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Dépression des adolescents : 3 questions simples pour orienter rapidement le diagnostic

Près d’un adolescent sur 5 présenterait des symptômes dépressifs (et 3 % environ une dépression caractérisée). Même si certains facteurs de risques sont connus, la dépression de l’adolescent, aux conséquences sanitaires, éducatives et sociales parfois lourdes, reste souvent sous-diagnostiquée.
 
Les médecins généralistes jouent un rôle clé pour identifier les adolescents dépressifs ou à risques, même s’ils ne les consultent en général pas pour cette raison.
 
Le challenge est donc, pour les médecins, de reconnaître une dépression derrière une plainte somatique ou fonctionnelle afin de proposer rapidement un accompagnement thérapeutique. Mais peu d’outils sont actuellement à leur disposition pour faciliter ce diagnostic.
 
Pour les y aider, des chercheurs danois et suédois ont testé auprès de 294 adolescents l’efficacité diagnostique de 3 questions simples, dont le libellé ne surprendra pas les professionnels de santé mais qui ont le mérite d'avoir été validées, au préalable, auprès d'adultes.

Les résultats montrent que ces 3 questions pourraient être utilisées régulèrement en consultation pour soupçonner (valeur prédictive positive : 31 %) ou éliminer (valeur prédictive négative : 97 %) une dépression. 


 
Voir aussi la VIDAL Reco "Dépression", en particulier la sous-section "Dépression de l'enfant et  de l'adolescent", élaborée par notre comité scientifique à partir des données françaises, internationales et de leur propre expertise. 
Claire Lewandowski 09 mars 2016 Image d'une montre4 minutes icon 3 commentaires
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Adolescente interrogée par un médecin généraliste (illustration).

Adolescente interrogée par un médecin généraliste (illustration).


Trois questions courtes déjà validées pour le diagnostic de dépression chez l'adulte
La sensibilité et la spécificité des deux questions "clés" et de la question "de soutien" ci-dessous ont été validées auprès de 1 000 adultes (Arroll et coll., BMJ 2005:
  1. Au cours du dernier mois, vous êtes vous souvent senti triste, déprimé ou désespéré ? (réponses possibles "oui" ou "non")
  2. Au cours du dernier mois, avez-vous souvent été gêné par un manque d'intérêt ou de plaisir à faire les choses ? (réponses possibles "oui" ou "non")
  3. Est-ce que vous voudriez de l'aide sur quelque chose ? (réponses possibles "oui", "oui, mais pas aujourd'hui" ou "non")
 
Tests de ces 3 questions auprès d'adolescents danois et norvégiens
Pour l'étude menée par Wenche Haugen et ses collaborateurs, 43 médecins généralistes danois et norvégiens ont demandé aux adolescents qui les ont consultés s'ils souhaitaient participer, de manière anonyme, à un test. Une lettre d'invitation à participer à été envoyée à 2 370 adolescents de 14 à 16 ans.
 
Environ 15 % ont répondu (145 Danois et 149 Norvégiens), par téléphone, aux 3 questions ainsi qu'aux interrogations d'un questionnaire recommandé par l'Organisation Mondiale de la Santé dans l'évaluation de la maladie mentale ("Composite International Diagnostic Interview", ou CIDI)
 
La sensibilité, la spécificité et la valeur prédictive des trois questions ont été comparées à celles du CIDI.
 
Une dépression modérée à sévère chez 4 % des participants
Les résultats, publiés dans le British Journal of General Practice en février 2016, montrent tout d'abord qu'11 % des adolescents interrogés présentaient un "épisode dépressif caractérisé", selon les résultats du CIDI.

Une "dépression modérée à sévère" a été diagnostiquée chez 4 % des répondants, chiffre conforme à la prévalence moyenne retrouvée dans d'autres études.

Test des 3 questions : des résultats positifs
Pour le test des trois questions, les résultats comparés à ceux du CIDI montrent une bonne sensibilité (82 % si les deux premières questions sont posées, 48 % si les trois questions sont posées) et une forte spécificité (77 % et 98 % respectivement) : 93 % des diagnostics étaient concordants avec ceux du CIDI lorsque les trois questions étaient posées.

Par ailleurs, la valeur prédictive négative des 3 questions est élevée, à 97 % (l'absence de réponses "oui" signifie très probablement que l'adolescent interrogé n'a pas de dépression).
 
La valeur prédictive positive (3 "oui" signifient qu'une dépression est présente) est plus faible (31 %), mais cela s'explique probablement par la fréquence des troubles de l'humeur à cet âge (comme à d'autres…). Un résultat positif aux trois questions nécessite donc, logiquement, confirmation par un entretien plus approfondi, voire une consultation spécialisée.
 
Trois questions "à poser à tout moment en consultation de médecine générale"
Certes, le taux de participation faible pourrait avoir causé un biais de sélection, mais les auteurs soulignent que les résultats de cette étude sont robustes, car leur but était de comparer la fiabilité de ces trois questions avec un test d'étalonnage pour chaque personne.
 
De plus, ils constatent que la prévalence de la dépression retrouvée dans leur étude est similaire à celle retrouvée lors d'autres études.
 
Ils en concluent que la validité statistique de ces 3 questions les rend attrayantes pour le dépistage de la dépression chez les adolescents.
 
Ils suggèrent donc que les médecins généralistes posent ces 3 questions à tout moment lors d'une consultation à la recherche d'une évaluation clinique de la dépression (en précisant le caractère confidentiel de ces questions), ce qui pourrait permettre un diagnostic et une prise en charge précoces de ces troubles fréquents et à risques de complications.
 
En savoir plus :
L'étude objet de cet article :
Identifying depression among adolescents using three key questions: a validation study in primary care, Haugen W et coll., British Journal of General Practice, février 2016
 
Etude de validation des 3 questions auprès d'adultes :
Effect of the addition of a “help” question to two screening questions on specificity for diagnosis of depression in general practice: diagnostic validity study, Arroll B et coll., BMJ, octobre 2005
 
Le site du questionnaire CIDI de l'OMS (version PDF en anglais ici)

Sur VIDAL.fr : 
VIDAL Reco "Dépression"
Etude : la "dépression saisonnière" existe-t-elle vraiment ? (février 2016)
Prévention des récidives de la dépression : la méditation en pleine conscience aussi efficace que les antidépresseurs (juin 2015)
Une méta-analyse confirme l'intérêt de la kétamine dans le traitement d'urgence de la dépression (mai 2015)
Benzodiazépines : "il y a un problème sur l'état d'anxiété et de dépression de la population" Dr Claude Leicher (février 2014)

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Prenchere Il y a 8 ans 0 commentaire associé
Important: la communication dans la famille. " en as-tu parlé à quelqu'un ?" Et que te disent les autres ?" Ce n'est pas que la tristesse à prendre en considération, mais aussi la solitude, comme sentiment d'être entendu...
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