Dispensation d'antibiotiques à l'unité : les textes officiels sont parus, l'expérimentation peut commencer

Voulue par la ministre de la santé Marisol Touraine et prévue par la Loi de financement de la Sécurité sociale pour 2014, l'expérimentation de la délivrance des antibiotiques à l'unité vise à renforcer la maîtrise de la consommation de médicaments en remettant au patient muni d'une ordonnance le nombre exact d'unités nécessaires à la durée du traitement.

Le décret organisant cet essai a été publié au Journal officiel du 16 septembre 2014 (entrée en vigueur le 17 septembre 2014), ainsi que la liste des 14 antibiotiques concernés.
Quatre régions ont été retenues pour mener cette expérimentation :

• le Limousin,
• la région PACA,
• la Lorraine,
• et l'Île de France.

Le recrutement a été réalisé par les ARS (Agences régionales de santé) concernées.
Selon le ministère de la santé, 100 pharmacies se sont portées volontaires pour participer à cette expérience inédite en France. 

Les antibiotiques délivrés à l'unité
Quatorze substances antibiotiques présentées sous forme orale sèche (comprimé, gélule, poudre pour solution ou suspension buvable en sachet-dose) entrent dans le cadre de cette expérimentation :

• amoxicilline-acide clavulanique,
• céfixime,
• cefpodoxime,
• céfotiam,
• ciprofloxacine,
• lévofloxacine,
• ofloxacine,
• loméfloxacine,
• péfloxacine,
• moxifloxacine,
• norfloxacine,
• enoxacine,
• fluméquine,
• thiamphénicol.

Que prévoit le décret ?
Le décret du 15 septembre détaille les modalités de dispensation à l'unité :

• consentement des patients : les pharmaciens doivent recueillir par écrit le consentement exprès et éclairé des patients participant ;
• information du patient : le pharmacien remet avec les unités déconditionnées la notice d'information présente initialement dans la boîte du médicament ;
• remise du médicament au patient : les unités déconditionnées doivent être remises au patient dans un nouveau conditionnement sur lequel sont indiqués le nom et prénom du patient, le nom, le dosage et la forme pharmaceutique de la spécialité, la posologie, les recommandations d'utilisation, le numéro d'enregistrement à l'ordonnancier, la durée de traitement, la date limite d'utilisation, les coordonnées de la pharmacie d'officine.

Le pharmacien détermine le prix de vente en fonction du nombre d'unités délivrées, sur la base du prix de vente de la spécialité.
La franchise médicale (50 centimes d'euros par boîte) s'applique à chaque délivrance dans le cadre de l'expérimentation, quel que soit le nombre d'unités délivrées.

Le décret précise également le montant de la rémunération qui sera versée à chaque officine participant à cette expérimentation.

Une expérimentation qui sera évaluée
Plusieurs indicateurs ont été retenus afin de permettre une évaluation de l'expérimentation à l'unité des antibiotiques :

• l'impact sur l'activité des pharmacies ;
• l'acceptabilité par les pharmaciens et par les patients ;
• la modification des volumes d'antibiotiques dispensés ;
• les économies générées, en tenant compte des surcoûts liés à la rémunération des pharmaciens ;
• la diminution du volume d'antibiotiques consommés ;
• la diminution de la quantité d'antibiotiques stockée dans les foyers ;
• les changements de comportement vis-à-vis de la consommation d'antibiotiques.

Les premiers résultats, notamment ceux concernant l'impact médico-économique de cette mesure, sont attendus dans un an.

Transformer l'essai
Lorsque, en 2013, Marisol Touraine avait annoncé son intention d'expérimenter la dispensation à l'unité en officine, sa déclaration avait provoqué une levée de bouclier au sein d'une partie des professionnels de santé. Aujourd'hui encore, malgré sa mise en oeuvre effective, certains pharmaciens restent hostiles à cette tentative, dénonçant un surplus de travail quotidien pour un résultat médiocre voire contraire à celui attendu.

Pourtant, l'objectif affiché par le ministère de la santé est double :

• d'une part, la dispensation à l'unité apparaît comme un moyen de limiter le gaspillage des médicaments ;
• d'autre part, cette dispensation individualisée constituerait un levier supplémentaire pour améliorer le bon usage des antibiotiques et éviter des comportements inappropriés d'automédication. 

Cette première étape d'expérimentation est donc un test essentiel avant une potentielle généralisation de ce dispositif à toutes les pharmacies françaises. 

Pour aller plus loin
Décret du 15 septembre 2014 relatif à l'expérimentation de la délivrance à l'unité de médicaments appartenant à la classe des antibiotiques (Journal officiel du 16 septembre 2014)
Arrêté du 15 septembre 2014 fixant la liste des médicaments appartenant à la classe des antibiotiques et faisant l'objet de l'expérimentation de la délivrance à l'unité par les officines de pharmacie (Journal officiel du 16 septembre 2014)