#Santé publique

Nouveau coronavirus : comment réagir en présence d’un cas suspect ?

Suite à la confirmation de deux infections par le nouveau coronavirus (NCoV) en France, Marisol Touraine a présenté le 12 mai un dispositif national d’investigation épidémiologique. Dès le 19 mars, le Haut Conseil de la Santé Publique (HCSP) avait émis des recommandations sur la prise en charge des patients "considérés comme cas possible ou confirmé d’infection", recommandations complétées le 10 mai par la Direction Générale de la Santé (DGS) suite à la découverte de cas français.
13 mai 2013 Image d'une montre4 minutes icon Ajouter un commentaire
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Le nouveau coronavirus affecte, comme le SRAS, les adultes plutôt âgés ou présentant une affection chronique.

Le nouveau coronavirus affecte, comme le SRAS, les adultes plutôt âgés ou présentant une affection chronique.


Les recommandations du HCSP en cas de suspicion d'infection par le NCoV
Le HCSP, dans un avis publié le 19 mars dernier, a émis un avis "relatif à la prise en charge des patients suspects d'infections dues au nouveau coronavirus (HCoV-EMC)". Cet avis préconise de surveiller "l'apparition de signes cliniques et/ou radiologiques de détresse respiratoire aiguë (SDRA) ou  d'infection du parenchyme pulmonaire, incluant une fièvre à 38°C et de la toux, sans autre étiologie identifiée pouvant expliquer la pathologie" chez les personnes de retour de la péninsule arabique ou des pays limitrophes (Arabie Saoudite, Bahreïn, Emirats Arabes Unis, Irak, Iran, Israël, Jordanie, Koweït, Liban, Oman, Qatar, Syrie, Territoires palestiniens occupés, Yémen).

En cas de suspicion (contexte clinique et voyage récent), le HCSP préconise une hospitalisation en chambre individuelle, la mise en place de mesures d'hygiène strictes, une information et la surveillance des contacts ainsi qu'une information de leur médecin traitant.

Les préconisations complémentaires de la DGS
La DGS précise, dans un communiqué diffusé le 10 mai, que :
- la prise en charge de tout cas suspect doit être organisée d'emblée, sans orientation préalable vers les secteurs d'accueil des urgences. Les mesures de protection habituelles sont à respecter avec la mise en place de précautions complémentaires de type « air » (masques) et de type contact (hygiène). 
-  Dès lors qu'un cas est classé possible par l'InVS, le prélèvement naso-pharyngé doit être transmis dans les plus brefs délais aux Centres Nationaux de Référence du virus influenzae.
- Tout cas classé comme possible par l'InVS sera orienté vers le Centre Hospitalier Universitaire ou le Centre Hospitalier Régional le plus proche (dès lors que l'état du patient autorise son transfert) avec une information du référent infectiologue du service d'accueil.

Le NCoV, un nouveau coronavirus proche de celui du SRAS…
Le NCoV est un virus à ARN de la famille des Coronaviridae, genre bêta-coronavirus, proche de celui du SRAS, syndrome respiratoire aigu sévère qui était dû à un coronavirus nommé Sars-CoV.

L'épidémie de SRAS avait débuté en Chine fin 2002, puis s'était répandue au niveau mondial en 2003, provoquant plus de 8000 cas et près de 800 morts. L'isolement des personnes atteintes (les patients n'étaient contagieux qu'une fois les signes cliniques apparus) a permis de juguler ce qui a constitué la première maladie émergente grave et transmissible du XXIème siècle.

… mais une transmission interhumaine a priori limitée
Si ces virus sont de la même famille et provoquent une pathologie proche (pneumonie atypique, létalité importante, en particulier en cas de comorbidités), il semble heureusement que le NCoV soit beaucoup moins transmissible.

Le NCoV a été identifié en septembre 2012 chez deux patients ayant présenté une pneumopathie sévère. Depuis, "seulement" 32 autres personnes ont été infectées (environ 20 sont décédées), ce qui suggère la possibilité d'une transmission interhumaine, mais qui laisse aussi penser que cette dernière est limitée, du moins pour le moment (le virus peut encore muter…).

Des contacts rapprochés et prolongés permettraient la transmission aérienne du virus (gouttelettes de salive contaminées ?) du NCoV, mais probablement moins facilement qu'avec le virus du SRAS, qui se transmettait également par voie aérienne.

Néanmoins, vu la gravité de cette infection, la vigilance est de mise.

Trois enquêtes épidémiologiques menées par les autorités sanitaires
Après la confirmation d'un second cas d'infection au nouveau coronavirus en France, Marisol Touraine, ministre des affaires sociales et de la santé, s'est rendue à l'institut de veille sanitaire le 12 mai. Elle y a détaillé le dispositif national d'investigation épidémiologique mis en place, afin "de ne rien laisser au hasard" :
- la première enquête épidémiologique concerne les 124 personnes ayant été en contact avec le premier malade pendant ses séjours hospitaliers. Elles ont toutes été contactées ; c'est d'ailleurs cette recherche qui a permis d'identifier le second malade ;
- la deuxième porte sur les 39 personnes ayant participé en avril au même voyage organisé aux Emirats Arabes Unis que le premier malade ;
- la troisième concerne les 38 personnes qui ont été en contact avec le deuxième malade avant son hospitalisation en isolement, le 9 mai à Lille.

Ces mesures de surveillance consistent notamment à contacter ces personnes identifiées très régulièrement pour savoir s'ils présentent, ou non, des symptômes évocateurs.

En résumé…
Ce nouveau virus provoque une infection respiratoire grave, évoquant celle du SRAS, mais ne semble heureusement pas, pour le moment certes, aussi contagieux.

La vigilance des médecins libéraux et urgentistes, l'isolement rapide des personnes atteintes et la surveillance étroite des personnes contacts permettront peut-être, il faut le souhaiter, d'endiguer la propagation de ce nouveau virus.

Jean-Philippe Rivière

Sources et ressources complémentaires :
- "Nouveau coronavirus (NCoV) en France : Complément d'information sur la prise en charge des patients considérés comme cas possible ou confirmé d'infection", DGS-Urgent, 10 mai 2013
- "Avis relatif à la prise en charge des patients suspects d'infections dues au nouveau coronavirus (HCoV-EMC)" (fichier PDF), Haut Conseil de la Santé Publique, 19 mars 2013
- Le SRAS : présentation sur le site de l'Institut Pasteur, mis à jour en novembre 2012
- "Nouveau coronavirus : Présentation du dispositif national d'investigation épidémiologique", social-sante.gouv.fr, 12 mai 2013

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