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AINS : un grand nombre de femmes enceintes exposées au-delà du 6e mois de grossesse

Selon les données préliminaires d'une étude, les anti-inflammatoires non stéroïdiens (AINS) continuent à être utilisés au-delà du 6e mois de grossesse chez un grand nombre de femmes enceintes, exposant alors le foetus et/ou le nouveau-né à des risques graves d'atteintes rénales et cardiopulmonaires potentiellement irréversibles voire mortelles.

Dans ce contexte, l'ANSM (Agence nationale de sécurité du médicament et des produits de santé) rappelle aux femmes enceintes, à leur entourage et à tous les professionnels de santé,  que tous les AINS, y compris ceux en vente libre dans les officines, comme l'
ibuprofène ou l'aspirine (à partir de 100 mg), sont formellement contre-indiqués chez la femme enceinte à partir du début du 6e mois de grossesse, quelle que soit la durée de traitement et la voie d'administration (orale, injectable et cutanée).

Jusqu'au 5e mois de grossesse, les AINS peuvent être utilisés, seulement s'ils se révèlent indispensables, à la dose efficace la plus faible possible et sur une durée courte, à l'exception du célécoxib (CELEBREX) et de l'étoricoxib (ARCOXIA) qui sont contre-indiqués pendant toute la grossesse.

Afin de compléter son point d'information, l'ANSM met à la disposition du grand public et des professionnels de santé des documents questions/réponses.
David Paitraud 26 janvier 2017 01 mars 2017 Image d'une montre4 minutes icon 4 commentaires
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Tous les AINS, y compris ceux en vente libre dans les officines, sont contre-indiqués chez la femme enceinte à partir du début du 6e mois de grossesse (illustration).

Tous les AINS, y compris ceux en vente libre dans les officines, sont contre-indiqués chez la femme enceinte à partir du début du 6e mois de grossesse (illustration).


Risque de toxicité foetale dès le début du 6e mois de grossesse
Dans un point d'information en date du 26 janvier 2017, l'ANSM (Agence nationale de sécurité du médicament des produits de santé) communique aux professionnels de santé et au grand public les données préliminaires issues d'une étude (non citée) selon lesquelles, "un nombre important de femmes restent exposées à des anti-inflammatoires non stéroïdiens (AINS) à partir du 6e mois de grossesse (au-delà de 24 semaines d'aménorrhée)".

Au-delà de 24 semaines d'aménorrhée, la prise d'AINS
 expose le foetus et/ou le nouveau-né à de graves risques d'atteintes rénales et cardio-pulmonaires, irréversibles voire mortelles.
Ces atteintes (Cf. Tableau I) sont consécutives à une inhibition de la synthèse des prostaglandines fœtales due aux AINS pris par la mère. Tous les AINS (y compris l'acide acétylsalicylique) sont des inhibiteurs de synthèse des prostaglandines.

 
Tableau I - Les atteintes foetales induites par la prise maternelle d'AINS
à partir de 24 semaines d'aménorrhée
  • Constriction du canal artériel in utero pouvant provoquer :
    • une mort fœtale in utero liée à la constriction complète et brutale du canal artériel, même lors de prises très brèves, voire en prise unique, à posologie usuelle. Ce risque est d'autant plus important que la prise est proche du terme.
    • une insuffisance cardiaque droite fœtale avec hypertension artérielle pulmonaire liée à la constriction partielle du canal artériel dont l'évolution peut être mortelle chez le nouveau-né.
  • Toxicité rénale parfois irréversible se traduisant par :
    • une diminution du volume de liquide amniotique chez le fœtus (oligoamnios voire anamnios)
    • et une insuffisance rénale chez le nouveauné.

Tous les AINS contre-indiqués à partir du début du 6e mois de grossesse
Tous les AINS sont concernés par la contre-indication formelle chez la femme enceinte à partir du 6e mois de grossesse
 [CfTableau II], y compris ceux en vente libre dans les officines, comme l'ibuprofène ou l'aspirine (à partir de 100 mg), quelle que soit la durée du traitement et la voie d'administration (orale, injectable, cutanée).
 
Tableau II - Les dix AINS les plus utilisés en France en 2015
(liste non exhaustive, purement indicative. Source : ANSM)*
Substance active Noms de fantaisie (valable pour toute la gamme le cas échéant)
Ibuprofène ADVIL, ANTARENE, BRUFEN, CLIPTOL, CRIFENE, HEMAGENE TAILLEUR, IBUFETUM, IBUPRADOLL, IBUTOP, INTRALGIS, NUREFLEX, NUROFEN, PEDEA, RHINADVIL, RHINUREFLEX, SPEDIFEN, SPIFEN, UPFEN
Kétoprofène BI PROFENID, KETUM, PROFEMIGR, PROFENID, TOPREC
Diclofénac ANTACALM, ARTOTEC, FLECTOR, SOLARAZE, TENDOL, VOLTARENE
Acide tiaprofénique FLANID, SURGAM
Flurbiprofène ANTADYS, CEBUTID, OCUFEN, STREFEN
Acide acétylsalicylique (> 100 mg/j) ACTRON, ALKA SELTZER, ANTIGRIPPINE, ASASANTINE, ASPEGIC, ASPIRINE, ASPRO, CEPHYL, DUOPLAVIN, EXCEDRINIL, HUVANOF, KARDEGIC, METASPIRINE, MIGPRIV, MODIXIS, NOVACETOL, RESITUNE, SEDASPIR
Morniflumate NIFLURIL
Acide niflumique NIFLUGEL, NIFLURIL
Naproxène ALVETABS, ANTALNOX, APRANAX, NAPROSYNE
Piroxicam BREXIN, CYCLADOL, FELDENE, GELDENE, ZOFORA
(*)  Il convient également de tenir compte de toutes les spécialités génériques. 

Parmi ces AINS, l'ibuprofène est le plus utilisé en France.

Les pharmaciens d'officine doivent porter une attention particulière afin d'éviter toute automédication à risque chez une femme enceinte, notamment en rappelant ces contre-indications pour toute délivrance d'AINS.

Jusqu'au 5e mois de grossesse, les AINS peuvent être utilisés, seulement s'ils se révèlent indispensables, à la dose efficace la plus faible possible et sur une durée courte, à l'exception du célécoxib  (CELEBREX) et de l'étoricoxib (ARCOXIA) qui sont contre-indiqués pendant toute la grossesse.

Des risques aussi pour les professionnels de santé 
Le passage des AINS par voie cutanée n'étant pas négligeable, l'ANSM précise qu'en usage professionnel, il convient d'en tenir compte : par exemple, lors des applications réalisées par des kinésithérapeutes enceintes, le port de gants est recommandé.

Enfin, pour accompagner le grand public et les professionnels de santé, l'ANSM met à leur disposition des documents Questions/Réponses (Cf. Pour aller plus loin ci-dessous).


Pour aller plus loin
Rappel : Jamais d'AINS à partir du début du 6ème mois de grossesse - Point d'Information (ANSM, 26 janvier 2017)

Jamais d'anti- inflammatoires  non  stéroïdiens  (AINS)  à  partir  du  début  du  6 ème mois  de grossesse - Questions-Réponses Patients (ANSM, 26 janvier 2017)
Jamais d'anti-inflammatoires non stéoridiens(AINS) à partir du début du 6eme mois de grossesse (au-delà de 24 semaines d'aménorrhée) - Questions-Réponse Professionnels de santé (ANSM, 26 janvier 2017)

Commentaires

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KOUADOU CONSTANT ARMEL AGNIMAN Il y a 7 ans 0 commentaire associé
Cet article m'a beaucoup édifié bien que j'ai déjà des notions sur indications et contre indications chez la femme enceinte. Toutefois, il est important pour nous les professionnels de santé de remettre toujours nos connaissances à niveau pour le bien être de nos patient (es) et en particulier celles qui portent une grossesse et de leur progéniture.
Mebarka Azaza Il y a 7 ans 0 commentaire associé
Merci pour l'info
ousmane koita Il y a 7 ans 0 commentaire associé
Excellente information surtout pour nous autres africains
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