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Greffe de flore intestinale : les recommandations de l'ANSM pour améliorer la sécurité

La transplantation de flore intestinale (ou microbiote) consiste à administrer des échantillons de selles d’un individu sain à un individu malade pour rétablir l’équilibre de sa flore intestinale. De nombreuses études semblent confirmer l’intérêt de ce traitement dans certaines indications.

En France, la transplantation fécale a récemment été encadrée par des recommandations des autorités sanitaires.
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La flore intestinale, un monde bactérien en cours d'exploration
Selon les dernières études, la flore intestinale contiendrait jusqu'à un millier d'espèces de bactéries différentes, dont seulement un tiers ont été identifiées à ce jour. Chaque personne héberge un mélange unique de ces espèces, pour un nombre total de bactéries estimé à 100 000 milliards ! L'information génétique contenue dans ces milliards de bactéries ("métagénome du microbiote") représenterait 100 à 150 fois celle contenue dans l'ADN qui constitue nos chromosomes. 

Selon la nature des bactéries présentes en plus grand nombre, les chercheurs distinguent trois groupes de flore intestinale (flores de type Bactéroïdes, Prevotella ou Clostridiales).

Lorsque, sous l'action d'une maladie ou d'un médicament, un antibiotique en particulier, la flore intestinale est déséquilibrée, on parle de "dysbiose". Cette perte de la diversité des bactéries présentes dans l'intestin semble prédisposer à certaines maladies et fait actuellement l'objet de multiples recherches, en particulier en France

Certaines bactéries, notamment Clostridium difficile, peuvent également se développert anormalement et provoquer des symptômes comme des douleurs abdominales ou des diarrhées parfois graves. Lorsque les traitements usuels ne parviennent pas à contrôler cette prolifération de clostridies, certains médecins ont désormaais recours à la "transplantation fécale" (ou "greffe fécale", "transfert de microbiote", "biothérapie fécale").

La transplantation fécale, un traitement encourageant
Lorsque une dysbiose est identifiée (par exemple un excès de Clostridium difficile) et en l'absence d'autre traitement efficace, certains médecins pratiquent une transplantation fécale. Cette transplantation consiste en quelque sorte à "greffer" la flore bactérienne d'un individu sain sur un individu malade pour rétablir l'équilibre de sa flore intestinale. Cette greffe se fait via le rectum (l'anus) avec l'appareil qui sert habituellement à examiner le côlon (colonoscope).

Ce mode de traitement a fait l'objet de plusieurs études montrant des résultats certes encourageants en cas d'infecftion récurrente à Clostridium difficile, mais qui restent néanmoins limités. Aux États-Unis, environ 500 000 transplantations fécales sont tout de même menées chaque année, essentiellement dans le traitement de troubles intestinaux après un traitement antibiotique.
 
Des recommandations sur les indications potentielles de la transplantation fécale
En mars 2014, l'Agence nationale de sécurité du médicament et des produits de santé (ANSM) a émis des recommandations autour de la transplantation fécale et souhaité voir se développer cette pratique dans le cadre d'essais cliniques destinés à évaluer son efficacité et sa sécurité.

En termes d'indications potentielles, outre les diarrhées à Clostridium difficile, l'ANSM mentionne les maladies inflammatoires chroniques de l'intestin (MICI), les troubles fonctionnels intestinaux, les maladies auto-immunes, l'obésité, etc.

Mais l'ANSM précise que la transplantation fécale devrait être limitée aux cas graves et rares, lorsque les traitements conventionnels n'ont eu aucun effet. En termes de contre-indications, elle ne signale qu'une possible baisse des capacités du système immunitaire du receveur (sous l'effet d'une maladie ou d'un traitement).
 
Le profil idéal du donneur selon l'ANSM
Dans ses recommandations, l'ANSM précise le profil "idéal" du donneur de flore et les examens à réaliser avant d'envisager une transplantation de son microbiote.

Idéalement, le donneur est âgé de 18 à 65 ans, ne souffre ni d'obésité, ni de maladie chronique, et ne reçoit pas un traitement au long cours. De plus, dans les trois mois précédant la transplantation, il n'a pas reçu d'antibiotiques, n'a pas voyagé sous les tropiques et n'a pas été hospitalisé à l'étranger. Enfin, il n'a jamais souffert de fièvre typhoïde.

Avant un don de selles, de nombreux micro-organismes doivent être recherchés dans le sang et les selles du donneur : par exemple, syphilis, VIH, CMV, virus des hépatites, toxoplasme, trichinelles, Listeria, strongles (vers intestinaux), amibes, Giardia, etc. De plus, dans un souci de traçabilité, des échantillons des selles greffées doivent être congelés et conservés au moins deux ans.

Enfin l'ANSM précise que les selles du donneur doivent être considérées comme un médicament et préparées, en vue de la transplantation, par la pharmacie d'un établissement de santé.
 
Espérons que ces recommandations stimuleront la recherche sur l'efficacité et la sécurité des transplantations de flore intestinale en France, et permettront une extension contrôlée de cette pratique dont les dernières études semblent confirmer l'intérêt.
 
En savoir plus : 
« La transplantation de microbiote fécal et son encadrement dans les essais cliniques » ANSM, mars 2014

Sur VIDAL.fr : 
MetaGenoPolis, une initiative pour mieux comprendre les milliards de bactéries du microbiote intestinal

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