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La contraception en France : utilisation de la pilule en baisse et diversification des méthodes

Les résultats de l'enquête Fecond menée par l'Inserm et l'Ined montrent une évolution des pratiques contraceptives en France depuis le débat médiatique concernant les pilules de troisième et quatrième génération.

D'une manière générale, il n'est pas observé de désaffection vis-à-vis de la contraception mais une diminution de l'utilisation des contraceptifs oraux au profit des stérilets (dispositifs intra-utérins, ou DIU), des préservatifs et des méthodes naturelles.
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En 3 ans, deux fois plus de jeunes femmes ont opté pour un dispositif intra-utérin (illustration : © BruceBlaus, Wikimedia Commons).

En 3 ans, deux fois plus de jeunes femmes ont opté pour un dispositif intra-utérin (illustration : © BruceBlaus, Wikimedia Commons).


Un an après le débat très médiatisé sur les contraceptifs oraux combinés (COC) de troisième et de quatrième génération et le risque de thrombose veineuse ayant conduit à leur déremboursement en mars 2013, l'Inserm (Institut national de la santé et de la recherche médicale) et l'Ined (Institut national d'études démographiques) présentent les résultats d'une enquête sur l'évolution des pratiques contraceptives en France.

A propos de l'enquête Fécond
Réalisée la première fois en 2010, l'enquête Fécond a pour objectif d'analyser les pratiques de contraception en France, en croisant les données médicales, démographiques et sociales. Elle a été reconduite en 2013, afin d'étudier l'impact du débat sur les pilules de 3ème et 4ème génération dans la population française. En 2013, 4 453 femmes et 1 587 hommes ont été interrogés.

Les femmes ont toujours recours à la contraception
Selon les auteurs, le débat sur les COC n'a pas entraîné de désaffection vis-à-vis de la contraception. Les données montrent que parmi les femmes concernées par la contraception (ni stériles, ni enceintes, ayant des rapports hétérosexuels et ne voulant pas d'enfant), seules 3 % n'utilisent aucune contraception, soit la même proportion qu'en 2010. 

Un changement des méthodes de contraception
Ce sont les méthodes de contraception qui semblent surtout avoir évolué, comme le souhaitaient d'ailleurs les autorités de santé en lançant la campagne "la contraception qui vous convient existe" en mai 2013. Ainsi, 1 femme sur 5 aurait changé de méthode depuis le débat sur les COC de 3ème et de 4ème génération : les femmes se tournent de plus en plus vers des méthodes comme le stérilet (DIU), les préservatifs ou des méthodes naturelles (le retrait ou l'abstinence périodique).
Source : Enquête Fécond (2013), Inserm-Ined.
Lecture : la proportion de femmes de 25-29 ans utilisant une pilule de 3e ou 4e génération a baissé 
de 21 points entre 2010 et 2013 (28 % en 2010 et 7 % en 2013).
Champ : femmes de 15-49 ans vivant en France métropolitaine, ni stériles, ni enceintes, ayant des rapports hétérosexuels et ne voulant pas d'enfant.

L'utilisation de la pilule est donc logiquement en baisse : en 2010, 50 % des femmes utilisaient un contraceptif oral alors qu'elles n'étaient plus que 41 % en 2013. Amorcée au cours des années 2000, cette baisse semble donc s'être accélérée au cours des 3 dernières années. 

Recul des COC de 3ème et 4ème génération
Sans surprise, les COC de 3ème et de 4ème génération sont les plus concernés par le recul de la contraception orale. Pour mémoire, le risque de thrombose est de 9 à 12 pour 10 000 femmes pour les pilules de 3ème génération alors qu'il est de 5 à 7 pour 10 000 femmes pour les pilules de 2ème génération. 

Alors qu'en 2010, 40 % des pilules utilisées étaient de 3ème ou 4ème génération, ce taux s'est effondré à 25 % en 2013. Cette baisse semble plus marquée chez les femmes de moins de 30 ans, à qui le stérilet est désormais plus fréquemment proposé. 

En outre, "le débat semble bel et bien avoir provoqué une désaffection à l'égard de la méthode elle-même (pilules combinées estroprogestatives), les transferts vers des pilules de 2ème génération ayant été de très faible ampleur", notent les auteurs.

Les recommandations sont-elles suivies ?
L'ANSM (Agence nationale de sécurité du médicament et des produits de santé) et la HAS recommandent l'utilisation des pilules de 2ème génération en première intention. Pour les auteurs, il est cependant trop tôt pour savoir si ces recommandations sont suivies par les professionnels de santé. Ils constatent cependant une évolution des pratiques, et plus précisément une "rupture concernant la prescription du stérilet" (dispositif intra-utérin, DIU). Il semble que des réticences soient levées quant à l'utilisation de cette méthode chez les femmes jeunes ou nullipares. Le recours au DIU est en effet passé entre 2010 et 2013 de 2 à 5 % chez les femmes de 20 à 24 ans et de 8 à 16 % chez les femmes de 25-29 ans. Les femmes elles-mêmes semblent demander de plus en plus cette méthode.

La montée des méthodes naturelles chez les femmes en situation de précarité
L'étude dévoile également les disparités entre les classes sociales en matière de contraception. Les femmes les moins diplômées et les femmes ayant des difficultés financières auraient de plus en plus recours aux méthodes naturelles (l'abstinence périodique et le retrait), qui sont aussi moins fiables : "les catégories sociales les plus précaires ont de fait une couverture contraceptive moins efficace aujourd'hui en raison d'un moindre recours à la pilule et d'une plus grande utilisation de méthodes dites naturelles", notent les auteurs.

Au contraire, les cadres et les femmes plus diplômées, chez lesquelles les pilules de 3ème et de 4ème génération étaient les plus utilisées, se tournent majoritairement vers le stérilet.

En conclusion : la pilule a moins les faveurs des femmes
"Le débat semble avoir terni l'image sociale et symbolique de la pilule", soulignent les auteurs qui rapportent que 37 % des femmes sont "tout à fait d'accord avec l'idée selon laquelle la pilule permet aux femmes d'avoir une sexualité plus épanouie", alors que ce taux était de 44 % en 2010. Plus les femmes sont jeunes, moins elles partagent cette idée. De même, cette idée est également moins partagée chez les ouvrières (34 %) que chez les cadres (47 %). Le débat sur les pilules a trouvé un écho plus important chez les femmes qui étaient déjà réticentes à l'utilisation de la pilule, et qui se plaignaient des contraintes de cette méthode et de la prise de poids.

Pour les auteurs, le débat sur les pilules estroprogestives et le contexte de crise économique sont les principaux événements ayant participé à "une diversification des pratiques contraceptives mais aussi à une recomposition des inégalités socio-économiques autour de l'accès à la contraception". 

Pour aller plus loin :
Communiqué - La crise de la pilule en France : vers un nouveau modèle contraceptif ? (Inserm, 13 mai 2014)
La crise de la pilule en France : vers un nouveau modèle contraceptif ? (N.Bajos et coll, Inserm et Ined, mai 2014)
www.choisirsacontraception.fr

Sur Vidal.fr :
Vidal Reco Contraception
Pilules 3G et 4G en baisse, pilules 1G, 2G, DIU et implants en hausse selon l'ANSM
Pilules de troisième génération : déremboursement effectif au 31 mars 2013 (mars 2013)
Contraception : la HAS publie 7 fiches mémo (mai 2013)
Remboursement intégral des contraceptifs pour les mineures : le décret est paru 
(mars 2013)

Illustration : 
 coupe schématique représentant un dispositif intra-utérin en place, légendage en français par Vidal, © BruceBlaus, Wikimedia Commons
Sources

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