#Santé publique

Utilisation de drogues injectables et prévention des risques : les résultats encourageants de l'étude AERLI

Le risque de transmission d'infections chez les personnes qui se utilisent des drogues intraveineuses est élevé (échanges de seringue, non respect des conditions d'asepsie...). Réduire ce risque est donc devenu un enjeu de santé publique important.

Une piste intéressante a été évaluée par l'étude AERLI : utiliser des "pairs" pour accompagner des consommateurs de drogues lors de sessions individuelles d'éducation sur les pratiques à risque liées à l'injection.

Devant ces résultats largement positifs, l'association AIDES appelle à un déploiement rapide de l'accompagnement "communautaire".
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Accompagnement individualisé (illustration).

Accompagnement individualisé (illustration).

L'étude Accompagnement et Education aux Risques Liés à l'Injection (AERLI)
Le projet de recherche ANRS-AERLI a été réalisé en commun par l'Agence Nationale de Recherche sur le Sida et les hépatites virales (ANRS), l'association AIDES, Médecins du Monde et l'Inserm. L'objectif de l'étude était de mesurer les effets d'un accompagnement éducatif sur les prises de risques infectieux (VIH, hépatite C) des personnes utilisatrices de drogues intra-veineuses. Ces utilisateurs ont été recrutés dans des Centres d'Accueil et d'Accompagnement à la Réduction de risques pour Usagers de Drogues (CAARUD) qui regroupent les divers dispositifs implantés dans les différents départements français.

Ainsi, 240 utilisateurs de drogues injectables ont été recrutés pour les besoins de l'étude :
- 113 personnes ont été accompagnées et suivies dans 8 centres au cours de 288 sessions individuelles. Les sessions d'accompagnement étaient réalisées, selon un protocole standardisé, par des "pairs" formés (eux-mêmes consommateurs), dont les interventions pédagogiques étaient individualisées à la pratique et interrogations de chaque consommateur.
- 127 autres personnes, de comportement, âge et sexe comparables, ont été recrutées dans 9 autres centres en tant que groupe témoin.

Tous les participants ont été interviewés, au début de leur participation puis 6 et 12 mois plus tard,  sur leurs pratiques d'injection et sur leurs éventuelles complications (abcès, infections, etc.) aux points d'injections.

Moins de prises de risques et de complications après les sessions d'éducation par des pairs
Les données recueillies montreraient un bénéfice significatif des sessions d'éducation par des pairs : les auteurs de l'étude ont constaté, chez les consommateurs ayant bénéficié de sessions individualisées, une diminution de 43 % en 6 mois des pratiques à risque de contamination et de transmission du VIH et virus de l'hépatite C, ainsi qu'une baisse de 41 % en 12 mois des complications observées au niveau des points d'injection.

Les résultats de cette étude ont été présentés, en anglais, par Marie Suzan-Monti (Inserm) lors de la 20ème Conférence internationale sur le sida organisée par l'International Aids Society à Melbourne (Australie) : 
 

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Devant ces bénéfices nets, plusieurs appels en faveur d'une généralisation "sans délai"
Patrizia Carrieri, de l'Inserm U912 de Marseille et co-auteur de l'étude, indique qu'"en comparaison avec le groupe témoin, nous observons un effet majeur de l'éducation par les pairs sur les pratiques à risque de transmission infectieuse. C'est d'autant plus intéressant qu'une grande partie de ces injecteurs de drogues reste en marge du système de soins".

En outre, de tels accompagnements seraient faciles à mettre en place aux seins des structures existantes et sembleraient peu coûteuses.

Le Pr Jean-François Delfraissy, directeur de l'ANRS,souhaiterait une amplification de ces interventions : "compte tenu des bénéfices observés, il est désormais envisageable d'implanter à plus grande échelle l'intervention communautaire et ainsi de renforcer la réduction des risques parmi les usagers de drogues".

Un souhait également partagé par AIDES, qui appelle à une "généralisation  sans délais sur l'ensemble du territoire" :  "nous ne pouvons nous permettre d'attendre encore 5 ans pour rendre accessible ce dispositif aux usagers qui en ont le plus besoin. On estime aujourd'hui que plus des deux tiers des usagers de drogues par injection sont porteurs de l'hépatite C, dont une grande partie l'ignore. Le temps n'est pas à la tergiversation ou aux considérations idéologiques. Nous sommes dans un contexte d'urgence sanitaire, il faut agir, et agir vite" explique Bruno Spire, président de AIDES.

Le déploiement de l'éducation aux risques liés à l'injection nécessite la "mise en place rapide d'un cadre réglementaire", souligne AIDES, qui rappelle à quel point le choix politique fort en faveur du déploiement d'un programme d'échanges de seringues a permis de limiter l'expansion de l'infection par le VIH.

En pratique, l'accompagnement par des pairs pourrait être inscrit dans la loi comme étant une des missions de base des CAARUD. Cet accompagnement pourrait également faire partie des services des  salles d'injection à moindre risques (souvent appelées "salles de shoot"), dont la création, du moins l'expérimentation, est prévue par la future loi de santé.

En savoir plus :
Usagers de drogues : Une nouvelle stratégie pour réduire les risques infectieux, ANRS,juillet 2014
Accompagnement à l'injection : Les résultats sont là, l'urgence sanitaire aussi. Pourquoi attendre ?, AIDES, juillet 2014
Innovative peer-to-peer educational intervention to reduce HIV and other blood-borne infection risks in difficult-to-reach people who inject drugs: results from the ANRS AERLI study, résultats présentés par Marie Suzan-Monti (France), juillet 2014
Présentation et indexation des CAARUD sur le site drogues-info-service.fr
Sources

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