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Pilules combinées : l’ANSM constate une baisse des prescriptions et une vigilance accrue

En France, environ une femme sur 2 prenant une contraception utilise une pilule qui associe, le plus souvent,  un progestatif et un œstrogène. La polémique récente sur le surrisque thromboembolique de certaines de ces pilules commence à impacter leur utilisation en France, selon les données recueillies par l’ANSM (Agence Nationale de sécurité du médicament et des produits de santé).
27 février 2013 08 octobre 2015 Image d'une montre3 minutes icon Ajouter un commentaire
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Les interrogations sur la sécurité de certaines pilules combinées ont modifié leur utilisation

Les interrogations sur la sécurité de certaines pilules combinées ont modifié leur utilisation

 
Médiatisation du surrisque thrombo-embolique des pilules combinées
En 2012, une jeune femme a porté plainte après un accident vasculaire cérébral survenu sous pilule estro-progestative de 3ème génération. La médiatisation de cette plainte a  souligné le fait que les pilules de 3ème et 4ème génération (3G et 4G) multiplient environ par 2* le risque thromboembolique par rapport aux pilules de 2ème génération (2G).

La connaissance partagée de ce surrisque, modéré mais néanmoins significatif, a notamment entraîné l'annonce par le ministère du  déremboursement des pilules 3G et 4G  le 31 mars prochain. Cela a également conduit l'ANSM à recommander aux médecins de prescrire en priorité des pilules 2G.

Moins de prescriptions de pilules de 3ème et 4ème génération, plus de pilules de 2ème génération
En analysant les données du panel d'officines d'IMS-Health et celles de la base anonyme du Conseil national de l'Ordre des pharmaciens (CNOP), l'agence a observé que l'utilisation des contraceptifs oraux combinés (COC) avait rapidement évolué depuis la fin de l'année dernière, avec une baisse constatée d'environ 25 % de la prescription de pilules 3G et 4G en décembre 2012/ janvier 2013 par rapport à décembre 2011/ janvier 2012 :
 

Parallèlement la vente de pilules 2G s'est accrue d'environ 16%.

Au total, une diminution de 3,5 % de la prescription des pilules combinées
Le report n'est donc pas total : l'agence a observé sur les données d'IMS-Health et du CNOP "une baisse de l'ordre de 3,5% des ventes de contraceptifs oraux combinés toutes générations confondues".

Or en 2011, sur 5 millions de femmes utilisant la pilule en France, environ 4,3 millions prenaient une pilule combinée, oestro-progestative, toujours selon l'ANSM.  Il y a donc à peu près 150 000 femmes (3,5 % de 4,3 millions) qui ont arrêté leur pilule combinée début 2013. Cette baisse serait plus importante chez les jeunes filles, précise l'agence sanitaire.

Quelles seront les conséquences de cette baisse (davantage de grossesses ou d'IVG) ? Ces jeunes femmes ont-elles davantage utilisé un autre moyen de contraception, comme le préservatif ?

Davantage de signalements de thromboses vasculaires
Outre ce basculement des prescriptions, l'ANSM a noté davantage de signalements d'effets indésirables thrombo-emboliques : "entre le 4 et le 31 janvier 2013, période durant laquelle le risque des pilules contraceptives a été fortement médiatisé, 36 nouveaux cas (31 thromboses veineuses et 5 thromboses artérielles) dont 10 étaient survenus il y a plus de 3 mois ainsi que 2 décès, survenus en 1999 et 2012, ont été enregistrés dans la base nationale de pharmacovigilance".

Cette augmentation ne signifie pas pour autant que ces accidents sont directement liés à l'utilisation d'une pilule 3G, 4G ou Diane 35, mais ils montrent en tout cas que la médiatisation du surrisque thromboembolique a majoré le signalement d'éventuels effets secondaires des pilules (les médecins et les patients peuvent signaler un effet indésirable en téléchargeant ce formulaire sur le site de l'ANSM).

Vers de nouvelles données épidémiologiques sur l'usage des pilules en France
L'ANSM mène actuellement des études pharmaco-épidémiologiques en "vie réelle". Ces études reposent sur l'analyse des données de prescription contenues dans la base de données médico-administratives de remboursement SNIIRAM de l'assurance-maladie, et sur les données médicales provenant des établissements de santé récoltées par le PMSI (Programme de médicalisation des systèmes d'information).

Une méthodologie qui sera peut-être bientôt étendue à d'autres domaines thérapeutiques, tant les interrogations s'accentuent actuellement sur la tolérance et l'efficacité de telle ou telle classe thérapeutique.

* Pour une vue d'ensemble du risque thromboembolique lié à la prise des pilules oestro-progestatives, vous pouvez consulter le tableau 2 p10 de cette étude publiée dans le British Medical Journal en 2011. Ce travail, cité comme référence par l'ANSM, a été réalisé auprès d'1,2 million de femmes danoises de 15 à 49 ans suivies entre 1995 et 2009.
 
En savoir plus : 
- "Marisol Touraine annonce le déremboursement des pilules de 3ème génération à compter du 31 mars 2013", communiqué du ministère de la santé et des affaires sociales, 3 janvier 2013
- "Contraceptifs oraux combinés (COC) et risque de thrombose veineuse : Préférer les pilules de deuxième génération contenant du lévonorgestrel - Information destinée aux prescripteurs", ANSM, décembre 2012
- "Etat des lieux et évolution de l'utilisation des contraceptifs oraux combinés (COC)", ANSM, 25 février 2013
-"Actualisation des données sur les contraceptifs oraux combinés (COC)", communiqué de l'ANSM, 25 février 2013
- "Le SNIIRAM et les bases de données de l'Assurance Maladie en 2011", Dominique Polton, Philippe Ricordeau, CNAMTS, 30 mars 2011

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