurs comparables.
 
Un patient sur 5 hospitalisé après son passage aux urgences
Les trois quarts des patients rentrent chez eux après leur passage aux urgences, mais 19,9 % sont hospitalisés.

Les patients étaient davantage hospitalisés lorsque le conseil final de se rendre aux urgences émanait d'un médecin, du SAMU ou des pompiers : 30 %, versus 10 % pour les patients venus de leur propre initiative.

Dans 90 % des cas de lésions traumatiques, d'arthropathie ou d'affection respiratoire, les patients rentrent chez eux ou en EHPAD (Établissement d'hébergement pour personnes âgées dépendantes).

Par ailleurs, 2 % des patients ont quitté les urgences sans attendre et 0,5 % sont partis contre l'avis médical.
 
Que pensez-vous de ces résultats ? Au-delà, comment imaginer une meilleure complémentarité entre les urgences et la médecine libérale, générale ou non ? N'hésitez pas à réagir ci-dessous ou sur notre forum !

 
En savoir plus :
Urgences : la moitié des patients restent moins de deux heures, hormis ceux maintenus en observation, Bénédicte Boisguérin et Hélène Valdelièvre, Études et Résultats, n°889, DREES, 30 juillet 2014

Commentaires

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licorne84 Il y a 9 ans 0 commentaire associé
La solution me semble être un service de porte avec orientation des patients différente selon la gravité. L'accueil serait assuré par des internes ou des jeunes médecins ou des volontaires libéraux comme ça se passe déjà dans les maisons médicales attachées à certains hôpitaux. Et pourquoi ne pas envisager une grande campagne nationale sur les médias télé ?
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