#Santé publique #Données épidémiologiques

Consommation d’antibiotiques en France entre 2000 et 2012 : constats et préconisations de l’ANSM

Volume d’antibiotiques utilisés, disparités régionales ou liées au prescripteur, à l’âge, au sexe, place des génériques, principes actifs les plus utilisés, etc., voici les principaux enseignements de l’analyse effectuée depuis 2 ans par l’Agence nationale de sécurité du médicament et des produits de santé (ANSM) sur la consommation d’antibiotiques en France.

L’intégralité du Rapport Antibiotiques 2012 peut être téléchargée en cliquant ici.  
17 juin 2013 14 mai 2014 Image d'une montre4 minutes icon Ajouter un commentaire
1
2
3
4
5
(aucun avis, cliquez pour noter)
Publicité
Toutes les prescriptions médicales, à la ville comme à l'hôpital, comportent moins d'antibiotiques qu'en 2000.

Toutes les prescriptions médicales, à la ville comme à l'hôpital, comportent moins d'antibiotiques qu'en 2000.


Une baisse globale de la consommation des antibiotiques en France...
L'analyse de l'ANSM a porté sur les déclarations obligatoires de vente des entreprises pharmaceutiques (adressées chaque année à l'ANSM) et les données liées aux remboursements d'antibiotiques (données CNAMTS).

Premier constat : une baisse de 12,5 % de la consommation totale d'antibiotiques entre 2000 et 2012 (cf. graphique ci-dessus, avec en ordonnée les Doses Définies Journalières pour 1000 habitants et par jour).

Cette baisse est à pondérer par les chiffres européens, qui montrent que les Français font toujours partie des plus gros utilisateurs d'antibiotiques (en 2010, la France était seulement dépassée par la Grèce, la Belgique et le Luxembourg).

... Mais une remontée récente de l'utilisation des antibiotiques
 Ce résultat positif est à pondérer également par le constat d'une nouvelle tendance à la hausse qui se dessine depuis 2011.

La dynamique liée aux campagnes grand public de sensibilisation sur les résistances aux antibiotiques est-elle en train de s'essouffler ? L'ANSM remarque que "les maladies virales constituent toujours le premier motif de prescription des antibiotiques" en ville, ce qui dénote d'une part importante de consommations non justifiées.

Moins de substances antibiotiques disponibles en France
Entre 2000 et 2012, le nombre de substances à usage systémique (seules ou en association) a baissé de 18 %, passant de 103 à 104 :
 

Dans le détail, 28 substances ne sont plus disponibles dans les pharmacies françaises, tandis que 9 nouvelles substances seulement ont été commercialisées : Linézolide, Déméclocycline, Méropénem, Télithromycine, Moxifloxacine, Ertapénem, Tigécycline, Daptomycine et Doripénem.

 Cette évolution "confirme que l'innovation thérapeutique est désormais trop modeste pour assurer le renouvellement du marché", s'inquiète l'ANSM. Les solutions de recours (antibiotiques dits "de réserve") sont donc de plus en plus restreintes, ce qui augmente le risque d'impasse thérapeutique pour les prescripteurs.

Les génériques représentent désormais 78 % de la consommation d'antibiotiques en ville
Ce développement important de l'utilisation des génériques est, selon l'ANSM, le corollaire du piétinement de l'innovation (moins de nouvelles spécialités, donc la plupart des antibiotiques disponibles sont génériqués).

Augmentation préoccupante de la consommation des céphalosporines de 3ème génération en ville
La baisse de la consommation d'antibiotiques en ville concerne surtout les années 2000-2005, années correspondant à la mise en place du premier "plan antibiotiques" et à la première campagne nationale de l'assurance maladie :


Outre la prescription importante pour des maladies virales, une autre donnée inquiète l'ANSM : l'utilisation de céphalosporines de 3ème génération (C3G) a augmenté de 18,7 % entre 2000 et 2011.

Cette augmentation de la consommation des C3G – en 2011, près de 7 % des antibiotiques utilisés en ville étaient des C3G - "conduit à une dissémination des entérobactéries  sécrétrices de bêta-lactamases à spectre étendu", souligne l'ANSM.

Par contre, l'ANSM se réjouit de la diminution récente de l'utilisation des quinolones, tandis que les pénicillines sont toujours les antibiotiques les plus utilisés.

Les médecins généralistes sont les plus gros prescripteurs en ville
Sans surprise, les médecins généralistes assurent 7 prescriptions d'antibiotiques sur 10  en ville. A noter cependant une part relativement importante (11%) de prescriptions d'origine hospitalière, part en hausse progressive chaque année. Les "autres prescripteurs", en bleu clair ci-dessous, sont essentiellement des dentistes :
 

Les femmes utilisent davantage d'antibiotiques
 Les femmes représentent 57,3 % des patients prenant des antibiotiques en France. Cela peut s'expliquer par leur espérance de vie supérieure, mais aussi par une plus grande utilisation, entre 15 et 34 ans, que celle des hommes. Puis cette utilisation baisse et se stabilise. Il est possible que des habitudes de vie différentes (proximité supérieure avec des enfants par exemple) influent sur cette utilisation.

A l'inverse, le niveau d'utilisation par les hommes augmente après 55 ans et ne cesse de progresser ensuite.

Des disparités régionales significatives
Comme le montre la carte ci-dessous, davantage d'antibiotiques sont utilisés dans la région Nord :
 
 
A l'hôpital, une exposition majeure aux antibiotiques
Si la majorité des prescriptions sont faites en ville, à l'hôpital plus de 4 patients sur 10 ont reçu, en 2011, au moins une dose d'antibiotiques, contre 3 % en ville.

La consommation a diminué sur toutes les classes d'antibiotiques, sauf 3 : les carbapénèmes (doripénem, l'imipénem, ertapénem et méropénem, qui sont des bêta-lactamines de dernier recours dont la consommation a doublé entre 2000 et 2011), les C3G et les "autres antibactériens".

Les pénicillines restent toujours les plus prescrites (56 %), en particulier en association avec l'acide clavulanique.

En conclusion..
Ce rapport montre une information quantitative qui devrait, selon l'ANSM, être enrichie par des éléments qualitatifs : pathologies traitées, recours aux soins, caractéristiques des consultations médicales, etc.

Ces éléments quantitatifs montrent cependant que la situation française est "loin d'être satisfaisante, même si d'incontestables résultats ont été obtenus".

Pour diminuer les risques liés à une prescription trop importante d'antibiotiques puissants, l'ANSM souhaite que "les prescripteurs établissent toujours une distinction entre les antibiotiques de première ligne et les antibiotiques de recours qui, encore plus que les autres antibiotiques, doivent être considérés comme une ressource rare dont l'utilisation doit être limitée à des cas pleinement justifiés".

Afin d'en savoir plus sur les recommandations de bonne pratique sur la prescription d'antibiotiques, vous pouvez consulter notre nouvelle VIDAL Recos Traitement anti-infectieux, présentée sur cette actualité du 23 mai 2013.
 
Jean-Philippe Rivière

Source : "Évolution des consommations d'antibiotiques en France entre 2000 et 2012", rapport d'analyse de l'ANSM coordonné par Philippe Cavalié (Direction de la Surveillance), avec le concours d'Alia Djeraba, 17 juin 2013

Commentaires

Ajouter un commentaire
En cliquant sur "Ajouter un commentaire", vous confirmez être âgé(e) d'au moins 16 ans et avoir lu et accepté les règles et conditions d'utilisation de l'espace participatif "Commentaires" . Nous vous invitons à signaler tout effet indésirable susceptible d'être dû à un médicament en le déclarant en ligne.
Pour recevoir gratuitement toute l’actualité par mail Je m'abonne !
Publicité
Dans la même rubrique
Publicité
Presse - CGU - Données personnelles - Politique cookies - Mentions légales - Contact webmaster