BILTRICIDE (praziquantel) : tensions d'approvisionnement et recommandations de bon usage

BILTRICIDE 600 mg comprimé pelliculé quadrisécable (praziquantel) est indiqué dans les infestations parasitaires par les trématodes dont :

• les bilharzioses: Schistosoma haematobium, Schistosoma intercalatum, Schistosoma japonicum, Schitosoma mansoni,
• les distomatoses: Clonorchis sinensis, Opisthorchis viverrini, Paragonimus westermani.

Ce médicament de référence dans le traitement curatif de la bilharziose fait actuellement l'objet de tensions d'approvisionnement alors que des cas groupés de bilharziose urogénitale ont été signalés en Corse du Sud (voir notre article du 17 juin 2014).

Réserver BILTRICIDE aux indications de l'AMM
Dans ce contexte, l'ANSM (Agence nationale de sécurité du médicament et des produits de santé) recommande de réserver la prescription du praziquantel :

• aux indications de l'AMM (autorisation de mise sur le marché), c'est-à-dire aux seuls traitements curatifs des bilharzioses et distomatoses ;
• pour des patients présentant des pathologies parasitaires confirmées biologiquement.

L'Agence souligne par ailleurs que :

• le praziquantel est inefficace pour prévenir ces parasitoses ;
• le praziquantel ne doit pas être prescrit dans le traitement du taeniasis (ténia) qui est une indication hors AMM. Des alternatives thérapeutiques doivent être envisagées pour cette indication.

BILTRICIDE en pratique
La dose recommandée de praziquantel dans la bilharziose urogénitale est de 40 mg/kg en 1 prise, voire 2 prises sur une seule journée.
Les comprimés doivent être pris avec un peu de liquide, sans les croquer, à la suite d'un repas si possible.
En cas de prises répétées dans la même journée, l'intervalle entre chaque prise ne doit pas être inférieur à 4 heures et ne doit pas dépasser 6 heures.

Par ailleurs, le libellé de l'AMM de praziquantel sera prochainement modifié :

• la contre-indication de ce médicament au cours du 1^er trimestre de grossesse sera levée ;
• il sera mentionné que le praziquantel est inactif sur les schistosomules (larves) lors de la phase d'invasion. 

A propos de la bilharziose
Cette parasitose, due à Schistosoma haematobium, est endémique en Afrique intertropicale, à Madagascar et au moyen-Orient.
La contamination de l'homme se fait par contact cutané diurne avec des eaux douces infestées. L'hôte intermédiaire est le bulin, un escargot vivant en eau douce.
Cliniquement, la forme urogénitale de la bilharziose se traduit par une hématurie, des cystites récurrentes, et des douleurs sus-pelviennes. Les formes asymptomatiques ou peu symptomatiques sont fréquentes.
Le diagnostic repose sur un examen sérologique (voir notre article du 17 juin 2014).

Les recommandations du HCSP
Dans son avis du 23 mai 2014, le HCSP (Haut Conseil de Santé publique) recommande de réaliser un dépistage de la bilharziose urinaire chez toute personne ayant eu un contact cutané même bref avec de l'eau (baignade, trempage d'un membre, etc.) de la rivière Cavu en Corse du Sud, entre 2011 et 2013 sur une période allant du 1er juin au 30 septembre. 
Le HCSP recommande de traiter tous les patients ayant une sérologie positive.

En terme de prévention, le HCSP recommande de :

• s'abstenir de tout contact cutané avec l'eau douce dans les zones à risque et en particulier dans la rivière Cavu ;
• s'abstenir d'uriner dans les rivières de ces mêmes zones compte tenu du mode de contamination et de la présence de bulins.

Une analyse malacologique visant à évaluer l'infection des bulins du Cavu est également recommandée.

Pour aller plus loin
Tensions d'approvisionnement en praziquantel (BILTRICIDE) dans un contexte de signalement de cas de bilharziose en Corse du Sud - Point d'Information (ANSM, 18 juin 2014)
Avis du Haut Conseil de la santé publique relatif au dépistage et au traitement des infections à Schistosoma haematobium (HCSP, 23 mai 2014)
Communiqué de presse de la Direction Générale de la Santé et dossier thématique du Ministère de la santé (16 juin 2014)

Sur VIDAL.fr
Bilharziose en Corse : recommandations de prise en charge et de traitement (17 Juin 2014)