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Etude : les femmes âgées les plus actives sont en meilleure santé physique, mais aussi cognitive

Les bienfaits de l’activité physique, en particulier cardiovasculaires et psychiques, ont été largement étudiés. Par contre, peu d’études ont recherché d’éventuels bienfaits cognitifs chez les femmes ménopausées et actives physiquement, alors même que le vieillissement des populations et l’augmentation de la prévalence des démences inquiète.
 
Selon une revue de la littérature menée par le Pr Debra Anderson et ses collaborateurs et publiée fin juin dans la revue Maturitas, plusieurs études de qualité sur ces populations ont tout de même été effectuées. Elles retrouvent toutes un bénéfice cognitif significatif associé à la pratique d’une activité physique "modérée à intense", ce qui devrait davantage inciter à la prescription de telles activités. Ces études confirment également les autres intérêts santé de la lutte contre la sédentarité des personnes âgées.
17 juillet 2014 Image d'une montre4 minutes icon Ajouter un commentaire
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21 études ont exploré l'impact d'une activité physique "modérée à intense" après 65 ans
Cette revue systématique a regroupé des études épidémiologiques et expérimentales, des essais randomisés contrôlés et des études de cohortes prospectives et rétrospectives.
 
Les études sélectionnées par les auteurs incluaient des femmes de 65 ans ou plus, exerçant une activité, avec pour chaque étude un groupe de comparaison "repos ou activité physique de la vie courante". Le critère d'évaluation primaire était une diminution des capacités soit physiques, soit cognitives, des capacités fonctionnelles ou de l'état général de santé (ou d'une combinaison de ces paramètres). Les patientes avec une maladie invalidante ou une baisse des capacités cognitives avérées étaient exclues du fait d'une interférence probable, empêchant alors la pratique d'une activité sportive.
 
Après l'application de tous les critères d'exclusion (mauvaise méthodologie, critère d'inclusion non respecté, population trop faible, etc.), 21 études ont été retenues.
 
L'activité physique associée à une diminution significative du déclin cognitif
Seules 5 des 21 études retenues étaient centrées sur le déclin cognitif et l'activité physique après 65 ans. Ces 5 études  ont montré que l'activité physique était associée à un moindre déclin cognitif (évalué par questionnaires, exercices de mémorisation, de curiosité, d'exploration), en particulier chez les femmes exerçant une activité physique "vigoureuse" au moins une fois par semaine. La fluence verbale et la mémorisation sont en particulier significativement meilleures chez les femmes actives (M.C. Aichberger et coll., 2010).  
 
D'autres facteurs associés à des troubles de la cognition ont été identifiés (Tsubota-Utsugi M et coll., 2011) : le tabagisme actif (+ 58 % de risque, IC = 1,06 – 2,36), l'excès de sommeil (OR = 2,15, IC = 1,49 – 3,11) et l'impression, suggestive, d'être en mauvaise santé (OR = 1,93, IC = 1,40 – 2,67).

Par ailleurs, selon une étude rétrospective effectuée auprès de plus de 9 000 Américaines de plus de 65 ans (Middleton LE et coll., 2010), débuter une activité physique à l'adolescence est le facteur le plus fortement associé à une diminution du déclin cognitif (-27%, IC 0.58-0.92), mais devenir actif plus tard est également associé à un moindre déclin par rapport aux femmes restant sédentaires.
 
Une moindre mortalité et une meilleure santé physique
Les études récentes retenues par Debra Anderson et ses collaborateurs ont confirmé d'autres bénéfices plus traditionnellement associés à la pratique d'une activité physique après la ménopause :
- Une diminution de la mortalité : une étude américaine (Nicklett, E.J et coll., 2012) a montré une diminution de la mortalité toutes causes confondues chez les femmes ménopausées de plus de 70 ans actives (risque diminué de 72% : OR = 0,28, IC = 0,13 - 0,59) par rapport aux sédentaires. Une étude taïwanaise menée sur un an (Chen, L.J et coll., 2012) a également montré un surrisque de mortalité de 98 % chez les femmes sédentaires (IC = 1,36 – 1,89) par rapport aux femmes actives.
- Une meilleure santé : une étude américaine (Earnest, C.P. et coll., 2012) a montré que, chez les femmes de plus de 60 ans de l'étude, la capacité respiratoire à l'effort (VO2 max) augmentait avec l'intensité de l'exercice. Une étude anglaise (Hamer, M. et coll., 2013), qui a examiné le vieillissement sain (pas de maladie chronique, pas de gêne physique, état cognitif sain) sur 8 ans, a montré un effet dose dépendant sur la participation à des efforts modérés ou soutenus, quelque soit l'âge de commencement (OR = 3,37, IC = 1,67 - 6,78) et pour celles qui continuent l'exercice physique (OR = 7,68, IC = 4,18 - 14,09), indépendamment du poids corporel. Des résultats cohérents avec une autre méta-analyse parue en 2009 dans le JAMA.
- Une meilleure "qualité de vie liée à la santé" : une étude randomisée retenue par les auteurs (Teri, L. et coll., 2011) a montré que parmi 273 seniors (62 % de femmes), le groupe "activité physique" décrivait une meilleure qualité de vie (p = 0,03), une meilleure sensation de self contrôle (p = 0,009) et une plus grande "vitalité" (p = 0,04) que le groupe contrôle. Cette différence s'est maintenue 1 an après l'intervention (ainsi que de nouvelles différences positives sur le sentiment d'inquiétude, la dépression, le bien-être ressenti).
 
En conclusion : des bienfaits à encourager, y compris à domicile
Parmi les limites de cette revue de la littérature, on note la non compliance élevée, jusqu'à 15 %, en raison de contraintes, entre autres, liées au temps. Une autre limite était liée à la qualité des études, en effet de nombreuses différences méthodologiques ont conduit à une grande hétérogénéité des résultats.

Mais ces résultats vont tout de même tous dans le même sens, comme le résume le Pr. Debra Anderson : "les études montrent clairement qu'une activité modérée à intense pourrait bénéficier à la santé physique et mentale, en particulier lorsque cette activité s'inscrit dans de plus vastes changements positifs pour la santé".
 
Les meilleurs résultats étaient obtenus avec des exercices assez soutenus, au-delà de la simple marche. Les activités physiques donnant les meilleurs résultats sont, selon le Pr Anderson, "le jogging, la course, la randonnée, la natation et l'équitation". Mais l'activité physique à domicile, plus facile à intégrer dans le cadre des activités quotidiennes, est également bénéfique. Pour le Pr. Anderson toujours, "en sus des traitements conventionnels pour la santé physique et mentale, les professionnels de la santé devraient [donc] prescrire des programmes d'exercices sur mesure pour les femmes plus âgées".
 
Besma Sidia et Jean-Philippe Rivière
 
En savoir plus :
Can physical activity prevent physical and cognitive decline in postmenopausal women?, Debra Anderson et coll, Maturitas, 20 juin 2014
Exercise is the best medicine: QUT study, Interview du Pr Anderson, healthcanal.com, 11 juillet 2014
Sources

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