#Santé publique #Données épidémiologiques

Tuberculose en Ile-de-France : la décrue est amorcée, sauf en Seine-Saint-Denis

Le BEH  (Bulletin épidémiologique hebdomadaire) du 18 mars publie une étude de l'Institut de veille sanitaire (InVS) sur l'évolution de la tuberculose en Ile-de-France entre 2000 et 2010. Les résultats montrent une évolution globalement positive, avec une incidence en baisse, sauf en Seine-Saint-Denis, où le nombre de cas déclarés stagne à 31,3 cas pour 100 000 habitants depuis 2002.
 
David Paitraud 21 mars 2014 Image d'une montre3 minutes icon Ajouter un commentaire
1
2
3
4
5
(aucun avis, cliquez pour noter)
Publicité
Évolution des taux de déclaration de tuberculose (pour 100 000 habitants) par année et par département d’Île-de-France, 2000-2010.

Évolution des taux de déclaration de tuberculose (pour 100 000 habitants) par année et par département d’Île-de-France, 2000-2010.


Un article publié dans le BEH du 18 mars 2014 présente l'évolution des cas de tuberculose dans la région Ile-de-France entre 2000 à 2010. Outre les données épidémiologiques, les auteurs ont pris en compte les données sociodémographiques (âge des patients, sexe, situation sociale) recueillies pendant 11 ans dans les huit départements de la région. 

Moins de tuberculoses déclarées en Ile-de-France 
Les données recueillies au cours de la première décennie montrent une évolution positive et une baisse de 40 % du nombre de cas de tuberculose dans cette région. De 2000 à 2010, 26 240 cas ont été déclarés en IDF, dont 1 482 chez des enfants de moins de 15 ans.

A Paris, le taux de déclaration a accusé une forte décroissance entre 2000 et 2006, passant de près de 50 cas pour 100 000 habitants à 27 cas (courbe en bleu sur la figure ci-dessus). Cette diminution s'est poursuivie de manière ralentie jusqu'en 2010 pour atteindre 21,9 cas pour 100 000 habitants.

La même tendance a été observée dans les autres départements de la région, à l'exception de la Seine-Saint-Denis. Dans ce dernier département, après avoir diminué entre 2000 et 2002, le taux de déclaration de tuberculose est resté stable (courbe gris foncée ci-dessus). Avec un taux équivalent à 31,3 cas pour 100 000 habitants, la Seine-Saint-Denis est le département français présentant le taux le plus élevé, devant Paris et les départements d'Outre-mer.

L'Ile-de-France regroupe près de 40 % des cas déclarés en France
En 2010, le taux de déclaration de tuberculose en France était de 8 cas pour 100 000 habitants. Comme dans les autres grandes villes européennes, Paris et sa région affichent des taux plus élevés que ceux observés sur le reste du territoire national, avec une concentration des cas à l'Est et au Nord de Paris. Ainsi en 2010, le nombre de cas de tuberculose déclarés en Ile-de-France était de 16,2 pour 100 000 habitants, soit le double de celui observé en France. Cette situation peut s'expliquer par la présence d'une population plus cosmopolite et par une précarité économique et sociale plus marquée (en particulier en Seine-Saint-Denis), ce qui favorise la promiscuité et la transmission du germe responsable (Mycobacterium tuberculosis). 

Fréquent retard au dianostic des patients atteints de tuberculose 
L'analyse des données sociodémographiques a permis aux auteurs d'affiner le profil des patients atteints de tuberculose. La proportion des cas nés en France a diminué sur la période où l'étude a été menée.

Dans 2/3 des cas, les déclarations concernent des individus nés hors de France, avec une prédominance pour le sexe masculin et un âge moyen de 36 ans. La proportion de cas nés en Afrique subsaharienne reste la plus importante. Les auteurs notent également une augmentation du nombre de cas au sein des populations nées en Asie et dans certains pays européens, notamment d'Europe de l'Est.

L'analyse des données a également mis en évidence que, dans 1/3 des cas, le délai entre la date d'arrivée sur le territoire français et la date de déclaration de la maladie était de 10 ans. Pour les auteurs, il semble indispensable de réduire ce délai afin de limiter les risques de transmission. Ils recommandent de renforcer le dépistage de la maladie chez les migrants récents.

Disponibles à partir de 2004, les données sur le logement indiquent que 5,4 % des cas déclarés sont sans domicile fixe, la majorité vivant à Paris.

Renforcer les mesures de prévention et le dépistage des personnes les plus à risques
L'amélioration des conditions de vie associée à des mesures prophylactiques et à la mise en place d'un programme de lutte antituberculeuse dans la région Ile-de-France semble avoir permis de réduire l'incidence de la tuberculose dans cette région fortement concernée par cette maladie. Dans leur conclusion, les auteurs soulignent "la pertinence du Plan régional de lutte contre la tuberculose piloté par l'ARS Ile-de-France" et l'intérêt de poursuivre dans cette voie.

Ce plan est organisé autour de trois axes :
  • le diagnostic précoce des cas et le dépistage ciblé de la tuberculose dans les populations les plus à risque afin de réduire la contagiosité ;
  • la promotion de la vaccination des enfants nés depuis 2007 (année ou l'obligation vaccinale a été levée). Cette recommandation reste fortement recommandée en région Ile-de-France ;
  • renforcer la collaboration entre les différents acteurs médicaux et sociaux, dont les Clat (Centre de lutte antituberculeuse), le Samu social et l'OFII (Office français de l'immigration et de l'intégration).
Pour aller plus loin
Evolution de la tuberculose en Ile de France de 2000 à 2010 (BEH numéro 8, 18 mars 2014)
Sources

Commentaires

Ajouter un commentaire
En cliquant sur "Ajouter un commentaire", vous confirmez être âgé(e) d'au moins 16 ans et avoir lu et accepté les règles et conditions d'utilisation de l'espace participatif "Commentaires" . Nous vous invitons à signaler tout effet indésirable susceptible d'être dû à un médicament en le déclarant en ligne.
Pour recevoir gratuitement toute l’actualité par mail Je m'abonne !
Presse - CGU - Données personnelles - Politique cookies - Mentions légales - Contact webmaster