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Allergies : une étude montre l’influence de l’exposition des nouveau-nés aux allergènes et aux bactéries

Depuis plusieurs décennies, une hypothèse est soulevée : l’explosion des allergies dans le monde occidental serait-elle liée à une hygiène trop prononcée des nouveau-nés ("théorie hygiéniste") ? Faudrait-il, dans ce cas, inciter les mamans à ne pas surprotéger leurs nourrissons, afin d’éviter une sensibilisation allergique ultérieure ?

Une nouvelle étude, réalisée auprès de 467 bébés américains à risque semble confirmer cette hypothèse, même s'il est encore trop tôt pour en tirer des conclusions définitives.
23 juin 2014 Image d'une montre3 minutes icon Ajouter un commentaire
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Les nourrissons exposés aux allergènes de chat, de souris et/ou de blattes présenteraient moins de signes allergiques à l'âge de 3 ans.

Les nourrissons exposés aux allergènes de chat, de souris et/ou de blattes présenteraient moins de signes allergiques à l'âge de 3 ans.


Une enquête poussée menée sur 467 nourrissons à risque et leur environnement
Susan Lynch et ses collaborateurs ont suivi, pendant 3 ans, 467 nourrissons "à risque élevé d'asthme" (au moins un des deux parents est allergique) et vivant dans une zone urbaine présentant au moins 20 % de résidents vivant sous le seuil de pauvreté.

Ils ont évalué à domicile les niveaux et types d'allergènes présents dans l'environnement des nourrissons (prélèvement d'échantillons de poussière). Ces échantillons ont aussi permis de cartographier le microbiote (flore bactérienne) de leur foyer.

Ils ont également mesuré chaque année la sensibilité allergique des nourrissons (taux d'IgE spécifiques) face aux principaux allergènes : lait, œufs, cacahuètes, blattes. A l'âge de 2 et 3 ans, des allergies aux acariens, chiens, chats, souris et moisissures ont été recherchées. Des tests cutanés envers les principaux allergènes ont été effectués à l'âge de 33 mois.

Résultat : les enfants les plus exposés la première année sont devenus les moins allergiques
Les nourrissons qui vivaient leur première année dans des maisons pleines d'allergènes de souris, chats et blattes présentaient moins d'épisodes d'essoufflement avec respiration sifflante ("wheezing", signant un rétrécissement bronchique) que ceux qui vivaient dans des maisons qui en étaient dépourvues (p < 0,05).

De plus, un effet additif a été constaté : si l'enfant était exposé à plus d'un de ces 3 types d'allergènes, le risque de présenter des épisodes de wheezing diminuait encore (17 % si les 3 allergènes étaient présents, versus 51 % pour les nourrissons exposés à aucun de ces allergènes).

Par contre, il n'a pas été retrouvé de diminution des risques avec une exposition précoce aux acariens et aux chiens (p > 0,05).

Une plus grande variété de bactéries protègerait également contre les allergies
L'analyse du microbiote des maisons de ces nourrissons a montré que les enfants qui ne présentaient pas de wheezing ni d'allergies à 3 ans avaient grandi non seulement au milieu d'allergènes domestiques, mais étaient aussi plus susceptibles de vivre dans une maison comportant une plus grande variété d'espèces bactériennes : seuls 8 % des enfants allergiques à 3 ans avaient grandi dans une maison riche en allergènes et en variétés bactériennes, contre 41 % des enfants non allergiques.

En conclusion : ne pas se focaliser sur l'éviction des allergènes des nouveaux-nés ?
Cette étude semble confirmer le résultat de certaines études mentionnées par les auteurs. Celles-ci avaient montré que l'exposition néo-natale à certains allergènes animaux pouvait diminuer le risque de survenue d'allergies dans l'enfance (Bufford JD et coll., Clin Exp Allergy 2008 ;  Ownby DR et coll., JAMA 2002 ; Chen CM et coll., J Allergy Clin Immunol. 2007).

Elle montre aussi une influence de l'écosystème bactérien dans lequel grandit le nourrisson, même s'il est encore difficile d'identifier d'éventuelles bactéries protectrices. Les auteurs estiment cependant que le contact du nourrisson avec la poussière de son foyer pourrait influencer la composition de son microbiote intestinal ("flore intestinale"), influence qui "produirait des métabolites protecteurs contre le développement de l'allergie et du wheezing". Ces expositions microbiennes néo-natales pourraient aussi influencer le microbiote de leurs poumons et donc leur immunité, leurs réponses inflammatoires aux allergènes.

Mais il reste encore de nombreux biais à éliminer, en particulier ceux liés aux changements survenant dans l'environnement des enfants (modification des allergènes potentiels, par exemple avec l'arrivée d'un chat, l'éviction de souris, etc. ) et à d'éventuels surrisques génétiques individuels. 

Néanmoins, si ces résultats sont confirmés par d'autres études, remplacera-t-on un jour l'éviction préventive des allergènes chez les nouveau-nés à risque par une modification de l'écosystème bactérien et allergogène ?  

En savoir plus :
Effects of early-life exposure to allergens and bacteria on recurrent wheeze and atopy in urban children, Susan V Lynch et coll., Journal of Allergy and Clinical Immunology, juin 2014
 

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