#Santé publique

113 millions de produits pharmaceutiques illicites ou contrefaits saisis en 10 jours en Afrique

Les médicaments contrefaits, qui contiennent soit un mauvais dosage du principe actif, soit des impuretés ou tout simplement ne contiennent pas ce principe actif, sont une menace pour la santé publique. Ils font l’objet d’un trafic extrêmement lucratif et sont désormais accessibles dans le monde entier, que ce soit en vente directe (dans les rues, sur les marchés, etc.) ou par le biais de sites internet frauduleux.

En Afrique, ce sont des millions, voire des milliards, de faux médicaments qui entravent l’efficacité des prises en charge thérapeutiques, en particulier des infections (tuberculose, paludisme, sida, etc.).

L’Opération Biyela 2, menée dans 14 pays africains par l’Institut International de recherche anti-contrefaçon de médicaments (IRACM) et l’Organisation mondiale des douanes (OMD), a permis de mettre à nouveau en évidence l’ampleur de plus en plus inquiétante de ce phénomène : 113 millions de médicaments ont été interceptés entre le 26 mai et le 4 juin 2014.
24 septembre 2014 Image d'une montre4 minutes icon Ajouter un commentaire
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Saisie de médicaments lors de l'Opération Biyeala 2 (© IRACM OMD)

Saisie de médicaments lors de l'Opération Biyeala 2 (© IRACM OMD)


Des médicaments illicites et/ou contrefaits de première nécessité en provenance de Chine ou d'Inde
Les administrations douanières de 14 pays africains (Afrique du Sud, Angola, Bénin, Cameroun, République Démocratique du Congo, Côte d'Ivoire, Gabon, Ghana, Kenya, Mozambique, Namibie, Sénégal, Tanzanie et Togo) ont donc contrôlé soigneusement, pendant 10 jours, les conteneurs les plus susceptibles de recéler des médicaments contrefaits ou illicites. Dans les 15 ports maritimes ciblés, 290 conteneurs ont été contrôlés, 122 comportaient des produits pharmaceutiques illicites et/ou contrefaits.

113 millions de médicaments ont donc été interceptés, le plus souvent au Bénin, en Tanzanie et en RD Congo. La plupart de ces produits de santé illicites provenaient de Chine ou d'Inde, précisent l'OMD et l'IRACM.

Des produits de première nécessité, pour les humains… et les animaux
Les produits pharmaceutiques interceptés par les douanes étaient le plus souvent des antalgiques, des anti-inflammatoires et des antituberculeux. Viennent ensuite les antibiotiques, les médicaments destinés à améliorer la fonction érectile et les médicaments vétérinaires :
 
C'est la première fois que des produits vétérinaires illicites sont interceptés, soulignent l'OMD et l'IRACM : plus d'un million d'injectables à usage vétérinaire ont été saisis au Bénin, plus d'1 million de comprimés et d'ampoules au Mozambique et plus de 100 000 injectables au Togo.

Une aggravation constante et inquiétante du trafic de faux médicaments
En 3 ans, près de 756 millions de produits pharmaceutiques illicites et contrefaits ont été trouvés par l'OMD et l'IRCAM dans 352 conteneurs expédiés dans 24 pays africains. Cela représente une valeur totale de près de 400 millions de dollars.

Les douaniers notent une augmentation des cas, du volume des lots interceptés et un élargissement des gammes de produits contrefaits, "pouvant aller de l'antitussif aux antidiabétiques, en passant par les contraceptifs ou les antibiotiques". Ces données sont autant d'indicateurs d'une "progression continuelle" du trafic de faux médicaments : "nous avons à faire à des voyous, des mafieux, des trafiquants sans scrupules. Il est impératif que l'ensemble des autorités nationales et internationales en prennent enfin conscience et se mobilisent pour protéger la vie des patients", déclare Bernard Leroy, directeur de l'IRACM.

Ce dernier explique cette progression par le fait que les faux médicaments représentent une manne pour les trafiquants : alors que 1000 dollars investis dans le trafic de drogue rapporte 20 000 dollars, la même somme investie dans le trafic de faux médicaments peut rapporter entre 200 000 et 500 000 dollars…

Une menace qui concerne le monde entier et nécessite une mobilisation renforcée
Les pays ayant les systèmes de santé et judiciaires les moins bien organisés sont les premières cibles des trafiquants, ce qui fait de l'Afrique une cible privilégiée. Mais de nombreux autres pays sont touchés, surtout depuis qu'internet a permis de faire exploser et d'internationaliser la vente par correspondance.

Dans la vidéo ci-dessous, Bernard Leroy rappelle que les 3 types de traitements les plus contrefaits dans le monde sont les traitements contre le paludisme, la tuberculose et le VIH/SIDA. Il souligne également qu'il est "urgent d'informer la population sur les dangers d'acheter ces médicaments", donne des exemples de saisies "monstres", en Afrique, mais aussi en Chine et aux Etats-Unis et appelle à la mobilisation internationale en urgence :
 

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De multiples actions de sensibilisation
Dans cette optique d'information du grand public, l'IRACM a noué un partenariat avec "Fight The Fakes", campagne de sensibilisation lancée en 2013. Voici leur dernier clip de sensibilisation aux dangers des faux médicaments :
 

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Cette campagne vient grossir le nombre d'actions de sensibilisation. Souvenez-vous, par exemple, de l'"Appel de Cotonou", lancé en 2009 par Jacques Chirac et la Fondation qui porte son nom. L'ancien président de la République, dans un discours prononcé dans la capitale du Bénin, s'était indigné contre "les faux médicaments qui ne se contentent pas de tromper l'espérance des patients, mais sont souvent aussi des poisons qui tuent ou handicapent" et avait appelé au renforcement de la sensibilisation et de la lutte internationale contre ces produits.
 
Les industriels du médicament tentent également régulièrement de sensibiliser les Français aux dangers des médicaments contrefaits, comme par exemple Sanofi (vidéo) ou Pfizer (vidéo), en 2013.

En France, les médicaments contrefaits sont accessibles principalement par internet (le circuit du médicament, tant au niveau de la fabrication, de la distribution et de la délivrance, est très réglementé dans notre pays). Or 50 % des médicaments vendus en ligne sur des "sites douteux" (et non sur les sites autorisés des pharmacies physiques) seraient contrefaits, toujours selon Bernard Leroy.  

Les autorités des différents pays parviendront-elles enfin à mieux se coordonner et agir pour endiguer ce trafic transnational qui enfle et menace la santé des populations, en particulier celle des plus pauvres ?  
 
En savoir plus :
Opération Biyela 2 : interception record de produits pharmaceutiques illicites et/ou contrefaits menaçant la santé et la sécurité des patients, communiqué de presse de l'IRACM et de l'OMD, 22 septembre 2014
Le site de "Fight the fakes"
Appel de Cotonou contre les faux médicaments, discours de Jacques Chirac, Fondation Chirac, octobre 2009
Le site de la Fondation Chirac
Sources

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