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Obésité : pour la première fois, une vaste étude montre que perdre du poids diminue le risque de décès

Une vaste méta-analyse de qualité, publiée dans le British Medical Journalmontre pour la première fois de manière statistiquement significative qu’une intervention nutritionnelle est associée à une baisse du risque de décès chez les personnes souffrant d’obésité (IMC > 30).

Jusqu’à la publication de cette méta-analyse, qui portait sur 34 études randomisées et plus de 21 000 patients adultes, seule la chirurgie bariatrique avait montré un effet sur la mortalité des personnes souffrant d’obésité.
 
Selon les résultats de cette étude, des mesures diététiques de type réduction de l’apport en matières grasses sont associées à une réduction de 18 % du risque de décès toutes causes confondues, même avec une perte de poids modeste de l’ordre de 2,5 kg sur trois ans et avec ou sans programme d’exercice physique associé. 

Cette réduction de la mortalité est accompagnée d’une diminution significative de l’apparition de pathologies cardiovasculaires.
 
Ces résultats apportent aux praticiens un argument supplémentaire pour motiver les patients obèses qui souhaitent s’engager dans des mesures destinées à réduire leur poids.
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Les interventions nutritionnelles sont associées à une baisse du risque de décès chez les personnes obèses (illustration).

Les interventions nutritionnelles sont associées à une baisse du risque de décès chez les personnes obèses (illustration).


L'impact de l'obésité sur la mortalité démontré par une précédente méta-analyse
En 2016, le British Medical Journal (BMJ) avait déjà publié une gigantesque méta-analyse de 230 études de cohorte 
(30,3 millions de patients ; 3,74 millions de décès) montrant que l'obésité (mais aussi la maigreur) était corrélée à une augmentation de la mortalité (avec une augmentation de 5 % du risque de décès pour chaque augmentation de 5 unités de l'index de masse corporelle (IMC) au dessus de 25).

Néanmoins, à l'exception de la chirurgie bariatrique, aucune intervention destinée à perdre du poids n'a montré de façon claire sa capacité à réduire durablement la mortalité liée à l'obésité.

Pourtant, dans la pratique quotidienne, la question de l'impact de la perte de poids liée à une intervention diététique sur la mortalité est essentielle pour étayer des conseils nutritionnels chez les personnes souffrant d'obésité.
 
Jusqu'à présent, pas de démonstration d'impact sur le risque de décès et d'autres pathologies sévères (en dehors du diabète)
Mis à part un effet significatif sur le risque de diabète de type 2, les interventions nutritionnelles chez les personnes obèses n'avaient, à ce jour, guère montré d'effet, y compris sur le risque de décès.

Seule une petite méta-analyse (15 essais randomisés, voir Kritchevsky SB et al, PLoS One, 2015) avait observé une diminution de 15 % du risque de décès, sans préciser leurs causes, après une perte de poids liée à une intervention nutritionnelle.
 
2017 : une méta-analyse portant sur 34 essais cliniques randomisés avec suivi sur plus d'une année
Dans ce contexte, des chercheurs de l'université d'Aberdeen viennent de publier dans le BMJ une importante méta-analyse portant sur 54 essais cliniques randomisés étudiant l'effet d'interventions nutritionnelles, avec ou sans programme d'exercice physique, chez des personnes adultes obèses : IMC > 30 à l'entrée dans ces études.

Parmi ces 54 études, 34 ont été retenues pour leurs qualités méthodologiques (21 699 patients).

Les interventions nutritionnelles mises en place étaient essentiellement la réduction de l'apport en matières grasses ou en graisses saturées.

Il est important de souligner que cette méta-analyse a seulement pris en compte les études cliniques où la durée de suivi était supérieure à une année.
 
Une perte de poids, même modérée, est associée à une réduction significative de la mortalité
Globalement, ces 34 protocoles ont abouti à une perte de poids moyenne de 3,40 kg après la première année, 2,50 kg après la deuxième année et 2,56 kg après la troisième année.

Toutes causes confondues, cette perte de poids moyenne a été associée à une réduction de 18 % du risque de décès (soit 6 décès évités pour 1 000 patients).

Parce qu'une seule étude randomisée (étude Look AHEAD sur le diabète de type 2) comptait pour 54,6 % des données de leur méta-analyse, les auteurs ont refait leurs calculs en enlevant cette étude.

Dans ce cas, la réduction de mortalité toutes causes confondues était de 22 %.

Tableau comparatif de l'effet d'interventions nutritionnelles sur la mortalité
chez les personnes obèses dans des études randomisées.

Chenhan M et al., BMJ 2017;359:j4849

 
Peu de données probantes sur la mortalité cardiovasculaire ou liée à un cancer
Dans la méta-analyse publiée dans le BMJ, les auteurs ont tenté de distinguer les décès liés à des troubles cardiovasculaires (8 études randomisées exploitables) ou des cancers (8 études randomisées exploitables).

Cette analyse spécifique des effets des interventions nutritionnelles n'a abouti qu'à des résultats estimés de faible qualité en termes statistiques (réduction de 7 % de la mortalité cardiovasculaire et de 42 % de celle liée aux cancers, mais avec des intervalles de confiance très larges).
 
Par contre, des données de bonne qualité sur la réduction du risque cardiovasculaire
Les auteurs de cette méta-analyse se sont également penchés sur le risque de nouvelle pathologie cardiovasculaire (24 essais exploitables) ou cancéreuse (19 essais exploitables) pendant la durée de l'étude.

Seul le risque de nouvelle maladie cardiovasculaire a été significativement réduit (- 7 %) en cas d'interventions nutritionnelles. La réduction observée pour le risque cancéreux (- 8 %) n'est pas statistiquement satisfaisante.

En conclusion : un argument important de motivation pour entreprendre une démarche de perte de poids en cas d'obésité
Cette méta-analyse montre ainsi clairement qu'intervenir pour parvenir à une perte de poids modeste mais durable, chez des patients souffrant d'obésité a un impact net sur leur survie.

Elle apporte ainsi aux professionnels de santé, voire à l'entourage des personnes obèses et à ces personnes elles-mêmes un argument supplémentaire pour motiver des mesures destinés à réduire leur poids, mesures qui sont souvent difficiles à mettre en oeuvre et à suivre sur la durée. 
 

Pour aller plus loin
 
La méta-analyse publiée dans le BMJ sur les effets d'une intervention nutritionnelle sur la mortalité des patients obèses
Chenhan M et al. « Effects of weight loss interventions for adults who are obese on mortality, cardiovascular disease, and cancer: systematic review and meta-analysis. » BMJ 2017;359:j4849
 
Le méta-analyse publiée en 2016 sur l'impact de conseils nutritionnels sur la mortalité des personnes obèses
Kritchevsky SB et al. « Intentional weight loss and all-cause mortality: a meta-analysis of randomized clinical trials. » PLoS One2015;359
 
La méta-analyse sur les corrélations entre indice de masse corporelle et mortalité
Dagfinne A et al. « BMI and all cause mortality: systematic review and non-linear dose-response meta-analysis of 230 cohort studies with 3.74 million deaths among 30.3 million participants. » BMJ 2016;353:i2156
 
Une revue sur l'impact de la chirurgie bariatrique sur la mortalité des patients obèses
Kwok CS et al. « Bariatric surgery and its impact on cardiovascular disease and mortality: a systematic review and meta-analysis. » Int J Cardiol 2014;359:20-8.
 
L'étude Look AHEAD sur l'impact de l'hygiène de vie dans le diabète de type 2
Look AHEAD Research Group. « Cardiovascular effects of intensive lifestyle intervention in type 2 diabetes. » N Engl J Med2013;359:145-54.
 

Sur VIDAL.fr

VIDAL Reco Obésité

Une "revue-ombrelle" montre une association forte entre surpoids et 11 types de cancers (mars 2017)

Régime méditerranéen : pas de prise de poids chez les personnes âgées, même en cas d'apport lipidique élevé (janvier 2017)

Chirurgie de l'obésité : la HAS estime nécessaire d'améliorer davantage la prise en charge préopératoire (octobre 2016)

Chirurgie bariatrique et obésité (étude) : le risque de décès diminuerait de moitié dans les années suivant l'intervention (janvier 2015)

Comment lutter contre la "fracture nutritionnelle" ? Interview de Serge Hercberg (novembre 2014)
Sources

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